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Amélie Oudéa-Castéra : ce que l’on sait du collège Stanislas où sont scolarisés ses enfants

Amélie Oudéa-Castéra a affirmé avoir scolarisé ses enfants à Stanislas en raison des absences des professeurs à l'école publique Amélie Oudéa-Castéra a affirmé avoir scolarisé ses enfants à Stanislas en raison des absences des professeurs à l'école publique. [REUTERS/Benoit Tessier]

À peine arrivée au ministère de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra a créé la polémique en justifiant la scolarisation de ses enfants au collège Stanislas situé dans le 6e arrondissement de Paris. L’établissement d’excellence est pourtant accusé de sexisme et d’homophobie.

À Stanislas, on ne porte ni basket, ni sweat-shirt, et les coupes de cheveux comme les tenues vestimentaires sont inspectées à la loupe. Le prestigieux établissement du 6e arrondissement de Paris, qui accueille des élèves de la maternelle aux classes préparatoires, est à nouveau sous le feu des projecteurs, après les propos de la ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, qui y a scolarisé ses trois enfants.

Si la justification de la ministre a scandalisé le milieu de l’éducation, affirmant avoir fait le choix du privé car les heures de cours dans l’école publique où était scolarisé son aîné n’étaient pas assez sérieusement assurées ou remplacées, le choix du nouvel établissement a également fait débat.

Le groupe scolaire Stanislas a vu passer de nombreuses personnalités, comme le Général de Gaulle, l’écrivain Anatole France, les anciens ministres François Baroin, Jean-Michel Blanquer, ou encore le couturier Christian Dior. C'est un établissement privé sous contrat, où les frais de scolarité sont compris entre 2.000 et 2.500 euros par an entre l'école primaire et le lycée.

Un règlement intérieur strict

Il affiche par ailleurs d’excellent résultats aux différents examens et concours (100% de réussite au baccalauréat, avec 100% de mention, régulièrement dans le trio de tête au Concours général). L’établissement, en plus de sa formation d’excellence, promet aux élèves un véritable accompagnement dans leur «vie spirituelle», ancrée dans la foi catholique, avec la possibilité d’assister à deux messes quotidiennes, et des temps de prière proposés tout au long de la journée.

À l’école, c’est tenue correcte exigée pour tous les élèves. Les baskets sont proscrites, et remplacées par des «chaussures de ville en cuir». «Tout vêtement contribuant à donner une allure de laisser-aller est prohibé», selon le règlement intérieur, ainsi que les piercings ou les bijoux ostentatoires. Pour les filles, la longueur des jupes est mesurée, ainsi que la hauteur des talons, les vêtements ne doivent pas être moulants. Pour les cérémonies, messes ou grands événements, le port du polo bleu marine au col blanc, brodé du blason de l’établissement, est obligatoire pour toutes et tous.

Par tenue, l’établissement dit faire autant référence à la tenue vestimentaire qu’à la tenue «morale» ou «intellectuelle», comme expliqué sur son site internet. C'est ainsi que se définit «l'esprit Stan», qui doit aussi bien respecté à l'école qu'en dehors. Ce n’est cependant pas toujours pour son impressionnant palmarès ou pour ses méthodes exigeantes que le lycée privé catholique est depuis quelques mois régulièrement cité dans les médias.

Accusations de sexisme et d'homophobie

En effet, en février dernier, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) a été saisie par le ministère de l’Éducation nationale d’une demande d’enquête administrative «suite à différents articles parus dans la presse concernant le collège Stanislas». Plusieurs enquêtes, notamment de Mediapart, faisaient en effet l’état de dérives homophobes et sexistes au sein de l’établissement.

En juin 2022, le média d’investigation publiait notamment une enquête, présentant différents témoignages, rapportant des insultes homophobes «omniprésentes», l’intervention de cadres de la Manif pour Tous auprès des élèves, voire la promotion de thérapies de conversion pour les élèves homosexuels.

Une enquête de l’Express également publiée en juin 2022 affirmait également que l’établissement invitait les jeunes adolescentes à la «pudeur», notamment pour ne pas être «être l'objet du regard des garçons». Dans son podcast «Défense de filmer», BRUT mettait également en avant les positions anti-IVG prônées par l’établissement, et le manquement ses obligations concernant les cours d’éducation à la sexualité, qui font partie du programme et doivent normalement apporter des informations scientifiques aux élèves, et permettre de faire de la prévention des risques, concernant la grossesse, les infections sexuellement transmissibles ou le VIH/sida.

Le rapport de l'enquête administrative dévoilé 

La saisine du ministère de l’Éducation nationale date de l’époque où Pap Ndiaye était ministre. Les conclusions de cette enquête auraient été remises rue de Grenelle en août dernier, selon Mediapart, mais n’ont pas été rendues publiques. Cette semaine, la cheffe des élus communistes Céline Malaisé a donc demandé à la nouvelle ministre en poste, Amélie Oudéa-Castéra, de «bien vouloir publier cette enquête» administrative et a fustigé le montant des subventions publiques versées à l’établissement privé, et ce malgré l’enquête en cours.

Ce mardi 16 janvier, Mediapart a publié la fameuse enquête administrative, que les journalistes ont réussi à se procurer. Le rapport fait état de différents témoignages d’élèves, de parents d’élèves ou de professeurs qui pointent des «dérives dans l’application du contrat d’association» avec l’État. Par exemple, le caractère obligatoire de la catéchèse n’est pas conforme à la loi Debré. En outre, l’enquête souligne les dérives de certains intervenants qui viennent enseigner le catéchisme. «Certains catéchistes expriment des convictions personnelles qui outrepassent les positions de l’Église catholique, par exemple sur l’IVG en tenant des propos remettant en cause la loi, ou susceptibles d’être qualifiés pénalement sur l’homosexualité», est-il notamment écrit. 

Interrogé par France 2 ce mercredi, Amélie Oudéa-Castéra a affirmé ne pas avoir ce rapport. Elle a évoqué un plan d’action d’une quinzaine de mesures concernant le Collège Stanislas, mais a affirmé «qu’aucun fait d’homophobie ni aucun fait de harcèlement» n’avait été remonté par le rapport de l'Inspection générale de l'éducation. 

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