En direct
A suivre

Européennes: en Scandinavie, le FN français a le mauvais allié

Affiche électorale du Parti populaire danois le 20 mai 2014 à Copenhague [Mads Nissen / Scanpix Denmark/AFP] Affiche électorale du Parti populaire danois le 20 mai 2014 à Copenhague [Mads Nissen / Scanpix Denmark/AFP]

Le Front national français semble s'être allié en Scandinavie au mauvais partenaire pour les élections européennes, les Démocrates de Suède qui sont à la peine, alors que brille une autre formation anti-immigration, le Parti populaire danois.

Selon les sondeurs, le parti danois (DF) peut prétendre comme le FN français à la première place dimanche sur l'échiquier politique de son pays, s'apprêtant à séduire plus d'un quart des votants, devant le parti social-démocrate au pouvoir. Le Danemark comptera 13 députés à Strasbourg.

Les quatre sièges que le DF pourrait décrocher, deux fois plus qu'en 2009, serait un apport précieux au groupe que le parti d'extrême droite français cherche à constituer au parlement européen. Mais le Parti populaire danois exclut toute discussion avec une formation qu'il considère comme antisémite et homophobe.

Sa campagne a exploité les craintes de voir le modèle scandinave, avec sa tradition de consensus social et de salaires élevés, menacé par des immigrés qui viendraient prendre des emplois pour une bouchée de pain. Le DF a aussi profité d'un débat passionné sur les droits aux allocations chômage et familiales des ressortissants de pays d'Europe de l'Est qui n'ont que brièvement travaillé au Danemark.

- Lois draconiennes sur l'immigration -

Faisant campagne mercredi devant la gare de Copenhague, le député européen Jeppe Kofod, tête de la liste sociale-démocrate, expliquait à l'AFP que les électeurs DF étaient mécontents face à "la situation économique très difficile qu'on a connu depuis la crise financière".

De 2001 à 2011, ce parti populiste de droite, qui n'a eu de cesse de demander un durcissement des lois sur l'immigration au Danemark en échange de son soutien aux conservateurs, a obtenu des lois parmi les plus draconiennes d'Europe.

Depuis son retour dans l'opposition, il a partiellement abandonné sa rhétorique anti-islam pour concentrer son discours sur la défense de la protection sociale pour les Danois.

Les sociaux-démocrates ont essayé de le contrer par des publicités dans les journaux, dénonçant les contradictions sur les questions sociales du chef de file du DF à Strasbourg. La chef de gouvernement Helle Thorning-Schmidt a, elle, affirmé qu'il n'y avait pas de preuve d'un "tourisme des allocations". Sans trop d'effet.

- Manifestations antifascistes -

En face de Copenhague, les Démocrates de Suède (SD) sont plus compréhensifs pour les idées de l'extrême droite française. Ils cherchent à décrocher leur premier député européen parmi les 20 envoyés par la Suède à Strasbourg. Les sondages lui prédisent environ 7% des voix, après des semaines d'un score beaucoup plus bas autour de 4 à 5%.

"Leur programme m'apparaît très sensé", disait la présidente du FN français Marine Le Pen à la radio publique suédoise (SR) mardi.

Les raisons de son moindre succès sont multiples. La Suède a connu ces dernières années une croissance plus élevée que le Danemark, affaiblissant le vote contestataire.

Paradoxalement, même si le parti suédois apprécie autant le FN que le parti danois ne le critique, les deux se soutiennent mutuellement. Et d'après le DF, ses amis suédois ont souffert d'atteintes à la liberté d'expression dans leur campagne.

Des manifestations antifascistes, parfois bruyantes et violentes, ont perturbé ses réunions publiques. Certains facteurs ont refusé de distribuer leurs bulletins de vote, des pompiers et infirmières ont refusé de recevoir leurs candidats, des affiches ont été vandalisées.

"Quand les Démocrates de Suède font une sortie publique, il faut toute une colonne de policiers pour les protéger. Ça dissuade beaucoup de gens", souligne Karsten Lorentzen, candidat DF.

En revanche, selon le secrétaire du parti Björn Söder, cette hostilité peut "motiver nos sympathisants à aller voter". Mais "ce n'est que depuis les législatives de 2010 qu'il y a un parti comme le nôtre ici. Si on veut des scores aussi élevés qu'au Danemark je pense qu'il faudra attendre le prochain scrutin", remarque-t-il.

Mais pour Ulf Bjereld, professeur de science politique à l'université de Göteborg, les Démocrates de Suède souffrent d'une image de formation sans influence, obnubilée par un thème unique, l'immigration. Les autres partis "ont souligné qu'il n'y avait pas de coopération possible avec SD", rappelle-t-il.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités