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Coronavirus : D’où vient la renommée des si demandés médecins cubains ?

Les médecins cubains sont répartis dans plus de 60 pays. [YAMIL LAGE / AFP]

Malgré son isolement sur la scène internationale, en grande partie à cause des sanctions imposées par les États-Unis, Cuba obtient sa principale source de revenus de ses médecins. En pleine pandémie, cette «armée de blouses blanches» initiée par Fidel Castro est sollicitée partout à travers le monde.

Selon le ministère de la Santé cubaine, cette armée médicale compte plus de 76.000 médecins, 15.000 dentistes et 89.000 infirmières. Quant à la faculté de médecine de Cuba, elle accueille des étudiants du monde entier. Ils seraient des dizaines de milliers en provenance de pays latino-américains, africains et asiatiques à venir se former sur le sol cubain a rapporté France Culture.

Une tradition médicale qui remonte aux années 60

L’exportation de services médicaux est une tradition cubaine depuis les années 1960. Devant le tourisme, elle est l’un des moteurs économiques de l’île.

En 1963, la première «brigade médicale cubaine en mission internationale» a été envoyée en Algérie. Très vite, le régime de Fidel Castro a appuyé ses alliés avec des soins médicaux ou de l’aide militaire. Les principes mis en avant par le régime castriste était ceux de la solidarité, de l’humanisme et du socialisme. 

Où Cuba apporte son aide ?

Des milliers de médecins cubains sont répartis dans plus de 60 pays. En 2014, lors de l’épidémie Ebola, l’île en a aidé 37. Ses médecins ont également combattu le choléra à Haïti, après le tremblement de terre.

Suite à la politique hostile de Donald Trump avec Cuba, des pays ont décidé de renvoyer les médecins à la Havane, dont la Bolivie, l'Equateur, le Salvador ou encore le Brésil.

Ce qui n’a pas empêché de nombreux pays, en difficulté avec la propagation fulgurante du nouveau coronavirus, de faire appel à la Havane. Samedi dernier, Cuba a envoyé 39 médecins et infirmiers vers la principauté d'Andorre, deuxième pays européen auquel l'île apporte son renfort après l’Italie. Les services médicaux cubains sont aussi présents dans 11 pays d'Amérique latine et des Caraïbes, dont le Venezuela, le Nicaragua et Haïti.

Avec le groupe envoyé à Andorre, Cuba a envoyé ces dix derniers jours 508 médecins et infirmiers dans d'autres pays pour aider à lutter contre le coronavirus. Des brigades médicales se trouvent également à Grenade, au Surinam, en Jamaïque et à Belize.

La France a également eu recours à l’aide médicale cubaine. Du personnel soignant a été envoyé en Guyane, un département en difficulté.

Une source de revenus pour Cuba…

Poumon de l’économie de l’île, l’aide médicale apportée par Cuba aurait rapporté aux alentours de 6,3 milliards de dollars en 2018.

Toutefois, les sanctions des Etats-Unis et de ses partenaires ont mis un coup aux finances. Surtout dans un secteur qui rapportait en moyenne entre 8 et 10 milliards de dollars par an à Cuba, devant les «remesas», les revenus envoyés par les cubains de l’étranger.

Avant de partir de l’île pour travailler, le personnel soignant doit lui s’engager pour mener une mission de trois ans, non accompagné par sa famille. S’il enfreint les règles exposées, il encourt une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.

… et un levier diplomatique

Si certains pays comme la Bolivie ou le Brésil ont arrêté leur collaboration, Cuba avait par exemple un accord avec le Venezuela. L’envoi de médecins contre du pétrole. Un accord rendu caduc par la crise traversée par Caracas.

En venant en aide aux pays comme la France ou encore l’Italie, La Havane espère également renforcer ses liens avec ces pays à l'avenir. Entre l’embargo américain et les multiples sanctions prises à son encontre, les finances cubaines sont étouffées depuis des décennies. Nouer des liens sur chaque continent peut avoir un retour diplomatique aussi important que le côté financier.

LES PLAINTES D'ONG ET DES ETATS-UNIS

Une association de défense de la démocratie basée à Madrid, Prisoners Defenders, parle de «milliers de Cubains forcés de participer aux missions au bénéfice du gouvernement cubain». Et l’ONG a ajouté «que beaucoup de médecins ont déserté». 

Pour ceux qui rentrent à Cuba, un bon nombre se voient retirer leur passeport pour «détention d’information secrète» et généralement, le régime cubain confisque une partie du salaire des médecins. Pour autant, la majorité des professionnels préfère quand même se plier à ces règles, au vu des contraintes et des conditions de vie à Cuba qui s’aggravent

A l'opposé des accusations du gouvernement américain, Cuba assure verser à ces professionnels une somme couvrant leurs besoins dans leur pays d'accueil, en plus de leur salaire toujours payé sur l'île (environ 50 dollars par mois), et destiner les fonds de ce programme à garantir à ses habitants la santé et l'éducation gratuites.

Sur son île, Cuba a pour le moment compté 119 cas de Covid-19, dont trois décès. L’île a instauré le confinement depuis le 24 mars et les touristes sont mis en quarantaine.

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