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Voici pourquoi l'ajout de pistes cyclables ne crée pas plus d'embouteillages

Cette intuition selon laquelle une route moins large créera davantage de bouchons pour un trafic donné correspond à la théorie du cours d'eau. [FRANCOIS GUILLOT / AFP]

«Si on réduit la taille de la route pour ajouter une piste cyclable, cela va entraîner un engorgement plus fréquent et donc des embouteillages» : cette idée, assez intuitive, est bien ancrée dans les esprits, à commencer par ceux qui s'opposent au développement d'infrastructures pour les vélos. Pourtant, ce postulat serait loin d'être vérifié.

Cette intuition selon laquelle une route moins large créera un surplus et donc davantage de bouchons pour un trafic donné correspond à la théorie du cours d'eau. Si la largeur d'une rivière est réduite pour une même quantité d'eau, le liquide va déborder et s'infiltrer tout autour du cours d'eau.  

La théorie du trafic induit 

Mais cette théorie est en partie contredite par celle du trafic induit, comme l'explique un article paru sur le site de la RTBF. En effet, selon cette hypothèse, la taille d'une artère agirait directement sur le trafic. On peut imaginer qu'une grande route sera plus attractive pour les automobilistes car moins susceptible d'être engorgée. 

Pour continuer dans la métaphore de l'eau, la taille de la voie de circulation pourrait donc avoir une influence sur le débit envoyé par le «robinet». Autrement dit, la création d'une nouvelle voie ou l'amélioration d'une infrastructure aurait un impact sur le trafic qui s'adapterait au changement.

Le trafic davantage comme un gaz qui remplit l'espace

Au même titre que l'élargissement d'une route va attirer de nouveaux automobilistes et créer ce qu'on appelle un appel d'air, l'effet inverse pourra se produire en cas de réduction d'une route pour créer une voie pour les vélos par exemple. En ce sens, le trafic pourrait donc être davantage comparé à un gaz qui va se répandre dans tout l'espace qui lui est donné, plutôt qu'à un liquide.

On peut ainsi parler d'un effet d'«évaporation» pour désigner les automobilistes qui empruntent d'autres voies. Même si, en réalité, le surplus de trafic ne disparaît pas vraiment mais va plutôt se reporter ailleurs.

Une partie de la mobilité pourra ainsi se reporter sur d'autres voies, voire sur d'autres moyens de transports, entraînant du même coup une fluidification du trafic routier. 

Les carrefours et les intersections en cause ? 

Si dans certains cas, la suppression d'une infrastructure routière ou son inaccessibilité pendant un temps, a été corrélée avec l'augmentation de l'usage des transports en commun et une apparente fluidification du trafic, tout n'est pas si simple.

Tout d'abord, une corrélation n'est pas forcément un lien causalité, ce qui signifie que d'autres paramètres peuvent entrer en jeu. Parmi ces paramètres, la problématique des différents croisements semblent jouer un rôle important dans l'étude du trafic routier des grandes villes. 

«Ce qui est important, c’est que le trafic soit fluide. Ce sont les ralentissements et les accélérations qui créent de l’embouteillage», rappelle Claire Pelgrims, une scientifique spécialisée dans les questions de la mobilité auprès de la RTBF.

Or les carrefours représentent des points d'engorgement importants et provoquent donc de forts ralentissements.

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