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L'édito de Paul Sugy : «Pass vaccinal : impairs et manques»

Dans son édito de ce lundi 17 janvier, Paul Sugy, journaliste au Figaro, revient sur l'adoption définitive du pass vaccinal.

C’est la fin, discrète et sans tambour, du fameux triptyque qui résumait jusqu’ici la stratégie de lutte contre le virus : tester, alerter, protéger. Jusqu’ici il s’agissait d’empêcher une trop forte circulation du Covid, par le confinement et ses divers avatars d’abord, par l’instauration des gestes barrières et des règles sanitaires dans l’espace public ensuite, enfin par la vaccination qui, a-t-on longtemps cru, devait immuniser ceux qui y avaient recours pour leur permettre de circuler librement sans craindre d’être contaminé ou d’être eux-mêmes contaminants. L’instauration d’un passe sanitaire permettait de restreindre l’accès à certains lieux ou événements aux seules personnes assurées d’être non-contaminantes, c’est-à-dire testées négatives ou vaccinées. Cette stratégie a donc été définitivement enfouie. 

215 députés ont voté pour et 58 contre

Sous le vernis démocratique se cachent en réalité deux interrogations majeures. La première c’est l’apparent mépris dont le Parlement a été l’objet tout au long de l’examen du texte. Le second c’est le revirement, difficilement compréhensible, du Conseil d’État.

Ce débat a réveillé une opposition parlementaire qui n’a pas voulu se résoudre à jouer les arbitres d’une campagne électorale qui, battant déjà son plein, détournait l’attention médiatique du drame politique qui se joue dans l’hémicycle. Par conséquent les députés opposés au pass vaccinal étaient disposés à épuiser toutes les voies possibles de recours, cette saisine étant donc la suite logique des vifs débats parlementaires. Il fallait 60 signatures de députés, et les insoumis y sont parvenus sans difficultés grâce au concours de loups solitaires venus des rangs du parti socialiste ou même de l’UDI. Concrètement, cette saisine ne fait sûrement que retarder de quelques jours l’entrée en vigueur du passe vaccinal, qui du reste arrive de toute façon trop tard au regard de la situation d’urgence qui a conduit à son adoption : la pression hospitalière décroît déjà, et de plus en plus de scientifiques autorisés commencent à n’aborder l’épidémie de variant Omicron que comme une simple grippe au regard de la faible dangerosité de cette mutation du Covid.

Mais les Sages auront à répondre à cette véritable inquiétude constitutionnelle, qui entoure le texte et l’interprétation qu’en fait le président de la République : vouloir emmerder les non-vaccinés alors même qu’aucune norme en France exige des citoyens qu’ils se fassent vacciner, n’est-ce pas méconnaître la Déclaration des droits de l’homme elle-même ? Celle-ci proclame en effet à son article 5 : «Tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas».

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