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Volontaire pour aller combattre l'Etat Islamique

Un membre de la milice Dwekh Nawsha en Irak. [SAFIN HAMED / AFP]

Les Français seraient de plus en plus nombreux à partir combattre Daesh. A 21 ans, Sounda* va s'engager dans les jours à venir auprès de la milice chrétienne Dwekh Nawsha en Irak, à 30km de Mossoul. Cet ancien soldat de l'armée française prépare son départ depuis plusieurs mois. 

 

A quel moment avez-vous pris la décision de partir combattre Daesh ?

Cela fait déjà plusieurs mois que je souhaite partir combattre Daesh. La communauté internationale ne fait rien pour défendre ces pauvres gens, et je me sens mal à l'idée de suivre ces événements tragiques sans agir. Moi et d'autres hommes nous engageons donc dans cette cause que nous trouvons juste. Il y a tout de même eu un élément déclencheur, qui m'a fait prendre conscience que j'allais réellement sauter le pas. Quand mon curé m'a donné son feu vert.

 

Vous allez vous engager aux côtés de la milice chrétienne Dwekh Nawsha. Pourquoi avoir choisi une milice chrétienne ?

Malgré mon appartenance à la religion chrétienne, ce n'est pas pour une raison religieuse que je vais m'engager auprès de cette milice. Je pense simplement que j'aurai plus d'affinité avec les membres de ce groupe, qui se construit comme une vraie famille. Même si la France était plus impliquée dans le conflit, ça ne changerait en rien mon engagement. 

 

Comment avez-vous connu l'existence de cette milice ?

J'ai connu l'existence de cette milice à travers les médias, et notamment des articles à propos du combattant britannique Tim Locks. Le projet m'a tout de suite plu. J'ai alors pris contact avec les membres de la milice via les réseaux sociaux. Puis j'ai rencontré un groupe de Français avec lequel je vais partir, par le même moyen. Mais mon choix d'intégrer cette milice n'a été motivé que par mon propre jugement.

 

"Dwekh Nawsha" signifie "futurs martyrs" en araméen. Cautionnez-vous ce nom ?

Je comprends parfaitement ce nom, qui ne me dérange pas. Mais à titre personnel je ne me rends pas en Irak pour devenir martyr. J'envisage de rentrer vivant en France, une fois que j'aurai le sentiment d'avoir été utile. J'espère pouvoir revenir au mois de septembre.

 

Comment s'est déroulé votre recrutement dans la milice ?

Le membre de la milice avec lequel je suis en contact m'a demandé de lui retranscrire mes motivations, pour juger de mon état psychologique en quelques sortes. Puis on m'a demandé mes compétences pour intégrer la milice. J'ai été accepté grâce à mon expérience des armes, par mon passage dans l'armée française. La milice cherche du personnel expérimenté, mais pas seulement dans le maniement des armes. Des personnes travaillant dans le domaine médical ou encore le génie civil sont également recherchées. Certains membres n'ont donc aucune expérience des armes avant de se rendre en Irak.

 

Comment réagissent vos proches face à votre décision ?

Les membres de ma famille ne savent toujours pas que je vais partir combattre dans les jours à venir. Je ne sais pas encore si je les préviendrai au dernier moment, ou si je leur mentirai pour leur bien. Ma copine est pour sa part au courant, mais elle garde l'espoir que les autorités m'empêcheront de partir. C'est assez difficile de trouver du soutien dans cette période.

 

Ressentez-vous de l'appréhension ?

Oui, bien sûr que j'ai peur. Je sais que je risque ma vie en me rendant en Irak, et qu'il y a un risque que je ne revienne pas. Et si je reviens, j'ai peur de l'accueil qui me sera réservé ici. Je pense même risquer la prison. Mais j'essaye de ne pas penser à tout ça, et de partir sereinement.

 

*Le prénom a été modifié afin de respecter l'anonymat

 

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