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Journée mondiale de la santé mentale : en France, plus de 42.000 enfants n’avaient pas de domicile en août

Des mineurs sans domicile fixe ont été interrogés pour élaborer ce rapport publié par l'Unicef France et le Samu social de Paris. [Valentine CHAPUIS / AFP]

Un rapport publié par l'Unicef France et le Samu social de Paris montre les dégâts causés sur la santé mentale des enfants par l'absence de logement fixe.

Comment bien grandir quand on n'a pas de chez-soi ? A l'occasion de la journée mondiale de la santé mentale, ce lundi 10 octobre, l'Unicef France et le Samu social de Paris ont publié un rapport qui souligne les inquiétantes conséquences de l'absence d'un vrai logement sur le développement des enfants. D'après un décompte réalisé en août, «plus de 42.000» mineurs vivaient dans la rue, en hébergement d'urgence ou dans des abris de fortune.

D'après le rapport, seule une minorité de ces enfants dort à la rue. Mais la présidente de l'Unicef France, Adeline Hazan, alerte : «la vie en hôtel ou en foyer a aussi des conséquences énormes sur la santé mentale» des mineurs. Privés du «cocon protecteur» que constitue un véritable foyer, ils peuvent développer de l'anxiété, de la dépression ou des troubles de l'humeur. Autant de pathologies qui les suivent à plus ou moins long terme, parfois jusque dans leur vie d'adulte.

Parmi ces mineurs, «une petite minorité sont des résilients qui en sortiront grandis, mais la majorité va en payer les pots cassés», affirme le pédopsychiatre Bruno Falissard, qui a participé à l'élaboration du rapport. Selon lui, plus l'enfant est jeune, plus ses conditions de vie peuvent être délétères pour sa santé mentale. Notamment s'il est privé «d'être au chaud, d'avoir à manger lorsqu'il a faim, d'être consolé quand ça ne va pas».

Bruno Falissard explique que «la sécurité de l'environnement a un pouvoir thérapeutique considérable». Aussi, «donner un toit à un sans-abri, ça marche mieux que de lui prescrire des médicaments».

«Je mange sur mon lit»

Cette sécurité-là, les enfants qui grandissent dans des lieux de vie précaires, surpeuplés et insalubres ne la connaissent pas. Leur environnement peut au contraire devenir «source d'angoisse» et peser sur l'estime de soi, le sommeil, l'alimentation ou le niveau de stress.

Certains de ces mineurs sans domicile fixe ont été interrogés dans le cadre du rapport. Ainsi Adèle, 13 ans, réclame «des hôtels spécialement pour les familles, pas avec des gens qui boivent. On doit être en sécurité». Agé de 15 ans, Julio déplore de son côté le fait qu'il «mange sur [son] lit». L'adolescent vit avec sa famille dans une chambre d'hôtel de 9m2. L'Unicef et le Samu social de Paris insistent sur les tensions, voire les «violences intrafamiliales» et les «situations de maltraitance» que cette exiguïté peut favoriser.

Les deux organisations demandent aux pouvoirs publics de «renforcer les moyens» d'une offre de santé mentale qui manque «cruellement» de professionnels. Un manque qu'elle juge encore plus criant pour les enfants sans domicile, en raison d'une «discontinuité dans les parcours de soin» et de l'impossibilité pour les familles sans ressources de payer les dépassements d'honoraires des praticiens libéraux.

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