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Après la polémique #SaccageParis, la ville recense tout ce qu'il faut préserver et tout ce qu'il faut enlever

Les bancs Davioud, en tant que patrimoine parisien, seront préservés dans la capitale. Les bancs Davioud, en tant que patrimoine parisien, seront préservés dans la capitale. [© Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Annoncé en janvier dernier comme étant une nouvelle méthodologie d’aménagement et d'entretien de l'espace public, le «Manifeste pour la beauté de Paris» va être rendu public ce mardi 14 juin. Résultat de près de 2 ans de travail, il doit servir de guide pour tous les services de la Ville qui interviennent sur le terrain.

Le Manifeste pour la beauté de Paris va être rendu public. Ce document en 4 tomes est une «initiative lancée au début de la mandature, visant à travailler les doctrines d’intervention dans l’espace public et à remettre à plat la transversalité du protocole d’intervention», explique Emmanuel Grégoire, ce mardi 14 juin, qui rappelle qu'il a d'abord été pensé «par l'administration pour l'administration et pour l'ensemble des opérateurs».

Un document pédagogique comme base de travail

«Ce n'est pas un document de lecture pour la plage», ironise le premier adjoint à la mairie de Paris, qui le qualifie d'«extrêmement technique». Si le premier tome fait l'éloge de ce qui est beau à Paris, le deuxième de 276 pages s'attache à recenser les spécificités des sols, le troisième de 200 pages est consacré aux objets, alors que le quatrième et dernier, qui sera prêt en même temps que le nouveau Plan local d'urbanisme (PLU) bioclimatique, sera dédié au bâti.

Le but de ce document pédagogique ? Servir de référence, base de travail, pour tous les chefs de services techniques de la Ville de Paris, mais aussi pour les maires d'arrondissement et les concessionnaires (SNCF, La Poste, Enedis, JC Decaux...) qui interviennent au quotidien dans l'espace public parisien.

En outre, une Commission de régulation de l'espace public a également été imaginée, pour valider tous les projets d’aménagement et vérifier qu'ils sont compatibles avec ce Manifeste pour la beauté, un poste de DGS adjoint chargé de l'espace public (Directeur général des services, ndlr) a été créé dans toutes les mairies d'arrondissement, un protocole de bonne tenue des chantiers a été mis en place et une plate-forme cartographique recensant tout le mobilier parisien a également été mise en ligne.

des bancs aux poubelles

Concrètement, c'est dans ce document que la Ville de Paris précise tout ce qui doit être préservé dans l'espace public et tout ce qui doit, tout de suite ou à terme, être définitivement enlevé.

Pages 6 à 9 du tome 2, l'on apprend donc que le banc Davioud, dans sa forme d'origine ou modernisé, sera bien conservé et ainsi protégé dans les rues de Paris. Alors que page 57 du tome 2, il est expliqué que les coffrages en rondins de bois au pied des jeunes arbres seront supprimés au profit de pavés. «C'en est fini des grands parcs à cochons», se félicite Emmanuel Grégoire.

Même chose «pour les GBA» (glissières en béton armée, ndlr) ou «les bancs inesthétiques» qui seront systématiquement supprimés, pour «le désencombrement de l'espace public» qui passe par le retrait – déjà annoncé et commencé – de tous les panneaux de signalisation inutiles, «par le renforcement des actions de dégraffitage»...

Et le premier adjoint de citer quelques exemples précis comme celui des poubelles. Page 29 du tome 3, il est spécifié que les poubelles type «Bagatelle» – au nombre de 21.877 exemplaires dans tout Paris – ne seront plus remplacées, pour disparaître petit à petit de l'espace public parisien, au profit des poubelles type «Cybel» (3.890 exemplaires) ou dites «compactantes» (330 exemplaires).

Pour l'élu, qui tient à préciser que ce travail a été initié bien avant la polémique de #SaccageParis mais qui concède que l'ampleur qu'a pris ce mouvement l'a «stimulé pour aller encore plus vite», il s'agit d'être plus efficace. Et ce, dans différents services de la Ville (propreté, espaces verts, voirie, police municipale...) mais aussi au niveau des concessionnaires, qui trouveront dans ce manifeste un cahier des charges précis de ce qui est autorisé ou pas.

Mais consciente que la ville de Rome ne s'est pas faite en un jour, et que tous les «irritants» ne pourront pas disparaître de Paris en un temps record, l'équipe d'Emmanuel Grégoire estime que les améliorations ne seront pas toutes visibles avant plusieurs années. Un «travail très progressif» selon lui, «avec une montée en puissance pour les JO de 2024». D'où l'importance que ce Manifeste vive et soit remis régulièrement à jour.

La conseillère en urbanisme du premier adjoint, Lily Munson, rappelle d'ailleurs qu'un travail similaire avait déjà été engagé dans les années 1990 par le maire de l'époque, Jacques Chirac. Une sorte de «guide du mobilier urbain des années 1970» produit en 5 ans, contre 2 aujourd'hui.

«On parlait déjà de désencombrement de l'espace public, alors que France Telecom faisait n'importe quoi, en implantant des cabines téléphoniques un peu partout», s'amuse Emmanuel Grégoire. Autres temps, mêmes mœurs...

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