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Angela Merkel réélue chancelière pour un 4e mandat

La chancelière allemande Angela Merkel à Berlin, le 9 février 2018. La chancelière allemande Angela Merkel. [John MACDOUGALL / AFP]

Angela Merkel a été réélue chancelière par les députés allemands ce mercredi 14 mars. Elle entame ainsi son quatrième mandat. 

Sur les 688 votes valables, 364 députés ont voté en sa faveur. 

L’épilogue de cinq mois de crise, qui va permettre à l’Allemagne, privée d’exécutif depuis les législatives du 24 septembre, de relancer son activité politique. Mais dans un contexte politique délicat, la fin des incertitudes ne signifie pas la fin des difficultés.

La dirigeante attendue au tournant

Pour Angela Merkel, il n’y a donc pas d’état de grâce en perspective. Affaiblie par des négociations exceptionnellement longues, la chancelière va devoir se battre pour conserver son rang. «La base de la CDU lui reproche d’avoir tiré le parti vers le centre, et les élites de la formation ont commencé à se placer, dans l’espoir de lui succéder», détaille Stephan Martens, professeur de civilisation allemande contemporaine à l’université de Cergy-Pontoise.

Les conservateurs reprochent en effet à Angela Merkel sa politique migratoire, jugée trop généreuse depuis l’ouverture des frontières du pays à des centaines de milliers de demandeurs d’asile, à l’automne 2015. Et leurs critiques se sont intensifiées ces derniers mois. Ils lui attribuent en effet le score historiquement bas du parti aux législatives de septembre (33 %), et la signature d’un accord de coalition qu’ils estiment trop avantageux pour le SPD. Ils déplorent notamment que les sociaux-démocrates héritent du stratégique ministère des Finances. 

Malgré ces récriminations, Angela Merkel n’aura aucune possibilité de revenir en arrière. Le SPD a en effet négocié une clause de sortie lui permettant de quitter la coalition au bout de deux ans, si la CDU ne tient pas ses engagements. La chancelière devra donc gouverner en équilibriste, ménageant sa droite et sa gauche. Elle sera en outre confrontée à un Parlement éclaté entre six formations politiques, et incluant pour la première fois des élus du parti d’extrême-droite AfD.

D’une manière générale, «le gouvernement va devoir trouver des réponses adaptées aux différentes insatisfactions qui ont abouti à ces résultats électoraux», précise Hélène Miard-Delacroix, professeur à la Sorbonne, spécialiste de l’Allemagne, qui rapporte «une forte demande de politique sociale et d’investissements publics».

Une stratège aguerrie

Malgré ces défis, Angela Merkel n’est pas au pied du mur. «Trouver des compromis a toujours été son fort», rappelle Stephan Martens, qui décrit une dirigeante «pragmatique» et «tacticienne». À 63 ans, dont douze passés au pouvoir, cette chimiste de formation a en effet eu souvent l’occasion de donner tort à ceux qui l’avaient sous-estimée. 

Elle a d’ailleurs déjà commencé à mettre à profit son habileté politique face à la fronde au sein de son parti. Angela Merkel a ainsi nommé son principal adversaire en interne, le jeune et très conservateur Jens Spahn, au ministère de la Santé, faisant de lui son obligé. Elle a également promis un «renouveau» idéologique pour la CDU, tout en désignant numéro deux du parti une de ses proches, Annegret Kramp-Karrenbauer, pour préparer cette transition. Autant d’initiatives qui lui permettent de lâcher du lest sans perdre de terrain.

Quant au grand-écart idéologique qu’elle devra faire entre le SPD et l’aile droite de son parti, « l’objectif n’est pas forcément de mettre tout le monde d’accord sur chaque sujet, mais plutôt de satisfaire les deux côtés alternativement », souligne Hélène Miard-Delacroix. Un rôle de chef d’orchestre qu’Angela Merkel a toujours maitrisé. 

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