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Un café surtaxe les hommes pour compenser les inégalités salariales

Handsome Her Dans ce bar, les femmes payent moins que les hommes et sont prioritaires sur les places[Facebook / Handsome Her ]

A Melbourne, un café ouvert au début du mois d’août réserve un traitement de faveur aux femmes.

L’objectif de sa fondatrice, Alex O’Brien, est de sensibiliser sa clientèle aux écarts de salaire qu’il existe entre les hommes et les femmes.

Sur le petit tableau noir accroché au bar du Handsome Her, trois règles propres à l’endroit sont écrites à la craie. Si la troisième est une règle de respect basique, les deux premières peuvent sembler plus étonnantes à quiconque ne sait pas où il se trouve. Elles indiquent que les places sont réservées en priorité aux femmes, et que les hommes devront payer 18% de plus qu’elles pour refléter les inégalités salariales en 2016.

«Certains hommes ont traversé toute la ville pour nous rendre visite»

«Si les hommes ne veulent pas payer, on ne va pas les mettre à la porte. C’est juste une opportunité pour eux de faire quelque chose de bien», explique Alex O’Brien.  Et ça marche, puisque, pour cette première semaine d’ouverture, aucun homme n’a choisi de déroger à cette taxe facultative. «Certains hommes ont traversé toute la ville juste pour nous rendre visite et payer la 'taxe homme' en laissant même un peu d’argent supplémentaire dans notre bocal pour les dons», a précisé l’établissement sur sa page Facebook.

L’idée est venue à Alex O’Brien quelques temps semaines. «L’une de mes amies qui travaille pour une organisation pour les femmes évoquait l’écart salarial, et j’ai pensé que c’était une bonne idée. Alors on a décidé qu’une semaine par mois, on ferait payer aux hommes 18% plus cher», se rappelle la gérante du café vegan.

Sensibiliser aux inégalités

Ce règlement particulier répond à plusieurs objectifs. D’une part, le Handome Her utilise les recettes de cette taxe pour les verser à des associations pour les femmes, et compte mettre en place un roulement parmi les bénéficiaires pour aider quatre organisations par mois. En ce moment, c’est l’association Elizabeth Morgan House, qui aide femmes et enfants locaux, qui est à l’honneur.

D’autre part, il permet à Alex O’Brien de sensibiliser sa clientèle à ce problème parfois méconnu, et d’engager la conversation. «On aborde le sujet avec le client. J’aime quand cela amène les hommes à remettre en question leurs privilèges», raconte-t-elle. «Je pense que c’est une idée juste, quand on pense au monde et aux inégalités qui existent», approuve une cliente.

Succès mitigé

L’initiative a fait parler d’elle sur les réseaux sociaux, où les internautes sont parfois partagés. Certains applaudissent l’action, qu’ils jugent être un bon moyen d’aborder le sujet. D’autres en dénoncent le sexisme. «Une véritable discrimination. Tout le personnel est féminin. Vraiment illégal si vous discriminez à l’embauche», a ainsi rouspété un internaute sur Twitter.

D’autres critiques du concept soulignent que le chiffre de 18% est faussé, puisqu’il ne représente qu’une moyenne de tous les salaires dans toutes les professions. Par exemple, au Royaume-Uni, l’écart de rémunération est de 28,6% entre les hommes et les femmes pour tous les emplois, mais se réduit à 0,8% pour les emplois du même niveau, de même entreprise ou de même fonction, a précisé The Economist. D’autres encore rappellent que la loi australienne sur la discrimination sexuelle (1984) rend illégale la fourniture de biens ou de services discriminant une personne en fonction de son sexe. 

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