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Perte de la majorité absolue à l'Assemblée : quelles conséquences pour LREM ?

La scission risque de gêner la mise en place de la politique d'Emmanuel Macron. [© Ludovic MARIN / POOL / AFP]

Avec le départ de sept marcheurs pour former un nouveau groupe mardi 19 mai, le parti présidentiel perd la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Un changement qui pourrait avoir des conséquences lourdes sur la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Le groupe des Marcheurs était pourtant fort de 314 députés au lendemain des législatives victorieuses de juin 2017. Mais au fil des exclusions et des sorties, il ne compte plus désormais que 288 membres, juste sous la barre fatidique (289 sièges) de la majorité absolue, qui permet de voter des lois sans avoir besoin de soutien. Un coup dur en pleine crise du coronavirus, à l'heure où la relance de l'économie est urgente.

«Cette fracture de LREM est vraiment grave, le président a perdu le contrôle de Matignon et maintenant du Parlement. Emmanuel Macron se Hollandise», commente le politologue Philippe Moreau-Chevrolet. Le président François Hollande avait en effet perdu sa majorité absolue en 2015, lui-aussi après trois ans à la tête du pays.

Le MoDem et François Bayrou en position de force

Et si les macronistes vont encore pouvoir compter à l'Assemblée sur leur allié du MoDem, qui dispose d'un groupe de 46 députés, ce soutien aura un prix. «Désormais, les votes vont dépendre de la bonne volonté du MoDem, qui commence déjà à montrer ses muscles, via son président François Bayrou», anticipe Philippe Moreau-Chevrolet.

Bien que proche de la première heure d'Emmanuel Macron, le maire de Pau, fort de sa longue expérience, n'hésite pas à faire entendre sa voix discordante. Rien que ce week-end, François Bayrou est monté à deux reprises au créneau contre le gouvernement : en demandant la réouverture des parcs et jardins à Paris, et en jugeant «inacceptable» la façon dont est attribuée la prime aux soignants.

Mais si cette fronde risque gripper la machine macroniste au Parlement, empêchant le président de gouverner, elle représente aussi un danger en termes de symbole politique. «Elle marque la fin de la fiction du nouveau monde et du dépassement du clivage gauche-droite», note Philippe Moreau Chevrolet.

Déjà émoussé par les conflits des gilets jaunes et de la réforme des retraites, le chef de l'Etat risque de sortir affaibli de l'épidémie du Covid-19. Sa gestion souffre en effet de la comparaison avec la communication sobre de son Premier ministre. Plus largement, cette crise semble consacrer le retour de «l'ancien monde», jugé plus efficace et rassurant : Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg...

«La classe politique va naturellement penser que l'élection présidentielle de 2022 sera difficile pour le président sortant. Cela laisse un espace pour qu'émergent des figures alternatives, des challengers». Et d'affuter les ambitions au moment où Emmanuel Macron semble avoir un genou à terre.

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