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L'édito d'Agnès Verdier-Molinié : «Alerte sur les taux de la dette française ?»

Dans son édito de ce vendredi 24 mars, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, évoque les taux de la dette française négatifs ou à quasi zéros depuis 2019 et qui commencent à remonter.

Clairement, les taux commencent à remonter. Et ce depuis décembre avec le retour marqué de l’inflation. Il y a environ 1 an nous étions sur l’emprunt à 10 ans de la France en négatif (-0,06%) et nous sommes maintenant à 0,92 et à 30 ans nous étions à 0,7 et nous sommes à 1,46%.

Cela semble encore très bas mais il faut noter une chose très importante : ces taux remontent pour la France alors même que la Banque centrale européenne continue en ce moment même à racheter de la dette française et alors même qu’elle n’a pas encore remonté ses taux directeurs qui restent à zéro.

Concrètement, cela veut dire  que les marchés recommencent à s’inquiéter sur la gestion de la France. On a entendu aussi le mois dernier l’alerte de la Cour des comptes sur nos finances publiques qui incite à programmer 9 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques par an, puis l’alerte du FMI qui recommande en substance à la France de couper le robinet des dépenses dès 2023. Tout le monde commence à s’inquiéter sérieusement surtout que nos besoins de financement de la France toutes administrations confondues seront gigantesques en 2022 et en 2023 avec plus de 300 milliards d’euros par an selon nos estimations de la Fondation iFRAP .

Officiellement, Bercy et le gouvernement ne s’inquiètent pas  mais officieusement c’est une autre histoire. Car voilà le problème bien connu des experts : si le taux d’emprunt à 10 ans de la France monte de 1 point, c’est un coût supplémentaire, toutes administrations publiques confondues, de 22 milliards d’euros de plus par an au bout de 5 ans. Mais, si jamais le taux venait augmenter de 4 points, alors la hausse serait de 88 milliards au bout de 5 ans, une hausse à ajouter aux 30 et quelques milliards actuels (en comptabilité nationale), soit quasiment 120 milliards par an.

Cela rendrait la charge de la dette totalement infinançable. Le sujet est plus que d’actualité car, avec l’inflation (+ la guerre en Ukraine) qui risque de monter cette année bien au-delà des 4,4% annoncés au max par la banque de France – peut être à 5 voire 6%..., la BCE a annoncé stopper bientôt ses rachats de dettes publiques et reconnait que la hausse des prix est là pour durer (5,8% sur un an en février en ZE) - niveau record depuis 1997.

La banque d’Angleterre a déjà remonté ses taux la Fed a elle aussi opté pour une hausse des taux. Il est de plus en plus clair que la BCE va devoir se diriger dans les mois qui viennent dans la même direction et remonter ses taux après avoir stoppé ses rachats de dettes publiques -certains membres du Conseil des gouverneurs de la BCE sont favorables à une remontée des taux d’ici cet été.

Il serait donc plus que temps que nos concitoyens soient au courant des risques qui pèsent sur nos finances publiques, de la crise de la dette qui risque d’arriver sur nous et du fait que de nouvelles hausses des taux allant de 0,10 % à 0,50 % sur les taux immobilier dans les banques françaises.

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