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Manifestation à Barcelone contre la détention d'indépendantistes depuis 6 mois

Le leader indépendantiste catalan Jordi Sanchez arrive à la Cour suprême de Madrid, le 16 octobre 2017 [GABRIEL BOUYS                     / AFP/Archives] Le leader indépendantiste catalan Jordi Sanchez arrive à la Cour suprême de Madrid, le 16 octobre 2017 [GABRIEL BOUYS / AFP/Archives]

Six mois après les premières incarcérations de figures de l'indépendantisme catalan, une manifestation est convoquée dimanche à Barcelone pour protester contre l'emprisonnement de neuf sécessionnistes accusés de «rébellion» et réclamer l'ouverture d'un dialogue politique.

L'appel à manifester à partir de 12H30 (locales, 10H30 GMT) a été lancé par une plateforme créée en mars dans la région du nord-est de l'Espagne, pour «défendre les institutions catalanes» et «les droits et libertés fondamentales» des citoyens.

Le fait que deux grands syndicats, Commissions ouvrières et UGT, en fassent partie, aux côtés des associations séparatistes ANC et Omnium, a provoqué remous et protestations parmi ceux de leurs membres qui n'ont jamais voulu de l'indépendance.

«Il y a eu des tensions (parmi les syndiqués) comme dans l'ensemble de la société catalane», a admis samedi le secrétaire général de l'UGT en Catalogne, Camil Ros, interrogé par l'AFP.

«Mais ce n'est pas une manifestation indépendantiste», a plaidé M. Ros: «C'est le moment de jeter des ponts et le problème de la Catalogne ne doit pas se résoudre dans les tribunaux mais par le dialogue et la politique».

Cette mobilisation a lieu dix jours après la remise en liberté de l'ancien président indépendantiste catalan Carles Puigdemont en Allemagne, où un tribunal a considéré que les charges pour «rébellion» n'étaient pas étayées.

Cependant, des magistrats espagnols ont transmis jeudi à leurs homologues allemands des éléments afin d'accréditer l'existence «de violences justifiant la rébellion» selon Madrid, dans l'espoir d'obtenir la remise de M. Puigdemont à l'Espagne pour cette accusation.

Manifestation pour la libération des leaders indépendantistes catalans Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, le 16 janvier 2018 à Barcelone [LLUIS GENE / AFP/Archives]
Manifestation pour la libération des leaders indépendantistes catalans Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, le 16 janvier 2018 à Barcelone

Puigdemont est également accusé de détournement de fonds publics, en lien avec l'organisation du référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre.

«Fabriquer plus d'indépendantistes»

Prêt à manifester, le Barcelonais Alex De Ferrer, informaticien de 50 ans, est de ceux qui estiment que mettre en prison les dirigeants «ne sert qu'à fabriquer davantage d'indépendantistes».

Le mouvement est «un peu décapité», admet ce sympathisant du parti de gauche séparatiste ERC. «Mais c'est temporaire», croit-il, «et le problème de fond ne va pas se résoudre en méprisant les idéaux de deux millions de personnes", les 47,5% d'électeurs catalans ayant redonné aux sécessionnistes une majorité en sièges au parlement régional, en décembre.

A leur balcon ou à leur boutonnière, un nombre incalculable de Catalans affichent un ruban jaune par solidarité avec les indépendantistes détenus: un signe que le ministre de la Justice Rafael Catala juge «insultant», «parce qu'il prétend qu'il y a des prisonniers politiques en Espagne alors que ce sont des politiques emprisonnés».

Les portraits des indépendantistes écroués pullulent dans les villages autour de Gérone et de Figueras. «Ils ont été mis en prison sans procès», proteste Esther Camps, directrice de marketing de 44 ans, à Bascara (900 habitants), «scandalisée» que l'indépendantisme catalan soit comparé à l'organisation armée basque ETA au bilan meurtrier.

«On les accuse de violence mais toutes les manifestations ont eu un caractère pacifique», assure-t-elle, concédant seulement qu'il y ait pu y avoir «trouble à l'ordre public, peut-être».

Depuis le 16 octobre, les anciens présidents d'associations indépendantistes Jordi Sanchez et Jordi Cuixart sont en détention provisoire à 650 km de Barcelone.

Incarcérés avant la vaine proclamation d'une «République catalane« le 27 octobre, ils sont considérés comme des membres du noyau dur ayant piloté la marche frustrée vers l'indépendance.

Le juge d'instruction Pablo Llarena les accuse notamment d'avoir «utilisé leur responsabilité à la tête de l'ANC et d'Omnium pour mobiliser des centaines de milliers de partisans et disposer d'une masse critique face à l'obligation policière d'empêcher le référendum illégal».

«Ce qui me rend triste, c'est l'accusation de violence, qui n'a jamais existé», répondait dès décembre Jordi Sanchez sur Twitter.

Élu député catalan alors qu'il était détenu, il a été proposé par deux fois comme candidat à la présidence régionale, mais le juge a rejeté ses demandes de sortie de prison.

Il reste cinq semaines aux indépendantistes pour investir une personne à la tête de la région, faute de quoi de nouvelles élections régionales seront organisées à la mi-juillet.

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