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Biennale de Venise: première participation du Saint-Siège

L'installation du pavillon du Saint-Siège à la biennale de Venise, le 29 mai 2013 [Gabriel Bouys / AFP] L'installation du pavillon du Saint-Siège à la biennale de Venise, le 29 mai 2013 [Gabriel Bouys / AFP]

Peintures, photos et vidéos : pour sa toute première participation à la Biennale de Venise, le Saint-Siège, plus petit Etat du monde, a choisi des supports délibérément modernes démontrant une volonté de renouer avec l'art contemporain.

"Nous avons essayé de mélanger des langages différents", explique à l'AFP Micol Forti, directrice des collections d'art contemporain des musées du Vatican, au pavillon du Saint-Siège, installé dans l'Arsenal de la Sérénissime à proximité du pavillon de l'Argentine, la patrie du pape François.

"Une liberté absolue a été laissée aux artistes, qui ont travaillé en totale autonomie", souligne Micol Forti, alors que les relations de l'Eglise catholique avec le monde artistique se sont distendues au fil des siècles après avoir connu une apogée pendant la Renaissance.

C'est d'ailleurs en forme d'hommage à "La création de l'homme", le chef-d'oeuvre de Michel-Ange à la chapelle Sixtine, qu'a été choisi le thème du pavillon : les douze premiers chapitres de la Genèse.

A partir de ce sujet, trois artistes ont donné naissance à un triptyque : création, dé-création et re-création.

La Création -- qui raconte la création du monde et des êtres vivants, dont l'homme et la femme-- a été confiée à un groupe d'artistes italiens, le Studio Azzurro (Milan), qui, à travers une installation interactive et multimédia, place le visiteur au centre d'un "mouvement physico-sensoriel et mental".

Une sculpture de Marc Quinn, exposée pour la biennale de Venise, le 29 mai 2013 [Gabriel Bouys / AFP]
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Une sculpture de Marc Quinn, exposée pour la biennale de Venise, le 29 mai 2013

La Dé-création (allusion au "Déluge"), sur "la destruction éthique et matérielle" par l'homme qui "s'oppose" au projet de Dieu, est illustrée par des photos géantes en noir et blanc du célèbre photographe tchèque Josef Koudelka, qui avait pris des clichés des chars russes à Prague en 1968.

Thèmes de ces photos : les destructions causées par le temps, l'histoire, les guerres...

Enfin, pour la "Re-création", le peintre américain d'origine australienne Lawrence Carroll, à mi-chemin entre arte povera et art conceptuel, a redonné vie à des matériaux de récupération pour exprimer un nouveau départ vers un monde guidé par Dieu.

Le pavillon, qui s'étend sur 500 m2, a été financé par des sponsors privés, du groupe énergétique ENI à la banque Intesa SanPaolo. Le destin des oeuvres à l'issue de la Biennale n'a pas encore été fixé.

Cette présence de l'Eglise catholique à la Biennale vise à "rétablir un dialogue interrompu" et à remédier à "un divorce qui s'est consommé mais qui n'a jamais été total et absolu" entre l'art et la foi, avait expliqué lors de la présentation du projet le "ministre de la Culture" du Vatican, le cardinal Gianfranco Ravasi.

"C'est une pousse, pas un arbre", avait-il averti, précisant que ce projet "modeste" était destiné à susciter une réflexion chez les visiteurs et s'inscrivait dans l'ambition plus large de faire dialoguer foi et monde moderne.

Des visiteurs admirent une oeuvre du pavillon du Saint-Siège à la Biennale de Venise, le 29 mai 2013 [Gabriel Bouys / AFP]
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Des visiteurs admirent une oeuvre du pavillon du Saint-Siège à la Biennale de Venise, le 29 mai 2013

Le cardinal Ravasi avait souligné la continuité de l'engagement de l'Eglise pour l'art : non seulement les commandes du pape Jules II à Michel-Ange pour la Chapelle Sixtine, mais aussi un intérêt depuis le Concile Vatican II.

"Nous ne nous appuyons pas sur du vide", avait-il dit, rappelant que Paul VI avait voulu dès 1973 la collection d'art moderne des musées du Vatican, et que le Saint-Siège a participé, depuis 1851, aux expositions universelles.

La présence du Saint-Siège à Venise est-elle amenée à se pérenniser? "Benoît XVI avait suivi de très près ce projet (...) et c'était le projet initial de s'installer sur le long terme", rappelle Micol Forti.

Reste à savoir si le pape François suivra cette orientation, qui vise, selon Micol Forti, à "être de nouveau dans le présent, en renouant avec la tradition des commandes".

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