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Protoxyde d'azote : une proposition de loi présentée ce mercredi au Sénat pour protéger les jeunes du gaz hilarant

Le protoxyde d'azote se vend sous forme de cartouches de siphon à chantilly. Le protoxyde d'azote se vend sous forme de cartouches de siphon à chantilly. [Capture d'écran Dailymotion CNEWS].

Utilisé en cuisine pour réaliser crèmes chantilly et autres mousses, le protoxyde d'azote est de plus en plus détourné par les jeunes de son usage d'origine pour ses effets euphorisants. Mais cette utilisation peut avoir des conséquences dramatiques sur la santé et c'est pourquoi les sénateurs ont décidé d'agir.

Une proposition de loi, portée par la sénatrice centriste Valérie Létard ainsi que sept autres sénateurs du Nord, département particulièrement touché par cette pratique, est ainsi à l'ordre du jour de la chambre haute, ce mercredi 11 décembre.

Preuve que le sujet préoccupe et fait consensus, le texte a même été cosigné par une centaine d'élus de tous bords.

Des effets loins d'être drôles

Le protoxyde d'azote, appelé parfois simplement «proto», se vend sous forme de cartouches de siphon à chantilly. De fait, il est très facilement accessible dans le commerce.

Ce gaz est aussi utilisé en milieu hospitalier pour ses propriétés anesthésiques et anti-douleur, où il est connu sous le nom de gaz hilarant.

Mais l'inhalation incontrôlée de protoxyde d'azote, si elle provoque des fous rires, expose les utilisateurs à des risques majeurs : immédiats d'abord, comme une asphyxie par manque d'oxygène, des pertes de connaissance, des brûlures par le froid ou des vertiges.

Mais aussi des dommages irréversibles en cas de consommation régulière et/ou à forte dose comme une atteinte de la moelle épinière, une carence en vitamine B12, et, surtout des troubles psychiques.

Il y a quinze jours, les autorités sanitaires françaises se sont même alarmées d'une «augmentation des cas de troubles neurologiques graves» liés à un usage «récréatif» du gaz hilarant.

Depuis le début de l'année, «25 signalements d'effets sanitaires sévères» ont été enregistrés, dont 10 cas «graves avec des séquelles pour certains», comme des paralysies des membres à des degrés divers. Huit de ces cas graves ont été recensés dans les Hauts-de-France.

Le texte veut interdire la vente du gaz hilarant aux mineurs, y compris sur Internet

«Il faut en finir avec la notion de gaz hilarant, car ses effets sur la santé n'ont pas de quoi faire rire», souligne ainsi dans ce contexte la rapporteure du texte, Jocelyne Guidez (centriste).

La mesure phare est l'interdiction de la vente de ce gaz aux mineurs, y compris sur les sites de commerce en ligne. Les industriels auraient en outre l'obligation d'indiquer sur l'emballage la dangerosité du produit.

La proposition de loi adoptée en commission prévoit aussi de pénaliser l'incitation d'un mineur à faire un usage détourné d'un produit de consommation courante pour en obtenir des effets psychoactifs.

Aujourd'hui les cartouches sont vendues sans aucune restriction dans les grandes surfaces comme sur internet. Un site de vente en ligne propose sur la même page les accessoires ad hoc : ballons ou même une bouteille de gaz hilarant pour «un gonflement plus rapide des ballons» qui sont «offerts».

Une récupération commerciale pour le moins déplacée au regard des morts que le gaz a engendrés. Si en France, la presse s'est fait l'écho de quelques cas, de l'autre côté de la Manche, au Royaume-Uni, ce sont «plus de 30 décès qui ont été enregistrés depuis 2001», selon Valérie Létard.

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