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Avoir 20 ans en 2020 : «Cette crise est une sacrée expérience en tant que soignant»

Shaïna, étudiante sage-femme en 2e année.

«C’est dur d’avoir 20 ans en 2020». Le 14 octobre dernier lors de son allocution télévisée pour annoncer la mise en place d’un couvre-feu, Emmanuel Macron a eu une pensée particulière pour les jeunes français dont la vie sociale, professionnelle ou étudiante a été perturbée par la crise sanitaire.

Le président français a souligné le malaise ressenti par cette frange de la population qui, «honnêtement, vi(t) un sacrifice terrible : des examens annulés, de l'angoisse pour les formations, pour trouver le premier job».

CNEWS a donc donné la parole aux concernés sur le thème : avoir 20 ans en 2020. Ils ont partagé leurs préoccupations, leurs doutes mais aussi leurs espoirs concernant l’avenir.

Aujourd’hui, Shaïna, originaire de la région parisienne et étudiante sage-femme en 2e année à Paris, s’est confiée. Elle vit actuellement près de Melun (Seine et Marne).

Son année 2020

L’année 2020 était déjà chargée avant que la crise sanitaire n'impacte la scolarité de la jeune francilienne qui était en PACES (Première année commune aux études de santé), lors de l’annonce du premier confinement : «Il y a une énorme charge de travail et le concours a été décalé de deux mois. Il fallait donc tenir deux mois de plus alors qu’on était déjà épuisés».

Un impact encore plus fort pour ces étudiants en santé car «nos professeurs sont des médecins, rappelle Shaïna. Du coup, on ne peut pas leur poser de questions car ils sont occupés de leur côté par l’épidémie (…), surtout que les cours étaient compliqués».

L'impact de la crise sanitaire

L'instauration de cours en ligne n'a pas arrangé la donne. Comme Manon, étudiante en Erasmus dans les Iles Canaries, Shaïna évoque une préférence pour les cours en présentiel : «Je n’aime pas du tout (les cours en ligne) car j’ai du mal à me concentrer. Même si on peut poser des questions et arrêter les profs, ce qui fait que ça reste assez interactif, c’est très facile de se laisser distraire. Tu dois tout rattraper au moment des partiels. Heureusement, on est 40 étudiants pour deux professeurs, deux sages-femmes encadrantes».

La crise sanitaire a également une portée particulière pour Shaïna qui est vouée à rejoindre le personnel médical. Elle qui, «en PACES, hésitai(t) entre médecin et sage-femme» se dit «que cette crise est une sacrée expérience en tant que soignant. T’as énormément de travail dans des conditions que tu ne retrouveras peut-être pas».

Elle est également au premier rang pour constater les difficultés subies par le corps médical : «Ça serait bien que ça s’arrête car ça épuise tout le système de Santé. On n’aura plus personne à la fin», souffle l’apprentie sage-femme. Cette période la confirme en tout cas sur sa vocation professionnelle et elle aurait aimé être sur le front «pour le côté humain de la situation, le côté bienveillant que l’on peut apporter, même si la charge de travail est très stressante».

Sage-femme : «le plus beau métier du monde»

Engagée dans ses études, elle s’est inscrite dans une association de son école qui milite notamment pour les droits des sages-femmes. «Elle fait de tout, et en tant que sage-femme, on a quasiment toutes la même vision des droits de l’humain».

Elle voit forcément l’avenir à travers le prisme de son métier même si elle a «du mal à voir la fin de la crise donc c’est dur de se projeter». «Mon avenir professionnel, j’ai beaucoup d’ambitions et d’idées. On peut faire des D.U (diplômes universitaires) en tant que sage-femme. J’ai plusieurs idées sur ce que je veux faire. De ce qui pourrait m’apporter quelque chose». 

«Sage-femme, c’est le plus beau métier du monde mais il peut souffrir d’un certain manque de reconnaissance» dans «le secteur le plus bousculé par la crise» sanitaire, confie la jeune francilienne. Les possibilités de trouver un poste ne manquent pas mais les sages-femmes se voient souvent offrir «des CDD mais pas des CDI». «Si je veux du travail j’en aurais», même si elle devra sûrement s’exiler pour cela, redoute-t-elle.

Autre inquiétude, celle-ci concerne la fin de ses étude. Une «peur que les portes ne se ferment», de ne pas être «jugée sur mes compétences», précise Shaïna.

Sa relation avec les générations précédentes 

Concernant les préoccupations de sa génération, notamment l’écologie, l’étudiante ne jette pas la pierre sur ses aînés. «Je ne vois pas les choses comme ça. Mais chacun doit prendre ses responsabilités. Par exemple, qu’on ne nous jette pas la pierre car on ne met pas un papier dans la corbeille jaune alors que des énormes usines déversent des tonnes de produits polluants dans les océans».

«Après, je pense que l’humanité ouvre les yeux sur ces questions mais j’ai peu d’espoir» sur une prise de conscience rapide sur l'environnement, concède Shaïna. Mais s’il faut en vouloir à quelqu’un, elle penche «plus vers ceux qui ne veulent pas se cultiver, évoluer, essayer d’aller vers le positif».

Si en général, le dialogue est aisé avec les générations antérieures, deux types de réactions reviennent souvent à ses oreilles. Si une partie des gens comprennent les défis actuels auxquels sont confrontés cette classe d'âge : «Ils me disent "Moi à 20 ans, je pouvais faire ces choses-là mais toi tu ne peux plus"». Mais il y a aussi «ceux qui vont dire :"ça pourrait être pire". Ça donne l’impression de ne pas avoir le droit d’être dégoutée des années que t’es en train de vivre».

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