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Le vaste défi des migrants

Des gens manifestent à Nice en soutien aux migrants dans le cadre d'une mobilisation européenne le 12 septembre 2015 [Valery Hache / AFP]

Les vingt-huit Etats membres doivent parler d’une seule voix sur ce dossier épineux pour enfin réussir à sortir de la crise.

 

«L’Europe joue sa crédibilité.» Interrogé dimanche sur la chaîne TV5 Monde,  le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Harlem Désir, a résumé l’enjeu de la réunion d’urgence qui se tient lundi à Bruxelles. Depuis maintenant plusieurs mois, le continent fait face à un afflux constant de migrants sur son territoire.

Pourtant, entre la Hongrie qui érige un mur à sa frontière, l’Italie qui souhaite une répartition équilibrée et l’Allemagne qui affiche son ouverture, les différents Etats peinent à se mettre d’accord sur une politique commune. Les vingt-huit ministres de l’Intérieur et de la Justice se retrouvent donc aujourd’hui pour un rendez-vous crucial, qui devra répondre à trois grands défis.

 

Un défi logistique

Selon un rapport de l’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, sur les sept premiers mois de l’année, le nombre des migrants arrivés aux portes de l’Union européenne a atteint environ 340 000, contre 123 500 pour la même période en 2014. Et la première mission de l’Europe est leur accueil et leur «enregistrement». Le responsable du Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés, a appelé à la création de «hotspots».

Ces centres de tri doivent permettre de séparer les réfugiés qui fuient la guerre des migrants économiques. Mais un consensus doit être trouvé sur le lieu de leur implantation : dans les pays de départ ou dans les pays européens d’arrivée ? Ces derniers, Italie et Grèce surtout, craignent que ces installations temporaires ne perdurent. En attendant, le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve, a appelé dimanche soir, à l’issue d’un entretien avec son homologue allemand, «au respect scrupuleux des règles de Schengen» par chacun des pays.

 

Un défi politique

Au-delà de l’urgence de la situation, la crise des migrants demande à l’Europe une réponse politique. Et c’est là que la division de l’UE s’illustre le plus. Sans forcément utiliser ce mot, la France et l’Allemagne ont plaidé pour des quotas obligatoires de migrants pour chaque pays membre. Un système notamment rejeté par la Pologne, la République tchè­que et la Hongrie.

De son côté, Rome, avec le soutien de Paris et Berlin, demande un droit d’asile européen, pour harmoniser les législations. Enfin, une entente est attendue également sur les moyens pour lutter contre les passeurs.

 

Un défi économique

Pour le Vieux Continent, cet afflux massif pose en outre des questions économiques. A court terme, l’accueil des réfugiés représente un coût très important pour les Etats, qui doivent investir dans des structures, l’accompagnement social et sanitaire, etc. Mais sur le long terme, cela pourrait être bénéfique.

Selon une étude de l’OCDE, les immigrés représentent en effet 28 % des emplois dans les métiers en décroissance, soit qui n’attirent pas forcément les locaux. Et certains pays sont plus concernés. L’Allemagne, touchée par le vieillissement de sa population, pourrait ainsi avoir besoin d’environ 1,8 million de travailleurs d’ici à 2020.

 

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