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Bertrand Pancher, président du groupe Liot : «Les Républicains doivent entendre le désaccord de nos concitoyens»

Le président du groupe Liot Bertrand Pancher regrette le manque d'écoute du gouvernement et son entêtement à faire passer sa réforme des retraites. [LUDOVIC MARIN / AFP]

Avant l’examen de la motion de censure transpartisane ce lundi 20 mars, Bertrand Pancher, président du groupe parlementaire Liot à l’Assemblée nationale, revient pour CNEWS sur les chances que celle-ci aboutisse.

Opposé au projet de réforme des retraites, le groupe indépendant Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) est au cœur de l’attention après avoir déposé une motion de censure transpartisane. Celle-ci, qui sera examinée ce lundi 20 mars dans l’Hémicycle de l’Assemblée nationale, aura besoin d’un important soutien des élus Les Républicains pour être adoptée.

Pour Bertrand Pancher, député de la Meuse et président du groupe, cette motion de censure n’est que le fruit d’une opposition qui n’a pu que trop peu exprimer son désaccord face à un gouvernement décidé coûte que coûte à faire passer son projet.

A la veille de l’examen de la motion transpartisane déposée par votre groupe, êtes-vous confiant ?

Pour passer elle aura besoin de la mobilisation des députés des Républicains, qui subissent une forte pression. Ils craignent la dissolution mais nous avons besoin de leurs votes. J’espère que nous allons y arriver. Dans le cas où cette motion est rejetée, Michel Debré, père de la Ve République, disait qu’en cas de désaveu du président de la République, deux solutions existent : une dissolution ou un referendum.

Comment analysez-vous cette réticence des élus des Républicains ?

Je vois les déclarations d’un certain nombre de collègues LR. Pour le moment, peu ont indiqué vouloir voter cette motion de censure. Je leur dis de ne pas avoir peur, c’est la seule façon de faire en sorte que cette réforme des retraites, qui est pour moi injuste, ne passe pas. Ils doivent entendre le désaccord de nos concitoyens sur ce projet.

Votre motion de censure réunit la Nupes et le RN, il était nécessaire pour vous de jouer le rôle du fédérateur dans cette opposition ?

Le fait que nous soyons un groupe parlementaire indépendant a beaucoup compté dans cette volonté de déposer notre motion de censure. Nous regroupons des élus de divers horizons, ce qui nous permet de rassurer. Notre ADN, c’est l’humanisme. Nous rêvons d’un développement humain, économique, social et environnemental. Ce n’est pas «l’un contre l’autre». Par conséquent, notre position, qui devrait être celle du bon sens pour tous, parvient à fédérer. Je ressens notre capacité à rallier l’ensemble des suffrages de l’Assemblée nationale derrière nous.

Allez-vous voter la motion de censure déposée par le Rassemblement national ?

Dans un premier temps nous allons voter pour la nôtre. C’est celle qui a le plus de chances de passer.

En tant que président d’un groupe parlementaire, aviez-vous alerté Elisabeth Borne sur l’utilisation de l’article 49.3 ?

Oui et à plusieurs reprises. Je lui ai dit, lors d’une rencontre avec les présidents des différents groupes, qu’il fallait faire très attention avec la mesure d’âge voulue dans le projet de réforme des retraites, que cela allait être très contesté. J’ai proposé d’autres solutions permettant d’équilibrer à terme notre système de retraite, et de d’abord commencer par la question de l’emploi des séniors. Elle n’y a pas prêté attention et nous voyons bien dans quelle situation nous sommes désormais.

Regrettez-vous cette incapacité d’être parfois entendu par le gouvernement ?

Personne n’arrive à se faire entendre. C’est le signe d’une démocratie gravement malade et d’une concentration des pouvoirs qui est inouïe. Les corps intermédiaires sont bafoués, la population n’est pas écoutée et on marche sur le Parlement. Nous avons l’impression que ce projet de loi est la volonté d’un seul. Celle du président Emmanuel Macron, accompagné de quelques hauts fonctionnaires, contre tout le monde. Ce n’est pas possible.

Est-ce à cause de ce manque de considération que les mobilisations s’endurcissent selon vous ?

Le feu couve sous la cendre depuis plusieurs années en France. Il ne faut pas oublier le mouvement des gilets jaunes. Le premier devoir d’un dirigeant c’est d’écouter et de ne pas exercer un pouvoir solitaire. Nos concitoyens sont conscients de notre situation économique, sociale et environnementale. Ils savent que, sur la question des retraites, un problème de déficit va s’intensifier. Mais cette façon abrupte d’allonger ainsi l’âge de départ à la retraite n'est pas tolérable.

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