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Île-de-France : l'opposition réclame une «mission d'enquête» sur les coûts de la privatisation des transports

L'ouverture à la concurrence du réseau de bus à Paris et en petite couronne est prévue pour le 1er janvier 2025. L'ouverture à la concurrence du réseau de bus à Paris et en petite couronne est prévue pour le 1er janvier 2025. [© Sameer Al-Doumy / AFP]

La privatisation des transports en commun franciliens fait toujours polémique. Alors que les premiers appels d'offre pour l'ouverture à la concurrence du réseau de bus à Paris et en petite couronne sont en cours d'élaboration, les élus de gauche ont réclamé, ce lundi 27 février, l'ouverture d'une «mission d'enquête».

L'opposition est en marche en Ile-de-France. Se disant «inquiets» de la privatisation des transports publics de la région, une cinquantaine d'élus franciliens – membres des différents groupes d'opposition au Conseil régional – réclament donc «l'ouverture d'une mission d'enquête» afin que soient calculés «les coûts et les conséquences de la privatisation des transports».

Le sujet débattu au prochain conseil régional

Concrètement, ils demandent à la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse l'ouverture d'une mission d'information et d'évaluation (MIE) «sur les coûts, les conséquences directes et indirectes ainsi que les risques sociaux, règlementaires et économiques» de l'ouverture à la concurrence, qu'ils nomment aussi «privatisation de l'exploitation», des transports de la région. Décision qui serait soumise au vote des élus lors du Conseil régional des 29 et 30 mars prochains.

L'enjeu selon eux ? Que la santé financière déjà «préoccupante» d'Ile-de-France Mobilités (IDFM), qui est l'autorité organisatrice des transports en commun dans la région, soit mise à mal, alors qu'ils estiment que «le financement des investissements nécessaires à la privatisation implique l'obtention de nouvelles recettes et/ou le report voire l'abandon de projets d'investissements» déjà prévus par IDFM.

En outre, ils assurent que la préparation de l'ouverture à la concurrence «engendre dès à présent des difficultés sociales et organisationnelles considérables au sein des opérateurs qui ne sont pas étrangères aux difficultés d'exploitation actuelles». Et de déplorer notamment «de nombreux aspects règlementaires, sociaux et techniques qui ne sont pas réglés à moins de vingt mois du transfert des 19.000 salariés RATP aujourd'hui affectés au réseau de bus».

Un report du calendrier à prévoir ?

Pour rappel, en Ile-de-France, l'ouverture à la concurrence du réseau de bus a déjà été réalisée en grande couronne avec 135 contrats signés entre IDFM et les opérateurs compétents, et devrait bientôt l'être sur le réseau de bus à Paris et en petite couronne. Au 1er janvier 2025, le réseau aujourd'hui intégralement géré par la RATP serait donc divisé en 12 lots, auxquels pourront prétendre la RATP mais aussi d'autres opérateurs venus d'ailleurs.

Les délais seront-ils tenus ? La question se pose, alors que la présidente de la région Valérie Pécresse semble faire front, seule, pour tenir le calendrier. Une fois n'est pas coutume, la maire de Paris Anne Hidalgo et le gouvernement – par la voix de son ministre délégué aux Transports Clément Beaune – sont unis par l'inquiétude que l'ouverture à la concurrence pourrait engendrer une désorganisation du service public de transports, en plein milieu des JO de Paris 2024.

«Incompatible avec les Jeux de Paris» selon Anne Hidalgo, l'ouverture à la concurrence du réseau de bus parisien serait selon elle «synonyme de dégradation du service au public», alors que Clément Beaune n'avait pas fermé la porte début janvier à un report du calendrier, renvoyant la balle à Valérie Pécresse. «A elle d'abord de nous dire la situation et les risques, nous en discuterons, et je suis ouvert à toutes les options», avait-il insisté.

Celle-ci avait retorqué ne pas vouloir «céder au chantage» et s'était montrée déterminée à s'en tenir au calendrier initial. Ne pas le faire serait «injuste pour les voyageurs», a-t-elle assuré, expliquant que «cela permet d'éviter qu'une entreprise en situation de monopole puisse prendre en otage les voyageurs, et dégrader la qualité de service», faisant clairement référence à la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui la RATP.

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