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Le Pape dénonce "l'esclavage" après l'effondrement au Bangladesh

Le pape François le 1er mai 2013 à Rome [Gabriel Bouys / AFP] Le pape François le 1er mai 2013 à Rome [Gabriel Bouys / AFP]

Les secours au Bangladesh ont estimé mercredi que plus de 500 personnes pourraient avoir trouvé la mort dans l'effondrement la semaine dernière d'un immeuble de l'industrie textile, un secteur dénoncé par le pape pour le "travail d'esclave" imposé aux ouvriers.

Le pire accident de l'histoire industrielle dans ce pays défavorisé d'Asie du sud, qui a jeté une lumière crue sur les "ateliers de misère" utilisés par les marques occidentales d'habillement, a fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de manifestants en ce jour de fête du travail.

Plusieurs milliers de travailleurs brandissant des banderoles et des drapeaux rouges scandaient "Pendez les tueurs, pendez les propriétaires d'ateliers" lors de défilés pacifiques organisés dans la capitale, Dacca. Des manifestations après le drame de mercredi dernier avaient été émaillées de violences.

Au Vatican, le pape François a condamné le "travail d'esclave" des victimes de l'accident, ajoutant sa voix à celle d'organisations de défense des ouvriers qui dénoncent depuis des années leurs conditions de travail. En novembre, un incendie dans une usine textile avait déjà fait 111 morts près de Dacca.

"Le titre qui m'a vraiment frappé le jour de la tragédie du Bangladesh était +Vivre avec 38 euros par mois+. C'est ce qu'étaient payés tous ces gens qui sont morts. C'est ce qu'on appelle du travail d'esclave", a déclaré le pape dans son homélie citée par radio Vatican.

Des personnes manifestent pour demander la peine de mort du propriétaire du Rana Plaza, le 30 avril 2013 à Dacca [Munir Uz Zaman / AFP]
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Des personnes manifestent pour demander la peine de mort du propriétaire du Rana Plaza, le 30 avril 2013 à Dacca
 

En fait, les salaires sont encore plus bas au Bangladesh que ceux suggérés par le pape: le minimum salarial mensuel habituellement versé aux ouvriers n'excède pas 38 dollars, soit 29 euros, pour six jours de travail par semaine et dix heures par jour.

"Le bilan est désormais de 405 morts", a déclaré à l'AFP un lieutenant de l'armée, Mir Rabbi, précisant que 2.437 personnes avaient été secourues.

Un général de l'armée, Chowdhury Hasan Suhrawardy, a en outre annoncé que 149 personnes étaient toujours portées disparues, selon une liste dressée par des responsables locaux avec l'aide de proches.

Selon Kamrul Anam, l'un des dirigeants de la Ligue bangladaise du textile et de l'habillement, les ouvriers ne décolèrent pas après le "meurtre" de leurs collègues, tués dans l'effondrement du Rana Plaza, un immeuble de huit étages à Savar, dans la périphérie de Dacca. "Nous voulons la punition la plus sévère possible pour les responsables de cette tragédie", a-t-il dit à l'AFP.

Sohel Rana, le propriétaire  du Rana Plaza, le 30 avril 2013 à Dacca [ / AFP]
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Sohel Rana, le propriétaire du Rana Plaza, le 30 avril 2013 à Dacca
 

A Dacca, la police évaluait à environ 20.000 le nombre de manifestants participant au principal défilé. D'autres rassemblements étaient organisés dans les grandes villes.

Le gouvernement au Bangladesh devait répondre aux critiques sur plusieurs fronts, mis en demeure d'améliorer la sécurité des travailleurs du textile et soupçonné par les familles des victimes d'avoir refusé l'aide de secouristes étrangers.

Il a annoncé un plan d'inspection des usines mais récusé les accusations de négligence dans les opérations de sauvetage et de récupération des corps ensevelis sous des tonnes de béton et d'acier.

Sept personnes ont à ce stade été arrêtées et poursuivies pour homicides involontaires. Parmi elles, le propriétaire du Rana Plaza et des ingénieurs qui avaient donné le feu vert aux ouvriers pour revenir travailler en dépit de fissures constatées, ont comparu devant la justice avec des gilets pare-balles.

L'immeuble abritait cinq ateliers de confection notamment liés aux marques espagnole Mango et britannique Primark.

Les secours s'activent autour de l' immeuble effondré le 24 avril 2013 à Savar, dans la banlieue de Dacca [Munir Uz Zaman / AFP/Arvhices]
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Les secours s'activent autour de l' immeuble effondré le 24 avril 2013 à Savar, dans la banlieue de Dacca
 

Primark s'est engagé à "verser des indemnités aux victimes de cette catastrophe qui travaillaient pour son fournisseur" et notamment aux enfants ayant perdu leurs parents. Le groupe canadien de distribution alimentaire Loblaw a également annoncé son intention d'apporter une aide "percutante et significative" aux familles de victimes employées par son fournisseur et de "favoriser la mise en place de changements afin d'éviter qu'un tel incident ne puisse se reproduire".

La plupart des 4.500 usines du textile étaient fermées depuis une semaine, un coup d'arrêt brutal pour l'économie du pays alimentée en grande partie par les 20 milliards de dollars annuels générés par cette industrie.

La Première ministre, en s'adressant au parlement mardi soir, a exhorté les ouvriers à reprendre le travail et critiqué les attaques dont ont été la cible plusieurs usines. "Je voudrais dire aux ouvriers de garder la tête froide, de maintenir les usines opérationnelles, sinon vous allez perdre votre travail", a-t-elle lancé.

 
Les Nations unies avaient proposé d'envoyer au Bangladesh des experts pour épauler le travail des secours quelques heures après l'effondrement, une offre refusée par le gouvernement, selon l'ONU.

Le directeur général adjoint de l'Organisation internationale du travail (OIT), Gilbert Houngo, était attendu à Dacca mercredi pour parler avec les autorités de l'amélioration des conditions de sécurité.

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