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Bosnie: le président du TPIY se recueille sur le site d'un charnier

Le président du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Theodor Meron (D), à Tomasica le 15 novembre 2013 [Elvis Barukcic / AFP/Archives] Le président du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Theodor Meron (D), à Tomasica le 15 novembre 2013 [Elvis Barukcic / AFP/Archives]

Le président du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Theodor Meron, s'est recueilli lundi, très ému, sur le site d'un grand charnier qui renfermait des centaines de victimes de guerre du "triangle de l'horreur" de Prijedor, dans le nord-ouest de la Bosnie.

"C'est très difficile pour moi de m'exprimer à cet endroit où on se trouve face à l'horreur qu'un homme est capable d'infliger à un autre", a déclaré M. Meron, lui-même ancien détenu d'un camp nazi en Pologne pendant la Seconde guerre mondiale.

Avant de se rendre à Sarajevo, le président du TPIY a visité le site de Tomasica, une ancienne mine de fer près de Prijedor où les forces serbes de Bosnie avaient enterré, selon des enquêteurs, environ 900 cadavres de victimes musulmanes et croates tuées au début de la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-95).

L'exhumation a commencé à Tomasica début septembre, 21 ans après les massacres, et les restes de 430 victimes y ont été exhumées à ce jour, a précisé à l'AFP un médecin légiste, Mujo Begic.

"Cet endroit a une signification très spéciale pour moi. Parce qu'il ressemble un peu à un site sur une carrière qui se trouvait non loin de la ville où je passais mes années de guerre, à Czestochowa, en Pologne, où ma mère a été tuée", a dit M. Meron, le visage figé par l'émotion.

"Ça représente pour moi bien plus que la théorie du droit international", a-t-il poursuivi.

Des experts de médecine légale ont été contraints par l'arrivée de l'hiver d'interrompre cette semaine leurs recherches sur le site de Tomasica.

Ce charnier qui a été découvert grâce aux informations fournies par d'anciens militaires serbes de Bosnie est un des plus grands de Bosnie.

"Des membres des forces serbes de Bosnie ont transporté ici entre mai et la mi-août 1992 les cadavres de victimes qui ont été tuées dans plusieurs localités de la région de Prijedor et dans le camp de Keraterm", affirme M. Begic.

Après la prise de contrôle de la région de Prijedor par les forces serbes de Bosnie, en avril 1992, les membres des communautés non-serbes en ont été chassés et tués. Plusieurs milliers de personnes ont été incarcérées dans des camps de détention.

Les premières images de détenus squelettiques de ces camps (Omarska, Keraterm, Trnopolje) avaient alerté en août 1992 l'opinion mondiale sur la campagne de "purification ethnique" menée en Bosnie.

"Ils avaient bien dissimulé ce site. Mais, tôt ou tard, la terre met au jour ce qu'elle renferme", a dit à l'AFP sur le site de Tomasica, Fikret Alic, ex-prisonnier musulman de Trnopolje et de Keraterm dont la photo prise le 5 août 1992, montrant une silhouette émaciée derrière les fils barbelés, avait fait le tour du monde et révélé l'existence de ces camps.

L'Institut bosnien pour les personnes disparues recherche encore 1.200 victimes sur les 3.000 disparues dans la région de Prijedor.

Anciens chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, qui sont actuellement jugés devant le TPIY, sont inculpés aussi pour leur rôle présumé dans des crimes commis dans la région de Prijedor.

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