En direct
A suivre

Vladimir Poutine, tsar du mondial

Le bon déroulement du Mondial sert l'image du président russe. [Yuri KADOBNOV / AFP]

Les grands moyens ont été déployés pour offrir un spectacle irréprochable aux yeux du public international.

Une vitrine impeccable. Jusqu’à présent, la Coupe du monde de football, lancée le 15 juin, s’est déroulée sans le moindre accroc. A dix jours de la finale tant attendue, le pari du président Vladimir Poutine est donc en passe d’être relevé.

Marginalisée au sein de la communauté internationale, la Russie réussit à s’afficher comme un pays moderne, prospère et surtout sûr pour les millions de supporters étrangers présents et de téléspectateurs devant leur poste.

Une stratégie déjà utilisée avec succès lors des Jeux olympiques organisés à Sotchi en 2014, le président russe ayant fait de la diplomatie sportive un outil essentiel de sa politique.

Une compétition sous contrôle

Militaires omniprésents, portiques de sécurité, chiens renifleurs d’explosifs… des niveaux de sécurité extrêmes sont en place aux abords des stades depuis le début du tournoi.

Le risque terroriste, bien réel en Russie, était en effet une des menaces les plus redoutées avant le Mondial. Plusieurs fois menacé par Daesh, le pays conserve aussi le souvenir douloureux de l’attentat commis dans le métro de Saint-Pétersbourg, en 2017, qui avait fait treize morts. Le soutien permanent du Kremlin au dirigeant syrien Bachar al-Assad fait d’ailleurs du pays organisateur une cible de choix pour les jihadistes.

Or, officiellement, les autorités n’ont été confrontées à aucune tentative d’attentat ni aucun incident de sécurité majeur. Les affrontements de hooligans – notamment russes, durant l’Euro 2016 – ou les actes racistes tant redoutés sont absents. Pour y parvenir, Vladimir Poutine et ses services ont misé sur les appels au calme, les interdictions de stades des plus virulents «supporters» et la mise en place de passeports de supporters – un pass permettant de tracer son détenteur – pour contenir les hooligans.

Ce dispositif, colossal, a permis au régime russe de diffuser à l’envi des images de supporters ravis ou de Vladimir Poutine tapant la balle avec des bambins, dans une ambiance bon enfant. Cerise sur le gâteau, le président Poutine peut compter sur les résultats inespérés de l’équipe nationale, qui va jouer un quart de finale samedi alors qu’elle avait été qualifiée de «pire sélection russe de l’histoire».

«Cela lui a servi à resserrer l’unité nationale et faire émerger la fierté russe aux yeux du monde entier», estime Jean-Baptiste Guégan, coauteur avec Rubens Slagter et Quentin Migliarini Rubens Slagter de «Football Investigation : les dessous du football en Russie».

Une contestation inaudible ?

Reste que, derrière ces images idylliques, se cachent toutefois des moyens colossaux, employés pour cacher les «nuisances». «Les services russes ont fait ce qu’ils ont l’habitude de faire, explique Jean-Baptiste Guégan. Ils ont rencontré les hooligans les plus violents et menacé leur emploi ou leur famille.»

Parmi la population, l’humeur n’est pas complètement à la fête. Le jour de l’ouverture du Mondial a en effet coïncidé avec l’annonce d’une réforme impopulaire, visant à relever progressivement l’âge de la retraite. De rudes réformes sociales, à l’origine de plusieurs manifestations à Moscou, qui auraient pu ternir l’image du gouvernement. 

Mais le maître du Kremlin, en fin tacticien, espère sans doute que les bons résultats de la Sbornaïa, auront raison de la grogne.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités