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Professeur décapité : la mosquée de Pantin admet avoir diffusé la vidéo du père d'une élève

Le responsable de la mosquée, en cours de construction, est au coeur d'une affaire embarrassante. [Capture Google Street View].

La mosquée de Pantin (Seine-Saint-Denis) a admis auprès de Libération, ce dimanche 18 octobre, avoir diffusé, puis retiré, de sa page Facebook la vidéo de Brahim C., le père de l'élève, peut-être à l'origine du drame.

La mosquée appelle désormais à manifester en soutien à Samuel Paty, professeur décapité vendredi dernier dans les rues de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

Joint par Libération, M'hammed H., le président de l'association qui gère la construction de la future Grande Mosquée de Pantin, le reconnaît sans ambages : Oui, la page Facebook du futur lieu de culte, dont la première pierre a été posée en février dernier, a bien diffusé le message-vidéo controversé du père de famille du collège du Bois-d'Aulne. 

«Je vous le confirme»

«Je vous le confirme», a ainsi indiqué le responsable de la mosquée, selon des propos rapportés par Libération.

M'hammed H. explique ensuite avoir reçu la vidéo à l'instar de centaines d'autres personnes étant donné que celle-ci «circulait beaucoup», notamment sur des groupes WhatsApp.

Dans ce contexte, «au moins une dizaine de personnes», la lui auraient envoyée, appuie-t-il auprès de Libération, avant d'ajouter «ne pas avoir été choqué par les caricatures» du prophète Mahomet.

En revanche, et c'est la raison qui aurait motivé M'hammed H à mettre en ligne la vidéo du père de famille, le responsable déplore une forme de discrimination que Samuel Paty aurait, selon lui, imposée à certains élèves musulmans dans le cadre du cours donné le 5 octobre dernier, en leur demandant de sortir de classe.

Pourtant, il est aujourd'hui établi que si Samuel Paty avait bien demandé aux élèves musulmans qui le souhaitaient de sortir de classe, c'était au contraire «pour ne pas blesser».

C'est en effet en ces mots qu'a notamment témoigné un autre parent d'élève, selon des propos recueillis par le journaliste indépendant Clément Lanot.

Par ailleurs, si le père de l'élève à l'origine de la vidéo indiquait que sa fille se trouvait dans la classe le jour où l'enseignant à montré les caricatures, selon Europe 1 et le Parisien, cette dernière n'a pas assisté au cours, et n'a même jamais eu cours avec la victime, ayant un autre prof d'histoire.

Responsable mais pas coupable ?

En l'état actuel des choses, M'hammed H. reconnaît donc une certaine responsabilité pour avoir diffusé la vidéo le 9 octobre dernier, mais se défend de toute volonté d'accroître sa visibilité. «Elle était déjà virale dans les milieux musulmans», insiste-t-il.

Reste que si, dès vendredi soir, la vidéo du père de famille a été retirée de la page Facebook de la mosquée, sept jours se sont écoulés entre sa mise en ligne et son retrait.

En outre, des captures d'écrans circulent dans lesquelles des internautes auraient commenté la vidéo en y indiquant le nom de Samuel Paty et l'adresse de son collège. Autant d'éléments que l'enquête devra s'atteler à vérifier.

Autre fait troublant : M'hammed H. reconnaît avoir connu jusqu'en 2012 Abdelhakim S., l'activiste islamiste qui, menant campagne tambour battant contre Samuel Paty, a amplifié l'engrenage islamiste par lequel un réfugié tchétchène de 18 ans a été amené à parcourir une centaine de kilomètres depuis l'Eure pour aller décapiter en pleine rue le professeur d'histoire-géographie.

Après avoir condamné fermement l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine, la Grande Mosquée de Pantin a, ce dimanche 18 octobre, publié un nouveau message Facebook, dans lequel elle «invite toute personne éprise de paix à se joindre au rassemblement [de la place de la République, à Paris] pour exprimer son indignation contre la décapitation de Samuel Paty, enseignant de la République».

Un nouveau post qui, s'il se voulait éventuellement faire amende honorable, a provoqué une certaine colère sur les réseaux sociaux.

L'essayiste et chroniqueuse Céline Pina a notamment dénoncé sur Twitter une forme «d'hypocrisie», dans un post largement partagé et repris.

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