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Paris : «nouveau revers» pour la municipalité contre son projet de «Grand site tour Eiffel»

Une première partie du projet, côté Trocadéro (16e) devait être réalisée pour les JO 2024. [© GB+ B]

La cour administrative d'appel de Paris vient de rejeter une requête en référé de la municipalité parisienne qui demandait la suspension d'une décision de la préfecture de police allant à l'encontre du projet de réaménagement du «Grand site tour Eiffel». Celle, prise à l'époque de Didier Lallement, de ne pas autoriser le début des travaux.

C'est un projet qui ne fait décidément pas l’unanimité. Dans un document daté du 21 octobre et divulgué cette semaine, le juge des référés Thibaut Celerier indique que la requête de la Ville de Paris déposée auprès de la cour administrative d'appel était «rejetée» concernant la suspension de la décision de la préfecture de police de ne pas autoriser le début des travaux du «Grand site tour Eiffel», aussi appelé «projet OnE», et ce, notamment pour s'opposer à la réorganisation du plan de circulation envisagée.

Une procédure que la municipalité parisienne qualifie ce mercredi de «complexe». «La Cour administrative d'appel doit juger sur le fond car c'est un sujet complexe», se défend-on à l'Hôtel de Ville, souhaitant attendre le jugement de la Cour administrative d'appel pour «affiner le calendrier». «Trop tôt à ce stade» donc selon l'exécutif parisien pour tirer une quelconque conclusion sur l'avenir de ce projet, qui prévoit de réaménager entièrement l'espace public entre la place du Trocadéro (16e) et l'Ecole Militaire (7e) en passant par la tour Eiffel.

Un nouveau revers pour le projet OnE ?

Selon Rachida Dati, en revanche, il s'agit d'un «nouveau revers pour Anne Hidalgo». La maire du 7e arrondissement de Paris et fervente opposante au projet explique en effet ce mercredi 23 novembre que la justice administrative a «rejeté les travaux du projet OnE en raison de son impact trop important sur le quai Branly et les axes voisins».

Elle demande donc «la remise à plat» du projet. Pas question en effet d'abandonner ce réaménagement comme l'explique Jean Laussucq, l'adjoint en charge de l'urbanisme dans le 7e, qu'il juge nécessaire en particulier «aux abords de la tour Eiffel». Mais pour l'élu, il faut en effet «remettre à plat le projet et le repenser en partant des besoins du site et des attentes des riverains».

Le 12 octobre dernier devant le Conseil de Paris, le nouveau préfet de police de Paris Laurent Nuñez avait déjà fait part de ses «inquiétudes» à l'ensemble des élus parisiens au sujet de ce projet de réaménagement, émettant clairement quelques réserves, notamment au sujet du plan de circulation souhaité par la municipalité.

Il avait alors rappelé la compétence qui est la sienne en tant que préfet de police de Paris d'assurer la «bonne fluidité de circulation» autour «des sites sensibles» et «sur les voies qui permettent d'acheminer les secours et les véhicules d'intérêt général» et avait alors soutenu «l'avis défavorable» de son prédécesseur, le confirmant «à ce stade et en l'état de connaissance de ce dossier».

Pas de restriction de circulation 

«Concernant les difficultés de circulation autour du projet qui est envisagé, je confirme que la préfecture de police a un certain nombre d'inquiétudes sur le sujet et que mon prédécesseur avait écrit à la maire de Paris Anne Hidalgo en mai dernier sur ce point de vue», s'était-il ainsi exprimé.

Une lettre datée du 10 mai 2022 justement reprise dans l'argumentaire du tribunal administratif, qui relève que le préfet de police de l'époque [Didier Lallement, ndlr] avait «informé la ville de Paris de son opposition au projet de restriction de la circulation dans le secteur de la Tour Eiffel tel qu'il [avait] été adopté au Conseil de Paris et, par conséquent, qu'il ne cosignera aucune mesure réglementaire formalisant une modification de la police de la circulation et du stationnement liée à ce projet».

En conséquence, la suppression des voies de circulation sur le quai Branly (7e), la réduction de l'avenue de la Motte-Picquet (15e) à une voie de circulation ainsi que le nouveau rond-point en forme de fer à cheval prévu sur la place du Trocadéro (16e) sont autant d'aménagements urbanistiques prévus par la municipalité parisienne qui ne pourront pas en l'état être réalisés dans le cadre de ce projet.

En cause ? Le risque d'une augmentation générale du trafic dans toutes les zones citées ci-dessus, avec «des reports de circulations» et autres «retenues» possibles sur les voies qui desservent ces quartiers de l'ouest parisien, pointe le tribunal administratif. Et ce, alors qu'il existe aussi, selon l'institution, des risques d'une potentielle dégradation «des délais d'intervention des véhicules de secours et de sécurité en cas de sinistre au Palais de Chaillot» par exemple.

Un coup dur pour la municipalité parisienne, qui avait déjà revu à la baisse son projet en octobre dernier, face à la mobilisation d'associations écologistes contre l'abattage d'arbres sur le site. Au total, 5 % avaient été tout bonnement abandonnés, comme l'avait expliqué Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la Ville de Paris. L'adjoint chargé de l'urbanisme avait néanmoins assuré que «95 % du projet OnE» seraient conservés, avec «une continuité paysagère du Trocadéro au Champ-de-Mars, fidèle au dessin d'origine et respectueuse du patrimoine»

Concrètement, la municipalité parisienne avait pris la décision de retirer de son projet la construction des bagageries, cafés et boutiques qui auraient dû être érigés aux pieds de la tour Eiffel, et qui prendront finalement place dans des constructions existantes, à l'instar du Centre d'information et de documentation jeunesse Emile Anthoine, situé à côté. Un réaménagement qui doit débuter après les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Avec un tel stop, ce n'est plus seulement 5 % qui devra être revu, mais bien plus. D'autant que tout le réaménagement compris entre la place et les jardins du Trocadéro devait être réalisé pour les JO de Paris 2024. Sur la place, le rond-point existant devrait être supprimé et la circulation déviée, au profit du doublement de la surface végétalisée, qui devait passer de 2.500 à 4.500 m2.

Interrogée à ce sujet, la municipalité parisienne fait savoir ce mercredi que «personne ne peut se satisfaire en l'état de la situation des sites Trocadéro – Tour Eiffel», estimant qu'«aujourd’hui, le Trocadéro est un rond-point pollué, bruyant et dangereux». Et de marteler : «Paris doit être au rendez-vous pour accueillir le monde entier en 2024. La Ville fera ce qu'il faut pour que le site soit à la hauteur de ce qu'il mérite».

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