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Macron veut faire de l'Inde un «partenaire stratégique»

Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Narendra Modi (d), le 10 mars 2018 à New Delhi [MONEY SHARMA / AFP] Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Narendra Modi, le 10 mars 2018 à New Delhi [MONEY SHARMA / AFP]

Emmanuel Macron a multiplié, ce samedi 10 mars à New Delhi, les gestes et les déclarations d'amitié envers l'Inde, avec l'ambition de faire de la France la «porte d'entrée» du géant de l'Asie du Sud en Europe.

«Le sens de cette visite est de faire de l'Inde notre premier partenaire stratégique de la région, et que la France devienne votre premier partenaire stratégique en Europe, et plus largement en Occident», a lancé samedi le président français dans la capitale indienne en rencontrant une nouvelle fois le Premier ministre Narendra Modi, comme il l'a fait à plusieurs reprises depuis son arrivée la veille au soir.

Malgré toutes leurs différences, l'Inde et la France «ont les mêmes intérêts et la même vision du monde», a assuré le chef de l'Etat français, qui ne cache pas son ambition de profiter du Brexit pour remplacer la Grande-Bretagne comme partenaire privilégié de New Delhi en Europe.

En attendant, Paris a engrangé quelques nouveaux contrats économiques, dont le plus important s'élève à dix milliards d'euros en faveur du groupe aéronautique Safran (via sa coentreprise avec General Electric, CFM) et de ses partenaires pour la fourniture et la maintenance de moteurs d'avions à la compagnie aérienne à bas prix indienne SpiceJet.

Le président Emmanuel Macron et sa femme Brigitte accueillis par le Premier ministre indien Narendra Modi, le 10 mars 2018 à New Delhi [Money SHARMA / AFP]
Le président Emmanuel Macron et sa femme Brigitte accueillis par le Premier ministre indien Narendra Modi, le 10 mars 2018 à New Delhi

Une «avancée majeure»

Après la vente de trente-six Rafale en 2016, aucun nouveau contrat n'a été annoncé dans la défense, où la France espère vendre de nouveaux avions de chasse et des sous-marins à l'Inde, devenu le premier acheteur d'armements dans le monde.

Mais la délégation française s'est félicité d'une «avancée majeure» du projet d'une centrale nucléaire de six réacteurs de type EPR à Jaitapur, sur la côte sud-ouest de l'Inde. «Nous espérons une signature définitive d'accord avant la fin de l'année» pour ce dossier en négociation depuis une décennie, a indiqué l'Élysée.

Une série d'autres partenariats, contrats et protocoles d'accords ont été conclus dans une large diversité de secteurs, dont ceux des transports et des énergies renouvelables. La marge de progression est importante pour la France, historiquement peu influente en Inde. Les échanges indo-français n'atteignent que 11 milliards de dollars contre 18 milliards pour ceux entre la France et la Chine, l'autre géant asiatique, où M. Macron s'est rendu en janvier.

Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi (d) regardent les ministres française et indienne de la Défense, Florence Parly et Nirmala Sitharaman échanger des protocoles d'accords, le 10 mars 2018 à New Delhi [MONEY SHARMA / AFP]
Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi (d) regardent les ministres française et indienne de la Défense, Florence Parly et Nirmala Sitharaman échanger des protocoles d'accords, le 10 mars 2018 à New Delhi

Un accord dans l'océan Indien

Sur le plan de la sécurité, la France et l'Inde ont signé un accord de coopération logistique dans l'océan Indien, qui permet aux forces armées indiennes d'accéder aux bases maritimes françaises (Djibouti, Emirats, Réunion), et vice-versa. La France dispose de la plus large zone économique exclusive (9,1 millions de km2 dans la zone indo-pacifique) dans ces mers en raison des territoires, parfois très isolés, qu'elle y possède.

Quant à l'Inde, cet accord s'inscrit dans le cadre de sa politique de renforcement de sa présence dans cette zone maritime stratégique, où la tracasse l'implication grandissante de la Chine.

«Nous croyons tous deux dans la paix et la stabilité du monde. La région de l'océan Indien va jouer un rôle très significatif», a déclaré Narendra Modi dans une allocution. Dans ce cadre, «nous considérons la France comme un de nos alliés les plus fiables», a-t-il ajouté.

«L'Inde a peur d'une hégémonie chinoise et a besoin d'une vraie sécurité», a pour sa part commenté Emmanuel Macron devant la presse.

Dans l'après-midi, le président français a tombé la veste et relevé ses manches pour s'adresser à 300 jeunes Indiens, à l'image de sa longue discussion avec de jeunes Africains à Ouagadougou en novembre.

Face à un auditoire très sérieux, il a appelé les jeunes à «inventer l'avenir» car «notre environnement actuel n'est pas soutenable». «Please, just do it !» («S'il vous plaît, faites-le»), a-t-il conclu avant de se prêter à une séance de selfies.

Paris souhaite doubler le nombre des étudiants indiens en France pour le porter à 10.000 «dans les deux ans».

 

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