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Mathématiques : le niveau des élèves en chute libre

La baisse est particulièrement accentuée chez les élèves les plus défavorisés. [Photo d'illustration / GERARD JULIEN / AFP].

Des chiffres à la peine. Le niveau des écoliers de CM2 en mathématiques a fortement baissé entre 2014 et 2019, à en croire une importante étude parue mercredi 30 septembre. Une déconvenue d'autant plus grande que les performances des élèves étaient au contraire restées stables entre 2008 et 2014.

Cette évaluation, baptisée Cedre, portait notamment sur les programmes publiés en 2015 et mis en application à la rentrée scolaire de 2016, c'est-à-dire sous le quinquennat de François Hollande et lorsque Najat Vallaud-Belkacem était ministre de l'Education.

Dans le détail, les élèves testés l'ont été dans trois domaines mathématiques distincts, à savoir : «nombres et calculs», «grandeurs et mesures» et enfin «espace et géométrie».

Moins dix-sept points en cinq ans

Résultat : en 2019, le score moyen des élèves est de 232 points, alors qu’entre 2008 et 2014, il s'élevait à 249. En cinq ans, le niveau a donc baissé très fortement, de 17 points précisément.

Ce faisant, la proportion d'élèves classés dans les groupes les plus faibles, soit là où l'on retrouve les enfants dont la maîtrise des mathématiques est fragile, voire incertaine, passe à 54,4 % du total des élèves en 2019 contre 42,4 % en 2014.

À l’inverse, la part d’élèves dans les groupes les plus performants, soit ceux qui regroupent les enfants qui ont acquis les connaissances attendues en fin d’école primaire, dégringole : 20,2 % en 2019 contre 29 % en 2014. Autrement dit, aujourd'hui, seuls deux élèves sur dix ont un niveau satisfaisant en mathématiques après cinq ans d'enseignement basique.

Les élèves les plus pauvres frappés de plein fouet

Autre enseignement, la baisse du niveau en mathématiques est révélatrice d'inégalités sociales. En effet, la baisse des performances entre 2014 et 2019 ne concerne pas les élèves appartenant aux écoles les plus favorisées, les établissements privés sous contrat notamment.

En revanche, dans les écoles publiques et plus encore dans celles de l'éducation prioritaire, c'est la dégringolade (score de 233 et 202 points respectivement en 2019, en baisse de 17 et 26 points).

Moins d'appétence pour les chiffres

Plus préoccupant encore, l'étude a montré que les écoliers sont de moins en moins nombreux à éprouver du plaisir à faire des mathématiques. (67,1 % en 2019 contre 75,8 % en 2014). 

En 2018, le ministre actuel de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, avait voulu encourager un nouvel élan dans l'enseignement des mathématiques qui rétablirait le niveau des écoliers français dans les classements internationaux.

Il avait notamment commandé à Cédric Villani et Charles Torossian, respectivement alors mathématicien et député LREM de l’Essonne, et inspecteur général de l’éducation nationale, une mission qui avait débouché sur 21 pistes, en donnant justement la priorité à l'école primaire. 

Pour cultiver «la curiosité, la créativité», sans infliger aux élèves un «stress excessif», le rapport insistait sur l’affectivité dans les apprentissages». «Le plaisir et le désir sont des moteurs fondamentaux , affirmaient les auteurs, appelant à «dédramatiser l’erreur», sans négliger le «sens de l’effort».

Une mise en application largement contrainte depuis par le confinement imposé par le Covid-19.

Dans ce contexte, le niveau en mathématiques des élèves actuellement en primaire, surtout ceux des catégories les plus populaires, pourrait encore être revu à la baisse dans les années à venir.

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