En direct
A suivre

Paris : Anne Hidalgo veut faire du périphérique «la nouvelle ceinture verte»

Après les JO de Paris 2024, une voie sera réservée au covoiturage, aux bus et aux taxis sur le périphérique. [© APUR]

«De la ceinture grise à la ceinture verte», telle est la promesse d'Anne Hidalgo, qui a présenté avec son équipe son plan de transformation progressive et concertée du boulevard périphérique ce mercredi 18 mai.

Quelques mois après avoir annoncé la création d'une voie réservée au covoiturage et aux bus sur le boulevard périphérique, la maire de la capitale a décidé d'aller encore plus loin et de sanctuariser les abords de cette autoroute urbaine  de plus de 35 km, où plus d'un million de véhicules circulent chaque jour autour de  Paris.

L'ambition avancée est triple : «garantir une meilleure qualité de vie», «lutter contre le réchauffement climatique» et «réduire la pollution des gaz à effets de serre», suivant les recommandations de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur) qui entend faire de ce boulevard périphérique «la nouvelle ceinture verte de Paris».

Une voie réservée au covoiturage

Comment ? D'abord en mettant en place «la voie réservée au covoiturage, aux bus et aux taxis», qui sera «l'héritage de la voie olympique et paralympique» imaginée pour faire circuler plus rapidement les athlètes et les officiels pendant les JO de Paris 2024, qui se tiendront du 26 juillet au 11 août 2024. 

Une «voie olympique», selon David Belliard, l'adjoint à la mairie de Paris chargé de la transformation de l'espace public, qui annonce que  «le décret  est paru début mai». «Nous avons besoin d'utiliser les JO pour accentuer l'usage vertueux de la voiture», explique l'élu, qui rappelle que 800.000 trajets, soit 82 % des trajets effectués sur le périphérique, sont réalisés par des personnes seules.

Cette voie réservée serait donc à ses yeux  «une prime pour ceux qui utiliseraient leur voiture à plusieurs». Et si l'élu admet que des discussions sont toujours en cours pour statuer sur l'ensemble des ayants droit de cette voie, il assure que celle-ci devrait  également être accessible aux transports en commun et aux taxis. Des «radars de forme»  seront testés, chargés de relever les infractions.  

Le réaménagement des portes

Mais aussi, en poursuivant le réaménagement des portes – emblématiques entrées et sorties du périphérique parisien – pour qu'elles soient plus fluides, et surtout plus accueillantes aux mobilités douces (vélo, marche à pied...).  Quatre d'entre elles ont déjà été transformées (Vanves, Lilas, Pouchet et Pantin), et  cinq seront achevées pour 2024 (Clichy, La Chapelle, Brancion Dauphine et Maillot).

A terme, plusieurs autres portes finiront d'être transformées, à l'instar des portes de Saint-Ouen, de Clignancourt, de Montreuil, d'Orléans, l'allée Paris-Ivry, le quai d'Ivry et le quai d'Issy.  Et d'autres commenceront à l'être entre 2024 et 2030, avec les portes d'Aubervilliers,  de La Villette, de Bagnolet, de Vincennes, de Bercy, de Vanves-Malakoff, de Sèvres et la rue Baron Le Roy.

50.000 arbres plantés

Et  enfin, en intensifiant «les plantations sur les talus, le terre-plein central,  mais aussi les bretelles» du périphérique, et en «amplifiant la végétalisation» partout où cela sera possible.

Au total, la municipalité porte l'ambition de planter 50.000 arbres «aux abords du périphérique»,  dont plus de 18.000 ont déjà été mis en terre sur les deux premières années du mandat entre 2020 et mai 2022, et de végétaliser jusqu'à 10 hectares récupérés «grâce à l’homogénéisation du nombre de voies».

capture_decran_2022-05-19_a_12.14.51_628619314b52d.png

Pour Christophe Najdvoski, l'adjoint à la mairie de Paris chargé de la végétalisation, ces plantations sont surtout «le moyen d'atténuer les effets néfastes» du périphérique, alors que plus de 500.000 habitants  souffrent «au quotidien 7 jours sur 7» de ces nuisances.  Et d'affirmer que «l'urgence écologique rejoint ici l'urgence sociale».

Les élus écologistes  réclament un moratoire 

S'ils sont globalement satisfaits  de la tranformation du périphérique proposée par Anne Hidalgo, les élus écologistes de Paris émettent néanmoins quelques réserves, notamment au sujet de la construction d'immeubles de bureaux le long du périphérique. Projet auquel ils sont farouchement opposés.

«Lorsque le périphérique sera transformé, cela offrira des possibilités d’aménagement très intéressantes pour relier la capitale au reste de la métropole via des logements et de l’activité, mais aussi pour faire des espaces naturels et parcs qui nous manquent tant dans le contexte de crise écologique et climatique», préfère Emile Meunier, élu écologiste dans le 18e arrondissement.

Or, aujourd'hui selon lui, «les seuls aménagements possibles sont : une muraille de bureaux devant et des tours de 50m de haut de logement derrière»,  considérées  par la municipalité d'après ses dires comme  des remparts à la pollution.   «Est-ce l’héritage urbain qu’on veut laisser ?», s'interroge-t-il.

En conséquence, le groupe des Ecologistes réclame ainsi «un moratoire sur les constructions dans l’attente du [futur] boulevard urbain». Et insiste sur un dernier point : l'abaissement de la vitesse à 50 km/h. 

Un projet contesté à droite

Après le dévoilement du projet, les réactions hostiles se multiplient, notamment à droite. L’ex-candidate à la présidentielle Valérie Pécresse a annoncé que «la région Île-de-France [allait] saisir la commission nationale du débat public du projet de la mairie de Paris. Une vraie concertation et une vraie étude d’impact sont nécessaires. Pas question de transformer la région en embouteillage géant», a-t-elle tweeté.

De son côté, Rachida Dati a estimé qu’Anne Hidalgo assumait clairement «sa politique anti-banlieue». «Elle s’assoit sur l’avis des Parisiens et surtout sur celui des Franciliens qui représentent 80 % des usagers du périphérique et qui se sont prononcés à 90,2 % contre la suppression de voies», peut-on lire dans un communiqué de la maire du 7e arrondissement.

«Les annonces d’aujourd’hui n’ont donc jamais eu pour but d’améliorer la qualité de vie des Parisiens et Franciliens. Il s’agit d’une  tentative désespérée d’Anne Hidalgo pour faire oublier ses échecs successifs  : les forêts urbaines jamais sorties de terre, l’abattage d’arbres centenaires pour réaménager le site Trocadéro - Tour Eiffel - Champ-de-Mars ou encore la future ZTL qui contribuera à faire fuir toujours plus d’habitants de la capitale», a-t-elle ajouté.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités