«J'aurais défendu Klaus Barbie, et même Hitler s'il me l'avait demandé». Ces quelques mots prononcés par Eric Dupond-Moretti, nommé Garde des sceaux du gouvernement Castex, en disent longs sur la détermination de celui que l'on surnomme l'«Acquittator». Du procès d'Outreau à celui de Patrick Balkany, l'avocat s'est illustré dans de nombreux procès tout aussi médiatiques les uns que les autres.
Le procès d'Outreau
C'est sans nul doute l'affaire qui à fait connaître Eric Dupond-Moretti au grand public. En 2004, il défend Roselyne Godard, surnommée «la boulangère», lors du premier procès d'Outreau.
Dans cette histoire d'abus sexuels sur mineurs, sa cliente était accusée de viols, notamment à cause de ses liens avec Myriam Badaoui, principale accusée dans cette affaire.
Les expertises psychologiques avaient finalement révélé que ses accusateurs l'avaient dénoncée sous la contrainte. Ainsi, Eric Dupond-Moretti avait obtenu l'acquittement.
L'assassinat du préfet Erignac
Condamné à 30 ans de réclusion criminelle en première instance, Jean Castela, soupçonné d'être le cerveau de l'assassinat du préfet Claude Erignac, a eu la bonne idée de faire confiance à Eric Dupond-Moretti pour sa défense. Là encore, le verdict annonçait son acquittement.
Mais cette affaire n'a été qu'une victoire en demi-teinte pour l'«Acquittator» puisqu'en juin 2011 il n'a pas réussi à convaincre la cour d'assises spéciale de Paris lors du troisième procès d'Yvan Colonna.
Malgré les efforts d'Eric Dupond-Moretti, le berger a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Le procès d'Abdelkader Merah
De son propre aveu, il s'agit là du «procès le plus difficile» de la carrière d'Eric Dupond-Moretti. Fin 2017, il a défendu le frère de Mohamed Merah, le «tueur au scooter» qui avait abattu sept personnes en mars 2012 à Toulouse.
En première instance, Abdelkader Merah a écopé de 20 ans de réclusion criminelle. La cour d'assises spéciale de Paris l'avait reconnu coupable d'association de malfaiteurs mais pas de complicité d'assassinats.
En 2019, lors d'un second procès, ce dernier chef d'accusation à cette fois-ci été retenu. Abdelkader Merah a vu sa peine s'alourdir à 30 ans de réclusion criminelle.
Un verdict que l'«Acquittator» a jugé «incompréhensible».
L'affaire Georges Tron
Il y aura un deuxième procès mais, en première instance, Eric Dupond-Moretti a assuré la défense de Georges Tron, ex-secrétaire d'Etat accusé de viols par deux anciennes collaboratrices.
Après quatre semaines de débats, en novembre 2018, l'avocat général avait requis six ans de prison contre Georges Tron ainsi que cinq ans d'inéligibilité et son inscription au fichier des délinquants sexuels.
Insistant sur la «logique de vengeance» des deux plaignantes, pour un licenciement et un changement de poste, l'actuel Garde des sceaux du gouvernement Castex a, une fois de plus, obtenu l'acquittement.
L'ex secrétaire d'Etat devait être rejugé en avril dernier mais son procès a été renvoyé à cause du coronavirus.
La défense de Patrick Balkany
Plus récemment, Eric Dupond-Moretti a surtout fait parlé de lui pour avoir assuré la défense de l'ancien maire de Levallois-Perret : Patrick Balkany.
Le 13 septembre, le maire LR de la commune cossue de l’ouest parisien avait été condamné à 4 ans de prison pour fraude fiscale et à 10 ans d’inéligibilité, sanctionné pour un «indéniable enracinement, sur une longue période, dans une délinquance fortement rémunératrice».
![L'ancien maire de Draveil Georges Tron (g) arrive avec son avocat Eric Dupond-Moretti, le 12 décembre 2017 au tribunal de Bobigny [JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives]](https://static.cnews.fr/sites/default/files/styles/image_200_112/public/6b69036353b5aa1e264a1411ac56a1add5d4874f.jpg?itok=mq71bpta "L'ancien maire de Draveil Georges Tron (g) arrive avec son avocat Eric Dupond-Moretti, le 12 décembre 2017 au tribunal de Bobigny [JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives]")
Il s'agissait là du premier volet des accusations qui pesaient sur le couple Balkany, également condamné par la suite pour «blanchiment aggravé de fraude fiscale».
L'actuel Garde des sceaux n'assurera pas la défense de l'ancien maire de Levallois-Perret lors des procès en appel. Patrick Balkany a choisi un autre avocat, Romain Dieudonné, pour des «raisons financières».