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Orpea : l’ancien directeur général aurait vendu 5.456 actions du groupe avant la sortie du livre

Yves Le Masne a vendu ses actions avant la sortie du livre «Les Fossoyeurs» du journaliste Victor Castanet. [Bertrand GUAY / AFP]

Limogé dimanche dernier, l’ancien directeur général du groupe Orpea, Yves Le Masne, aurait vendu 5.456 actions près de trois semaines après avoir appris la parution à venir du livre-enquête «Les Fossoyeurs». L'ouvrage met en cause le fonctionnement du groupe.

Yves Le Masne aurait ainsi empoché 588.157 euros, selon les informations du Canard enchaîné paru ce mercredi.

D’après l’hebdomadaire, les faits remonteraient au 23 juillet dernier. Le mois précédent, le journaliste auteur des Fosssoyeurs, Victor Castanet, avait envoyé ses questions sur des éléments de son futur livre. Très peu de dirigeants du groupe étaient alors au courant de cette information, contrairement à Yves Le Masne.

Après avoir vendu ses actions en trois fois, à 107.80 l’unité, l’ancien directeur aurait informé l’Autorité des marchés financiers (AMF), le 4 août (la loi oblige les dirigeants à déclarer les opérations qu'ils réalisent sur les actions de la société au sein de laquelle ils exercent leurs fonctions).

D'autres opérations de la part des dirigeants

Le Canard enchaîné a également précisé qu’il n’était pas le seul dirigeant du groupe à avoir réalisé des opérations sur ses actions. Le nouveau directeur général, Philippe Charrier, alors président (non-exécutif) du conseil d’administration du groupe, a notamment acheté 800 actions Orpea.

Le nouveau PDG a été convoqué ce mardi par Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie des personnes âgées, avec le directeur général pour la France Jean-Christophe Romersi. «Nous savons d’ores et déjà que plusieurs accusations sont infondées, j’en ai la preuve formelle et documentaire», a-t-il indiqué au micro de CNEWS à la sortie de la réunion.

Philippe Charrier a dénoncé les accusations de manquements à l’hygiène, mais aussi de maltraitance à l'encontre des résidents, dont son groupe fait l’objet.

Dans l’ouvrage «Les Fossoyeurs» (à paraître ce mercredi, et dont Le Monde a publié lundi quelques extraits), le journaliste Victor Castanet décrit un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont «rationnés» pour améliorer la rentabilité du groupe d'Ehpad privés.

D'importants financements publics

Cela alors que les séjours sont facturés au prix fort : près de 6.500 euros par mois pour une chambre d'«entrée de gamme» à la résidence «Les Bords de Seine» de Neuilly.

Or les maisons de retraite, même privées, bénéficient d'importants financements publics, de la part de l'État et des conseils départementaux, souligne le journaliste, pour qui «au moins de manière indirecte, une partie de cet argent public ne va pas au bénéfice des personnes âgées».

Évoquant les propositions que le gouvernement compte formuler d'ici trois semaines pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent, Brigitte Bourguignon a indiqué vouloir faire en sorte que les établissements privés lucratifs soient considérés comme des «entreprises à mission», en vertu des dispositions de la loi Pacte de 2019. Ce statut suppose qu'un organisme tiers indépendant vérifie que l'entreprise répond aux objectifs de sa mission, en l'occurrence «le soin, la bientraitance», selon la ministre.

Particulièrement pointé du doigt dans «Les Fossoyeurs», l'Ehpad Orpea de Neuilly-sur-Seine fait par ailleurs l'objet d'une enquête préliminaire, ouverte en 2020 par le parquet de Nanterre, à la suite d'un dépôt de plainte pour des faits d'homicide involontaire concernant une résidente.

L'agence régionale de santé d'Ile-de-France a été chargée par le gouvernement de mener une enquête.

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