Ex-star de la téléréalité, reconvertie dans le journalisme, Ksenia Sobtchak a officiellement annoncé sa candidature mercredi 18 octobre à l'élection présidentielle russe du 18 mars 2018.
Ksenia Sobtchak connaît bien la politique. Son père Anatoli Sobtchak, est l'ancien maire de Saint-Pétersbourg et ex mentor de... Vladimir Poutine. Mais, la jeune femme de 35 ans n'est affiliée à aucun parti et prétend incarner le vote «contre tous».
«Comme tout citoyen de Russie, j'ai le droit de me présenter à la présidentielle. J'ai décidé d'utiliser ce droit, ne serait-ce que parce que je suis contre tous ceux qui utilisent ce droit d'habitude», a-t-elle ainsi déclaré sur son site de campagne.
Entre cercles de pouvoir et opposition
Incarnation de la jeunesse dorée moscovite, Sobtchak est comparée à l'aube des années 2000 à Paris Hilton. Elle multiplie alors les apparitions dans les programmes de téléréalité et est épinglée pour son côté superficiel.
Rédactrice en chef de la version russe du magazine de mode l'Officiel, elle partage ses inspirations mode sur son compte instagram, suivi par plus de cinq millions d'abonnés.
Mais, la jeune femme diplômée du Mgimo, l'équivalent de Sciences Po, opère une mue radicale en 2011-2012, quand elle s'implique dans le mouvement Pour des élections honnêtes sous la présidence Medvedev. Un mouvement qui proteste contre les fraudes aux élections législatives à Moscou.
Progressivement, elle devient une figure de proue de l'opposition, avec son compagnon de l'époque, l'activiste anti-Poutine, Ilia Iachine.
Une candidature orchestrée par Poutine, pour s'assurer de sa réélection ?
Puis, elle rejoint la chaîne indépendante Dojd, où elle interviewe notamment Alexeï Navalny, principal opposant à Vladimir Poutine.
Sa récente annonce de concourir à l'élection présidentielle a provoqué des remous au sein de la société russe, ses détracteurs l'accusant d'incarner une opposition contrôlée. Les adversaires de Poutine estiment en effet que l'actuel locataire du Kremlin utilise Sobtchak comme un stratagème pour s'assurer de sa réélection.
Même Alexeï Navalny, qui vient d'être libéré ce dimanche du centre de détention moscovite où il a passé vingt jours pour avoir organisé des manifestations non autorisées contre Poutine, s'est insurgé contre Sobtchak, ce «plan du Kremlin».
Je vois bien le plan répugnant du Kremlin : présenter une candidature libérale caricaturaleAlexeï Navalny
D'après Navalny, la candidature de Ksenia Sobtchak ne va faire que décrédibiliser l'opposition. «Sa candidature va récolter très peu de voix, mettre la population très en colère, et de nouveau transformer le mot opposition en une insulte pour une très longue période», conclut-il.
En tout cas, avant de se lancer officiellement dans la course à la présidence, Ksenia Sobtchak doit d'abord réussir à réunir quelque 300.000 signatures de soutien validées par la Commission électorale.