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Immeuble effondré à Marseille : combien de temps une victime peut-elle survivre sous les décombres ?

Les causes exactes de l’effondrement sont encore inconnues. [CLEMENT MAHOUDEAU / AFP]

Alors qu’un sixième corps a été extrait des décombres ce lundi, après l’effondrement d’un immeuble à Marseille (Bouches-du-Rhône), peu d’espoir demeure pour les quatre autres personnes qui restent portées disparues. Alors que chaque minute compte, combien de temps une victime peut-elle survivre sous les décombres ?

Le drame s’est produit dans la nuit de samedi à dimanche, vers 00h40, au 17 rue de Tivoli, en plein cœur de la cité phocéenne. Si les causes exactes de l’effondrement restaient encore inconnues ce lundi, le bilan provisoire fait état de six morts et cinq blessés. Deux autres personnes pourraient toujours se trouver sous les décombres. Une situation qui ne laisse que peu d’espoir quant à leur chance de survie. 

En effet, «cela dépend de plusieurs facteurs», déclarait Murat Harun Ongoren, coordinateur de l'AKUT (Association turque de recherche et de sauvetage) à la BBC. Cet expert avait été invité à s’exprimer sur les chances de survie des victimes qui se trouvaient sous les décombres d’immeubles, après le terrible tremblement de terre survenu en Turquie et en Syrie, en février dernier. «La position du survivant lorsqu'il est pris dans l'effondrement, l'accès à l'air et à l'eau, le climat, les conditions météorologiques et la condition physique de la personne piégée influencent tous la durée de sa survie», précisait-il. 

La position 

Le premier critère déterminant pour la survie est la position. En effet, selon Murat Harun Ongoren, lors des quelques secondes de tremblement qui précèdent l’effondrement, les réflexes à avoir peuvent être la clé de la survie. Bien qu’il soit quasi-impossible de prévoir un effondrement, il faut, dans la mesure du possible, «se jeter, se couvrir et se maintenir». Plus concrètement, il faut se laisser tomber à genoux sur le sol, se couvrir si possible sous une table ou un bureau, et se cramponner de toute ses forces. 

L'eau et l'oxygène 

D’autre part, un apport en air et en eau est essentiel pour rester en vie lorsqu'on est coincé sous un bâtiment effondré. «Chaque adulte perd jusqu'à 1,2 litre d'eau par jour», a également expliqué l'expert interrogé par la BBC. «Cela correspond à l'urine, l'expiration, la vapeur d'eau et la sueur». Selon certaines estimations, une victime peut survivre sans eau pendant trois à sept jours, mais «plus les heures passent, plus le problème de la déshydratation va se poser», expliquait quant à lui l’urgentiste Gérald Kierzek sur le plateau du Magazine de la santé, en février 2017.  

Il en effet possible que les réserves d’oxygène soient suffisantes et que l’air circule dans les décombres, mais le manque d’eau se révèle souvent fatal dans un second temps. Les survivants de longue durée ont d’ailleurs tous en commun la chance d’avoir pu trouver une source d’eau, même faible, via le ruissellement des eaux de pluie ou leur transpiration.

Le niveau des blessures 

Autre élément déterminant : le niveau des blessures. En effet, perdre du sang diminue les chances de survivre au-delà de vingt-quatre heures. Pour maximiser leurs chances, les blessés doivent donc être capable de se faire un garrot en cas d’hémorragie. Néanmoins, si une personne a subi un traumatisme crânien ou d'autres blessures graves et qu'elle a peu de place pour respirer, elle a peu de chances de survivre plus de vingt-quatre heures dans les décombres. 

Par ailleurs, même ceux qui ont été sauvés des décombres peuvent mourir par la suite, en raison du «syndrome d'écrasement», aussi appelé «crush syndrome». Ce syndrome se produit lorsque les muscles sont endommagés par la pression des décombres. Dans ce cas, les muscles produisent une toxine, et une fois les gravats enlevés, la toxine se répand dans l'organisme avec de graves ramifications pour la santé. «Tout ce qu'une victime avait dans les cellules mortes va se déverser dans le sang», détaillait Gérald Kierzek pour le Magazine de la santé. Notamment «l’ion le plus menaçant»le potassium, qui est contenu en grande quantité dans les tissus musculaires.

Le climat 

Enfin le dernier élément déterminant pour la survie des victimes réside dans le climat qui abrite la catastrophe. «Un adulte typique peut supporter des températures aussi basses que 21 °C sans que son corps ne perde sa capacité à retenir la chaleur. Mais lorsqu'il fait plus froid, c'est une autre histoire», explique Murat Harun Ongoren. À ce moment-là, la température du corps suit essentiellement la température ambiante.

«La vitesse à laquelle l'hypothermie se produira dépendra du degré d'isolement de la personne ou de la quantité d'abris dont elle dispose. Mais au final, beaucoup des moins chanceux feront une hypothermie dans ces circonstances», précise-t-il. En été au contraire, si l'endroit clos est trop chaud, la personne pourrait perdre de l'eau trop rapidement, ce qui affaiblirait ses chances de survie.

Des miracles possibles 

Malgré le peu d'espoir qui règne dans ce type de situations, de nombreux miracles se sont produits dans des cas similaires par le passé. En 1995, par exemple, après un tremblement de terre en Corée du Sud, un homme a été sorti des décombres après dix jours de survie. Il s'était maintenu en vie en buvant de l'eau de pluie et en mangeant une boîte en carton. Il avait joué avec un jouet d'enfant pour garder son esprit actif.

Lors du terrible tremblement de terre qui avait frappé Haïti en 2010, un jeune homme avait également survécu vingt-sept jours enseveli avant d’être secouru. Une histoire incroyable, qui rappelle celles, compilées par la Dépêche du Midi, de deux Philippins ayant passé deux semaines à boire de l’eau suintante dans les ruines de leur hôtel en 1990 ou, plus récemment, d’une Pakistanaise ayant vécu deux mois dans les décombres de sa maison, se nourrissant d’aliments avariés et s’hydratant grâce au ruissellement des eaux de pluie.

Dans le cas de Marseille, une trentaine d'immeubles ont été évacués par précaution. Quatre rues sont concernées, pour 90 foyers et 186 personnes, a indiqué le ministre du Logement, Olivier Klein. Si l'immeuble concerné n'était pas vétuste, la question du mal-logement est très sensible à Marseille, où plusieurs effondrements mortels d'immeubles ont eu lieu au cours des quarante dernières années. Le dernier date de novembre 2018, lorsque deux bâtiments du quartier de Noailles se sont écroulés, causant la mort de huit personnes.

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