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Un millier de Français seraient candidats au jihad

Quelques-uns des bourreaux de Daesh.[AL-FURQAN MEDIA / AFP]

Le nombre de combattants français qui rejoignent les rangs de Daesh ne cesse de croître. Mais qui sont ces individus prêts à basculer ? 

 

«C’était un garçon gentil, qui ne posait aucun problème. Ils ont dû le droguer.» Lundi, à Bosc-Roger-en-Rou­mois (Eure), d’où est originaire Maxime, la stupéfaction se disputait à l’incompréhension. Car le Français de 22 ans est bien impliqué dans le dernier acte barbare de Daesh : la décapitation, filmée et mise en ligne dimanche, d’une vingtaine de prisonniers syriens et de l’otage américain Peter Kassig. Un massacre auquel pourrait avoir participé un autre Français. Comme eux, ils sont un millier à être impliqués dans le jihad en Syrie et en Irak. Certains y combattent, d’autres projettent de s’y rendre ou en sont revenus. Et plus les mois passent, plus leur nombre augmente.  

 

Pas un portrait-robot unique, une multitude de personnalités

Le profil des candidats au jihad est «multiforme», constate Roland Jacquard, président de l’Observatoire international du terrorisme. On retrouve ainsi des musulmans mais aussi des convertis, des personnes ayant reçu une éducation catholique, juive ou athée. Bien que des familles entières puissent partir, les candidats sont principalement de jeunes célibataires. Et contrairement aux idées reçues, ils ne sont pas forcément issus de milieux défavorisés. Les classes moyennes représentent le gros du contingent, mais les milieux populaires, comme aisés, sont concernés, note le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI). Le cliché du jihadiste multi-délinquant est aussi mis à mal, puisque selon le CPDSI, près de la moitié des «candidats» ne sont pas connus des autorités. Enfin, d’un point de vue géographique, le problème est partout : environ 90 départements français sont concernés.

 

Une motivation qui prend toutes les formes possibles 

A profils multiples, motivations multiples. Certains sont d’abord partis pour aider la population syrienne opprimée par le régime en place aux côtés des ­rebelles, mais Daesh s’est installé depuis sur le devant de la scène. On retrouve aujourd’hui les intégristes religieux, persuadés que Dieu leur impose de combattre. Mais aussi ceux qui veulent donner un sens à leur existence, se sentant dans une impasse. Ou encore ceux qui veulent pouvoir manier des armes et des explosifs, afin de vivre la guerre de près et éprouver un sentiment de puissance. Ils seraient, selon les spécialistes, parmi les plus dangereux.

 

Internet comme relais privilégié de la radicalisation religieuse 

Si la prison permet toujours de recruter, la principale arme des islamistes est Internet. Mise en scène quasi cinématographique d’exécutions, présence massive sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook... Daesh utilise une communication jamais vue auparavant avec al-Qaida. D’après le CPDSI, les recruteurs utilisent des «mythes» pour ­séduire les candidats, celui du «chevalier héroïque» pour les garçons ou celui de la «cause humanitaire» pour les filles. Et l’effet est démultiplié. «Pour 1 000 individus qui partent, combien fantasment sur le jihad derrière leur écran ?», s’interroge François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l’IRIS. 

 

Une prise en charge sur place, pas forcément de bon de sortie

La majorité des candidats rejoint la Syrie via la Turquie, facile d’accès depuis la France. Puis après la frontière, les candidats sont «pris en charge, un peu à la manière de touristes», explique Roland Jacquard. Daesh a créé ses institutions, sa propre monnaie et donne un emploi à ces nouveaux mercenaires. Entraînés, les apprentis jihadistes sont envoyés combattre et deviennent, pour un petit nombre d’entre eux, des bourreaux. Mais beaucoup, écœurés, tenteraient de repartir. Une exfiltration des plus difficiles, puisque Daesh refuse, de peur qu’ils ne livrent des informations aux autorités occidentales. Des tâches subalternes leur sont alors attribuées, loin du combat héroïque qu’ils avaient imaginé en partant

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