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Jugé «obsolète», que va devenir le projet d'extension de l'aéroport de Roissy ?

Le gouvernement a acté l'abandon du projet initial, mais pas de l'extension en elle-même. Le gouvernement a acté l'abandon du projet initial, mais pas de l'extension en elle-même.[© JOEL SAGET / AFP]

Le gouvernement a fait savoir ce jeudi 11 février que l'énorme terminal 4 à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle (95) ne verra finalement pas le jour. Pour autant, un nouveau projet pourrait bien venir le remplacer dans le futur.

«Le gouvernement a demandé au groupe ADP d'abandonner son projet et de lui en présenter un nouveau, plus cohérent avec ses objectifs de lutte contre le changement climatique et de protection de l'environnement», a fait savoir la ministre Barbara Pompili dans un communiqué. Officialisant de fait l'arrêt de la construction du terminal T4.

Cette extension de plus de 160 hectares devait être livrée en 2037, afin de faire face à l'afflux des 40 millions de voyageurs supplémentaires par an dans les prochaines années. Une estimation haute, basée sur des perspectives de forte croissance du trafic aérien dans le monde. Mais c'était avant que la crise du Covid ne déferle.

Des aménagements «à repenser»

L'abandon du projet a été immédiatement acté par le groupe ADP. Dans un communiqué, le groupe qui gère les aéroports parisiens souligne que «les aménagements contribuant à la transition énergétique de l'aéroport [...] doivent être repensés au regard de l'accélération des engagements sur l'avion vert» et qu'«un travail de révision du projet initial avait déjà été engagé ces derniers mois afin de s'adapter aux nouvelles hypothèses de trafic».

De fait, la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de Covid-19 a massivement affecté les perspectives de croissance du trafic aérien en France et dans le monde, remettant naturellement en cause le calendrier des besoins d'accroissement des capacités d'accueil des passagers de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle». Le PDG, Augustin de Romanet, entend quant à lui prendre son temps et a annoncé que le groupe allait «engager un temps de réflexion sur les enjeux d'avenir de l'aéroport».

Les opposants au projet restent mesurés

Cette annonce – qui aurait dû réjouir les nombreux opposants au projet – ne semble pas pour autant pas satisfaire tout le monde. Certains élus franciliens se montrent assez mesurés quant à ce qui pourrait venir remplacer l'extension initiale.

C'est le cas de l'écologiste Christophe Najdovski, l'adjoint à la mairie de Paris chargé de l'espace public et de la biodiversité, qui appelle à faire preuve de «vigilance» face au nouveau projet. «Le gouvernement entend permettre une intensification des infrastructures actuelles avec une augmentation du trafic aérien à la clé», explique l'élu.

«Nous allons rester très vigilants, jusqu'au bout, sur ce qui semble être une bonne nouvelle», explique de son côté Jean-François Julliard, le directeur général de Greenpeace France. Pour l'ONG internationale de défense de l'environnement, «augmenter les capacités d’un aéroport sans augmenter les émissions de gaz à effet de serre est une chimère» et peu importe le projet, celui-ci sera forcément nuisible s'il prévoit d'augmenter encore le trafic aérien.

Même son de cloche chez le collectif «Non au terminal 4 de Roissy», qui parle d'un «effet d'annonce» et qui réclame désormais «des garanties pour qu'il n'y ait pas de futur projet d'extension, ni d'augmentation des capacités de Roissy». Pour ce collectif opposé à toute extension de l'aéroport, il faut avant tout «plafonner le trafic et stopper l’explosion du fret aérien sur Roissy».

Les futures dessertes remis en cause ?

Une autre question se pose avec l'abandon du projet d'extension de l'aéroport de Roissy : celle des transports en commun. En prévision de la hausse significative du nombre de passagers, trois grands projets étaient déjà lancés, censés se compléter pour répondre à la future demande.

Tous ont pris énormément de retard et sont plus ou moins à l'arrêt. C'est le cas du «Charles-de-Gaulle Express», ce train censé relier en moins de 20 minutes la Gare de l'Est (10e) à Roissy (95), d'ici à 2025. Déjà entamés, les travaux de construction sont pourtant stoppés par de multiples recours en justice. Nombreux sont en effet ceux qui contestent ce «train de riches», qui coûtera 24 euros par voyage et par personne et dont la construction est estimée à 2,2 milliards d'euros.

Vient ensuite la rénovation du RER B, mise à mal dernièrement par le retrait de l'offre d'Alstom. Celui-ci fait planer une menace sur les 146 nouvelles rames, plus grandes et plus confortables, qui devaient venir remplacer les anciennes, déjà bien abîmées. Attendues fin 2025, elles devaient enfin permettre d'améliorer le quotidien des Franciliens sur cette ligne, qui connaît des incidents à répétition.

Enfin, la ligne 17 nord du Grand Paris Express était censée desservir le terminal T2 de Roissy, mais aussi... le T4, d'ici à 2030. Sauf que cette branche du futur super métro francilien est actuellement remise en cause avec l'abandon du projet d'Europacity et la contestation de militants écologistes dans le Triangle de Gonesse (95).

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