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Suicide d'une infirmière au Havre : l'hôpital condamné à verser 360.000 euros

La soignante s'était tuée avant de retourner travailler.[PHILIPPE HUGUEN / AFP]

L’hôpital du Havre a été condamné par la justice à verser 360.000 euros aux enfants d’une infirmière qui s’était suicidée en 2016, ainsi qu’à leur père. Le tribunal administratif de Rouen a estimé qu’il a manqué à son obligation de protection et de sécurité envers son employée.

Agée de 44 ans et mère de deux enfants, l’infirmière s’était suicidée chez elle, le 24 juin 2016. Dans une lettre, elle indiquait ne plus pouvoir vivre avec «le sentiment» d’avoir commis «quelque chose de grave», durant une nuit de travail dix jours auparavant. Il s’agissait du «transfert d’un nouveau-né prématuré en réanimation, une opération délicate», ont décrit les juges.

Le tribunal a estimé qu’elle a «enduré des souffrances morales liées à son environnement professionnel au cours de la période précédant son suicide», souffrances qui sont «à l'origine de son acte, (et) ne sont au demeurant pas contestées par le groupe hospitalier du Havre (GHH)». Un peu moins d’un an après le drame, le directeur des ressources humaines avait en effet reconnu l’imputabilité du suicide au service, a détaillé le jugement. Une version finalement rejetée par le GHH au tribunal.

Elle ne souhaitait plus travailler en réanimation néonatale

«Pendant plusieurs mois, des membres du personnel hospitalier, parmi lesquelles» l'infirmière qui a mis fin à ses jours, «ont été amenés à intervenir dans le secteur des nouveau-nés soumis à des risques vitaux, sans avoir bénéficié d'une formation adaptée», ont souligné les juges, rapporte l’AFP.

L'hôpital a commis «une faute» car il n'a pas pris en considération le souhait de la mère de famille de ne plus exercer en réanimation de néonatologie et parce que celle-ci n'a en outre pas bénéficié d'un accompagnement à sa prise de fonction dans ce secteur, ont-ils relevé. Le tribunal y a ainsi vu de la part de l'hôpital «un manquement à son obligation de sécurité et de protection à l'égard de l'intéressée».

La somme de 360.000 euros est destinée aux deux enfants de l'infirmière et à leur père. Le tribunal a estimé qu’elle correspond au préjudice économique, d'affection et aux frais de justice. L'aînée des enfants était âgée de 17 ans au moment du suicide de sa mère. L'autre était encore mineur lors du dépôt de la requête, le 1er avril 2019.

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