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Les catholiques face à l'épidémie : une solidarité 2.0

De nombreuses messes sont désormais retransmises en direct, pour faire face aux mesures de confinement. [Handout / VATICAN MEDIA / AFP]

Le confinement contraint tout un chacun à limiter ses déplacements, ses contacts avec les autres, sa vie sociale. Une épreuve pour la communauté catholique, qui se voit désormais privée de messe et de cérémonie en ce dimanche des Rameaux, une semaine avant Pâques. Paradoxalement, les liens entre les croyants n’ont peut-être jamais été aussi forts, et tous s’organisent et se mobilisent pour maintenir la vie de leurs paroisses, et leurs cheminements spirituels.

Confinement oblige, Constance ne peut plus se rendre à la messe comme elle a l’habitude de le faire au moins une fois par semaine. Depuis le 16 mars, sur décision de la Conférence des Évêques de France, ni messe, ni baptême, ni mariage ne seront célébrés, et ce jusqu'à nouvel ordre. Pour elle, qui a l’habitude des interactions sociales permanentes, étant CPE dans un établissement scolaire à Poitiers, et très investie au sein de sa communauté religieuse, le confinement est un véritable bouleversement. «C’est une atmosphère très anxiogène pour tout le monde. Pourtant je vis cette période avec une joie et une espérance profonde.»

Comme pour beaucoup de catholiques, elle a trouvé refuge dans la prière, et d’autant plus en cette période de Carême. La jeune femme a même décidé d’organiser toute sa journée en fonction de ses temps de recueillement. «Je fais un long temps de prière le matin en me levant. À midi je suis la messe en direct du diocèse de Toulon. Quand je le peux, je me joins au chapelet en direct à Lourdes à 15h30, et je finis généralement ma journée de travail par un long temps de prière personnelle».

Ses rendez-vous téléphoniques ou par visioconférence viennent s’intercaler entre ces divers rendez-vous spirituels. Constance s'investit pleinement dans la prière, seule ou en communion à distance avec ses proches.

Des messes en direct

Dès l’évocation des premières mesures de distanciation sociale, les différentes paroisses ont réfléchi à des moyens pour continuer de faire vivre la communauté à distance, et les réseaux sociaux ont rapidement tiré leur épingle du jeu. Retransmission de messes en direct sur YouTube, Facebook, création de groupe What’sApp dans les paroisses, newsletters… 

Antonella De Ramel, coordinatrice du catéchisme à la paroisse Saint-Augustin dans le 8e arrondissement de Paris, est très impressionnée par la réactivité de la communauté chrétienne : «je suis surprise par le dynamisme des prêtres, qui pour certains, même assez âgés, ont bousculé leurs habitudes et se sont tout de suite mis sur les réseaux. Ils ont pulvérisé cette image “plan-plan” de l’Église», explique-t-elle. La création de ces multiples contenus sur le web lui permet aussi de continuer son travail auprès des jeunes inscrits au catéchisme, qui pour certains, préparent leur Première communion. Elle leur envoie régulièrement des vidéos ou des prières pour maintenir ce lien communautaire.

«UN BESOIN TRÈS FORT DE VIVRE TOUS ENSEMBLE»

Assurer la continuité des activités de l’Église, tout en s’adaptant dans l’urgence au confinement et aux diverses mesures sanitaires est un véritable défi, relevé par l’équipe de l’émission catholique Le Jour du Seigneur, diffusée le dimanche matin sur France 2. Pour le Frère Thierry Hubert, producteur de l’émission, il y a «un besoin très fort de vivre tous ensemble en communion une même célébration. Pour traverser cette tourmente, on a besoin de points fixes».

Impossible donc de ne pas proposer de messe. L’équipe a donc du s’adapter à ce contexte particulier, en enregistrant la messe depuis les studios, en comité réduit. Un véritable succès, puisque l’émission du 22 mars a été suivie par 1,7 million de téléspectateurs, un score trois fois plus élevé par rapport aux audiences moyennes. «Il y a comme une proximité avec le téléspectateur, dont le salon devient tout d’un coup un lieu de prière, comme si on venait célébrer la messe chez eux», continue Frère Thierry. Le Jour du Seigneur a par ailleurs lancé cette semaine une «chapelle virtuelle», dans laquelle chacun peut venir y déposer une bougie virtuelle avec une prière. Plus d'une centaine de messages ont déjà été mis en ligne.

Pâques en période de confinement

Ces moments de communion et de partage se multiplient partout en France et dans le monde. La Conférence des évêques de France avait appelé il y a quelques jours à faire sonner les cloches de toutes les églises du pays, en signe de «fraternité et d’espoir», et ont demandé aux Français de placer une bougie à leur fenêtre en signe «d’espérance» à l’occasion de la fête de l’Annonciation.

Le Président de la République Emmanuel Macron s'est entretenu avec les représentants des différents cultes à propos des différentes célébrations d'avril. Il a décrété qu'elles devraient se passer «sans rassemblement» en raison du coronavirus.

Le Vatican a par ailleurs publié un décret concernant les célébrations pascales, compromises par les mesures de confinement : «dans les pays touchés par la maladie, où il existe des restrictions sur les rassemblements et les déplacements des personnes, les évêques et les prêtres doivent célébrer les rites de la Semaine Sainte sans la participation de la population et dans un lieu approprié, en évitant la concélébration et en omettant l'échange de la paix.» Une décision difficile pour les catholiques, la fête de Pâques étant l’une des plus importantes du calendrier chrétien.

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