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L'abrogation d'«Obamacare» se complique

Donald Trump à la Maison Blanche à Washington le 13 mars 2017 [NICHOLAS KAMM / AFP] Donald Trump à la Maison Blanche à Washington le 13 mars 2017 [NICHOLAS KAMM / AFP]

Des millions d'Américains n'auront plus de couverture maladie si le projet républicain de réforme du système de santé, soutenu par Donald Trump, était adopté, selon un nouveau rapport qui devrait diviser encore un peu plus la majorité républicaine du Congrès.

Le nombre de personnes sans assurance atteindrait 52 millions en 2026, soit 85% de plus qu'avec «Obamacare», si la loi de 2010 signée Barack Obama, était maintenue en place, selon la prévision du Bureau du budget du Congrès (CBO), très respecté arbitre budgétaire. Dès 2018, année électorale aux Etats-Unis, il y aurait 14 millions d'assurés en moins, estiment les experts, ce qui effacerait une grande partie des acquis d'Obamacare.

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Ces chiffres sont plus élevés que ce que craignaient de nombreux élus républicains modérés, qui s'inquiètent d'un retour en arrière trop brusque dans le secteur de la santé, alors que depuis 2010, le taux de personnes sans assurance maladie est tombé de 16% à moins de 9% de la population. Certes, le projet républicain réduirait les déficits publics, puisque des coupes notables dans le budget de la santé seraient engagées. Les dépenses du programme Medicaid, pilier de l'Etat-providence destiné aux plus vulnérables, serait ainsi réduit de 25% en 2026 par rapport à la trajectoire actuelle.

Le ministre de la Santé rejette le rapport

Mais l'opposition démocrate s'est immédiatement saisie du rapport pour demander le retrait du projet républicain. «Le rapport du CBO démontre à quel point les promesses du président sont vides, selon lesquelles tout le monde sera couvert et les coûts baisseront», a déclaré Chuck Schumer, chef de file des démocrates du Sénat. A l'inverse, l'architecte du plan républicain a défendu une autre prévision incluse dans le rapport: la baisse des primes d'assurance prévue après 2020 alors qu'auparavant, les primes devaient augmenter.

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«Quand les gens ont le choix, les coûts baissent», a déclaré Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, où le texte est débattu. «Comme nous l'avons toujours dit, il y aura une transition stable de façon à ne pas couper l'herbe sous le pied des gens». Le ministre de la Santé, Tom Price, a rejeté le rapport, déclarant depuis la Maison Blanche que l'estimation ne prenait pas en compte les phases de réforme suivantes prévues par l'administration.

Elections de 2018

L'opposition ne vient pas seulement des républicains modérés. L'aile droite du parti juge le projet actuel trop timide et menace de le torpiller. La minorité démocrate est totalement opposée. Conscient de la difficile bataille politique qui s'ouvre, Donald Trump multiplie les interventions pour dire combien la loi actuelle est "un désastre", dénonçant une dérive implacable des coûts.

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«La presse donne une image tellement positive d'Obamacare (…) or la loi est en train d'imploser et 2017 sera encore pire», a-t-il lancé, lors d'une table-ronde destinée à illustrer que pour une partie de la classe moyenne, le coût des assurances privées a beaucoup augmenté ces dernières années. Pour les chefs républicains, un échec serait catastrophique politiquement car cette abrogation est leur premier chantier législatif, symbolique de leur retour au pouvoir.

L'argument des concepteurs de la réforme est que dans le futur système de santé, chacun agira comme un consommateur face à des produits d'assurance conçus par le marché, et non selon des directives étatiques. Selon eux les offres seront moins chères et plus adaptées. La semaine dernière, Donald Trump aurait prédit en privé un «bain de sang» aux élections législatives de mi-mandat, en novembre 2018, si les républicains ne tenaient pas leur promesse d'abrogation.

Mais le calendrier fixé est serré. Après avoir été adopté par deux commissions la semaine dernière, le projet sera débattu cette semaine à la commission du Budget, avant son examen en plénière à la Chambre. En cas d'adoption, ce sera au tour du Sénat d'en débattre, où d'ores et déjà, il manque trop de voix républicaines.

«J'appelle mes amis de la Chambre des représentants à ne pas commettre de suicide politique en votant pour un texte qui n'est pas capable d'être adopté au Sénat», a déclaré dimanche le sénateur républicain de l'Arkansas Tom Cotton. Cette étoile montante des conservateurs a prévenu qu'en agissant trop brusquement, les élus républicains risquaient «d'en subir les conséquences»... aux élections de 2018.

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