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Il y a un an Benoît XVI renonçait à être pape

Le pape Benoît XVI, le 10 octobre 2012 place Saint-Pierre, à Rome [Vincenzo Pinto / AFP/Archives] Le pape Benoît XVI, le 10 octobre 2012 place Saint-Pierre, à Rome [Vincenzo Pinto / AFP/Archives]

L’annonce historique par Benoît XVI de sa démission, il y a un an, est saluée aujourd'hui comme une césure ayant débouché sur un renouveau de l'Eglise engagé par le pape François, beaucoup d’observateurs réévaluant le pontificat du pape allemand.

 

"Cela a été un grand acte de gouvernement qui a eu une incidence sur la vie de l'Eglise", a souligné le père jésuite Federico Lombardi, porte-parole de Benoît XVI, puis de François, sur Radio Vatican.

Désormais, un autre pape, s'il voit qu'il n'a plus les forces pour faire face aux défis d'une Eglise d'1,2 milliard de baptisés, pourrait démissionner. Cela pourrait concerner un jour François ou un de ses successeurs, même si cela devrait rester exceptionnel, relèvent les vaticanistes.

Aucune cérémonie n'était annoncée mardi dans le plus petit Etat du monde, une discrétion voulue sans doute par le vieux pape allemand. Son successeur a toutefois tweeté un message en forme d'hommage: "je vous invite à prier ensemble avec moi pour Sa Sainteté Benoît XVI, un homme de grand courage et d’humilité".

Beaucoup de commentateurs saluaient mardi l'acte de "sagesse" et de "grandeur" de Joseph Ratzinger, à l'issue d'un pontificat impopulaire et tourmenté de huit ans, marqué par des scandales dans l'Eglise, des erreurs de communication de lui-même et de la Curie.

 

Aucune cérémonie

Le pape Benoît XVI, le 13 février 2013 à la Basilique Saint-Pierre de Rome [Gabriel Bouys, Gabriel Bouys / AFP/Archives]

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Le pape Benoît XVI, le 13 février 2013 à la Basilique Saint-Pierre de Rome
 

"Le vrai visage de Benoît XVI a été découvert après cet acte: l'affection, la douceur" notamment, a estimé Radio Vatican.

Le pape émérite de 86 ans vit retiré dans l'ancien monastère "Mater Ecclesiae" sur la colline du Vatican. Il lit, prie, écrit, reçoit, selon son ancien porte-parole.

"Curieusement, il n'a jamais été aussi présent sur la scène que depuis qu'il l'a quittée. L'image fausse du Panzerkardinal s'est effacée en un an", a commenté pour l'AFP le cardinal français Paul Poupard, en soulignant aussi que "tous" à la Curie "sont maintenant rassurés" sur la présence simultanée de deux papes.

"En un an, on est passé au Vatican de la stupeur et d'un brin de réprobation, à l'approbation sur fond de gravité", ajoute ce fin observateur de la Curie.

Le vaticaniste Marco Tosatti estime que "le travail obscur, ingrat et certainement peu valorisé (de Benoît XVI) de nettoyage interne de l'Eglise, de ses membres faibles et peu capables, a permis à l'Eglise de se présenter au monde sous un aspect nouveau".

Benoît a lutté fermement contre la pédophilie, le carriérisme, l'incohérence, la double morale, déblayant le terrain pour le pape François et sa "révolution de la tendresse", selon M. Tosatti.

Le pontificat de Ratzinger, observe Tosatti, interrogé par le site Il Sismografo, a permis "de donner naissance à un vrai après-Wojtyla" incarné par le règne de François.

Le "géant" polonais a marqué par sa forte stature l'Eglise pendant 27 ans, mais il a achevé son pontificat en laissant une Eglise entachée par de multiples scandales, notamment la pédophilie.

Dans un livre qui vient de paraître en France, "L'Homme qui ne voulait pas être pape" (Albin Michel), l'expert du Vatican Nicolas Diat dresse un portrait de Benoît XVI comme un homme humble et exigeant, trahi par son entourage, notamment avec le scandale des fuites "Vatileaks". "S'il est un pape qui a dû affronter la médiocrité, la bassesse vertigineuse et les petites rancunes à l'intérieur et à l'extérieur de l'Eglise, c'est sans conteste Benoît XVI".

Nicolas Diat montre que certains cardinaux n'avaient pas bien accepté son pontificat, qui selon eux ne devait être que de transition, et que d'autres manoeuvraient et intriguaient pour se positionner pour la succession.

Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat, dont ce livre montre bien qu'il était pour Benoît XVI l'ami des moments difficiles, était l'homme à abattre pour beaucoup dans la Curie. En raison de ses erreurs de jugement et de son incompétence diplomatique.

Bertone a confié mardi au quotidien Il Giornale: "Benoît XVI avait pris sa décision depuis un certain temps. Il m'en avait parlé à la mi-2012. Il sentait le poids de l'âge et surtout que, pour gouverner la barque de Pierre, et faire front aux défis de l'Eglise de notre temps, il fallait la vigueur du corps et de l'esprit".

 

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