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Coronavirus : comment le système de santé en région parisienne s'adapte

L'AP-HP tente d'augmenter ses moyens matériels, mais peine sur le plan humain. [© JOEL SAGET / AFP]

En région parisienne, la plus touchée du pays avec 7.600 cas de coronavirus au mercredi 25 mars, les hôpitaux sont désormais sur le point d'être submergés par la «vague» de malades.

Alors que le pic de l'épidémie en Ile-de-France est attendu autour du 1er avril, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) cherche par tous les moyens à augmenter ses capacités d'accueil pour les personnes atteintes du Covid-19, en particulier les plus gravement malades.

Après avoir vidé les 35 établissements de l'AP-HP des patients les moins gravement touchés et annulé les opérations non-urgentes, le nombre de lits de réanimation a en effet été doublé ces derniers jours, passant de 500 en temps normal à environ 1.300.

Mais près de la moitié de ces lits sont déjà occupés, avec 1.000 patients en réanimation mercredi 25 mars. Un chiffre en rapide augmentation, puisqu'ils n'étaient que 700 dimanche 22 mars et 600 samedi 21 mars.

Retarder le «scénario à l'italienne»

Le directeur général, Martin Hirsch, compte donc poursuivre ces efforts : «nous nous préparons pour, dans quelques jours, pouvoir encore augmenter ce nombre de lits disponibles», a-t-il souligné dimanche 22 mars.

Le but des autorités de santé franciliennes : essayer de retarder le plus longtemps possible le «scénario à l'italienne», c'est-à-dire le moment où les services de réanimation des hôpitaux seront submergés et contraints de «faire des choix» entre les patients à soigner.

«Nous ne sommes pas à saturation, et continuons à essayer de faire en sorte que nous soyons plus rapides pour ouvrir des places que le virus, qui pourtant est redoutablement rapide», a tenu à rassurer Martin Hirsch dimanche 22 mars.

Des soignants déjà très usés

Mais le matériel n'est rien sans les soignants, qui sont déjà largement épuisés par le début de la crise et surtout les dernières années de réduction des moyens et des effectifs. «A partir de 1.000 lits mobilisés, on entre dans une phase où la situation des ressources humaines devient très tendue», regrette Aurélien Rousseau, le directeur général de l’agence régionale de santé (ARS).

Sans compter ceux qui contractent eux-mêmes le virus : 628 personnes ont déjà été contaminées au mercredi 25 mars (contre 490 le dimanche 22 mars) et 4 sont en réanimation, sur les 12.000 médecins et 52.000 soignants œuvrant au total à l'AP-HP.

Alors face au manque de bras dans les hôpitaux, il faut ratisser très large. Mardi 24 mars, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a indiqué que 9.000 élèves infirmiers d’Ile de France allaient être mobilisés (et payés «environ 1.400 euros par mois») pour travailler dans les hôpitaux de l'AP-HP et de la région.

Craignant l'épuisement de ses équipes, Martin Hirsch a d'abord lancé un appel à la mobilisation générale de «tout ceux qui ont un diplôme de soin» lundi 23 mars. Il est ensuite passé à l'étape suivante mercredi 25 mars, en réclamant la réquisition des soignants. «On est à moment de charnière», celui où toutes les actions «comptent pour ne pas de casser la gueule», a-t-il souligné.

Pour permettre à «toute personne travaillant ou ayant travaillé dans le domaine de la santé» de se porter volontaire, l'AP-HP a donc ouvert un numéro vert (0 805 280 270) tandis que l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France a lancé le site internet www.renforts-covid.fr.

Pour mieux protéger les soignants avant une «semaine, peut-être même 15 jours très difficiles», Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, a annoncé lundi 23 mars la commande de 20 millions de masques. Parmi eux, 5 millions arriveront «en milieu de semaine», a-t-elle assuré, pour «doubler le nombre de masques qui sont donnés aux personnels soignants dans les hôpitaux, aux libéraux, mais aussi dans les Ehpad, les associations humanitaires».

Idem pour la mairie de Paris, qui indique ce mercredi 25 mars qu'elle va fournir 1,5 million de masques FFP2 à l'AP-HP et 2 millions aux structures accueillant des publics fragiles, après un premier don d’un million de masques pour l’hôpital la semaine précédente.

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