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Stéphane Clerget, pédopsychiatre : «Chez les enfants, le confinement peut avoir des impacts psychologiques toxiques mais aussi positifs»

Les enfants ont besoin d'une attention particulière en cette période de confinement.[ROMAIN LAFABREGUE / AFP]

Des concessions et du partage. Alors que la France est entrée depuis mardi midi en confinement général, les enfants doivent également faire face à la restriction. Le pédopsychiatre Stéphane Clergert, auteur de nombreuses ouvrages sur la psychologie infantile, donne de précieux conseils aux parents pour faire face. Mais aussi sur les conséquences d'une situation sûrement amenée à durer.

Comment expliquer aux enfants cette situation de confinement ?

Ça leur a déjà été expliqué en classe. On peut reprendre l’explication avec des mots à hauteur d’enfant pour les plus jeunes. Que si chacun reste chez soi, le virus ne pourra plus circuler. Un peu comme les puces qui se déplacent sur les animaux, le virus saute d’une personne à l’autre via les postillons ou le toucher. Que cette mesure permet de protéger les plus fragiles. A savoir les personnes âgées.

Avec les adolescents, on peut donner les explications qui sont communiquées par exemple dans les journaux ou aux actualités.

«ON EST QUAND MÊME DANS UNE SOCIÉTÉ OÙ LES ENFANTS NE VOIENT PAS BEAUCOUP LES PARENTS»

Comment peut-on gérer leur ennui ?

Le risque est de multiplier les activités numériques. Autant que possible, il faut gérer les temps d’éducation. Comme s’il se rendait à l’école, on réveille l’enfant à la même heure. Avec le temps de trajet en moins évidemment mais on fait démarrer le travail pédagogique, que ce soit des cours en ligne ou des devoirs fournis par internet. En l’installant derrière son bureau et en le faisant travailler en respectant les heures de récréation du matin, de l’après-midi et du midi. On respecte donc bien les temps scolaires et les temps de loisir. Il faut donc accepter qu’il s’agite un peu dans la maison. Donc faire un peu d’activité physique. Soit ils le font de manière autonome, soit on le fait avec eux. Tant pis pour les voisins si les enfants sautent dans l’appartement. Qu’ils sautent à la corde, fasse des exercices de gymnastique.

Il faut aussi utiliser le temps numérique, mais pour ceux qui ont déjà les écrans pour travailler il ne faut pas non plus consacrer trop de temps aux jeux vidéo ou à la télévision. C’est évidemment plus pratique car l’on n’est plus tranquille, mais ça va finir par fatiguer leurs yeux.

On favorise les jeux de société, les activités créatrices, mais aussi on investit l’enfant dans les activités ménagères. On le fait participer à la cuisine, la mise de la table, à mettre le linge sale dans la machine à laver. On peut aussi les associer à notre activité comme le bricolage ou autres.

Quel impact peut avoir le confinement sur le long terme ?

Il y a évidemment des impacts psychologiques toxiques, mais aussi d'autres positifs. Car ça permet aux enfants de profiter de leurs parents. Quand ces derniers sont à la maison, que ce soit en télétravail ou parce qu’ils doivent rester pour garder leur progéniture, et bien les enfants profitent d'eux. On est quand même dans une société où les enfants ne voient pas beaucoup les parents. Donc c’est l’occasion de passer du temps avec eux et d’associer les parents au travail scolaire. Il y a des enfants qui vont plus agréablement s’investir dans le solaire avec les parents. Il y a aussi davantage de temps d’échange avec les parents et ça c’est positif.

Le côté négatif c’est le manque d’activité physique et de contact social avec les autres enfants. Et puis ce sont les risques de conflits, d’agressivité au sein de la famille, surtout pour ceux qui vivent dans des espaces restreints. Il peut y avoir de la fatigue morale pour les parents. Il faut bien organiser les espaces et que chacun prenne sur soi. Être vigilant sur les rangements. Que chacun ne laisse pas traîner toutes ses affaires. Et puis il y a le temps de sortie autorisé comme les courses ou aller chez le médecin. Ça permet aussi un temps d’aération.

Le docteur Stéphane Clerget est auteur de plusieurs ouvrages dont Soigner les enfants hyperactifs sans médicaments, sorti le 13 mars dernier chez les éditions Fayard. 

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