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Tout savoir sur les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie qui s’ouvrent ce lundi

Plus de 12 millions de Français souffrent de trouble psychiques. [Photo d'illustration / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP]

Les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie se tiennent aujourd'hui et demain. Elles concernent un secteur poussé «au bord de l'implosion» par la crise sanitaire.

Emmanuel Macron avait fait de ces assises une promesse, le ministère des Solidarités et de la santé évoquant même un «moment historique». Le report de l'événement de juin à septembre n'a fait qu'accroître les attentes.

Les professionnels guettent les annonces du pensionnaire de l’Elysée et s'attendent à ce que le président déclare en clôture des débats le remboursement des consultations chez les psychologues. Les syndicats redoutent toutefois l'annonce d'un tarif indécent.

Ils espèrent aussi, sans grande conviction, qu'un plan d'urgence viendra au secours d'une psychiatrie publique sinistrée.

L'épidémie de Covid-19 a mis un coup de projecteur sur les troubles psychiques, dont souffrent actuellement plus de 12 millions de Français. L'isolement, les angoisses, les violences intra-familiales dans l'intimité des confinements ont aussi été les détonateurs de nouvelles souffrances.

UNE TRIBUNE POUR REGRETTER L'ABSENCE DE «THÈMES MAJEURS»

La crise a aussi jeté une lumière crue sur l'état de délabrement du secteur. «Dix ans pourtant que les rapports se succèdent avec le même constat : la psychiatrie est au bord de l'implosion», déplore-t-elle.

«C'est important de faire sortir les troubles psychiatriques des murs de l'hôpital», se réjouit Marie-Jeanne Richard, présidente de l'Union nationale des familles de personnes malades (Unafam), qui y voit un moyen de briser enfin le tabou qui entoure ce sujet en France.

Elle regrette, cependant, une orientation très «sanitaire», et l'absence de nombreuses associations du secteur médico-social.

Dans une tribune publiée samedi soir par Le Parisien, 187 signataires dont 90 psychiatres regrettent en outre que «certains thèmes majeurs» ne soient pas abordés, comme «l'inflation des contentions physiques (l'équivalent des camisoles de jadis) et des isolements psychiatriques».

«Attacher et isoler redouble et aggrave les isolements psychiques et sociaux des personnes déjà fragilisées par leurs troubles psychiques», ont souligné les pétitionnaires, qui estiment «urgent qu'un débat national s'ouvre sur la question».

Pour les professionnels, les attentes sont aussi hautes que les craintes d'être déçus. «C'est simple : il faut tout restaurer, et il nous faut pour ça un grand plan avec des milliards», résume Norbert Skurnik, président de l'Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp).

Une hausse de 40% des patients suivis en dix ans

Avec des lits «fermés par dizaines de milliers» ces dernières décennies et un sous-financement chronique, impossible d'absorber la hausse de 40% des patients suivis en dix ans.

«Il faut résorber les inégalités d'accès, faciliter le parcours de soins, créer une culture de la prévention», a égréné Rachel Bocher. Et redorer, aussi, l'image de la psychiatrie hospitalière, qui n'arrive pas à recruter chez les jeunes médecins pour combler les nombreux postes vacants.

Plus qu'un grand plan, les professionnels s'attendent à ce qu'Emmanuel Macron annonce la généralisation du remboursement des consultations de psychologues libéraux par l'Assurance maladie, après plusieurs expérimentations locales et la création d'un «chèque psy» pour les enfants en avril.

Après un rapport favorable de la Cour des comptes et de premiers résultats contrastés, ministère et syndicats ont entamé des négociations il y a un an, le point de crispation demeurant encore et toujours la rémunération.

A l'aube des assises, le Syndicat national des psychologues (SNP) redoute l'annonce d'une offre de remboursement autour de 30 euros, «soumise à prescription et contrôle médicaux», qui serait «catastrophique pour la profession», selon son secrétaire général, Patrick Ange Raoult.

Avec d'autres organisations dont la CGT et SUD, les psychologues appellent à un rassemblement demain après-midi devant le ministère de la Santé, juste avant les probables annonces du chef de l'Etat.

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