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Référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie : le «non» l'emporte à 56,4%

À l'issue d'un référendum historique, les habitants de la Nouvelle-Calédonie ont largement voté «non» à l'indépendance, à 56,4%. Depuis l'Elysée, Emmanuel Macron a exprimé son «immense fierté que la majorité des Calédoniens aient choisi la France».

Le président de la République a rapidement réagi au résultat annoncé de ce référundum. «Je veux aussi dire la fierté pour le chef de l'Etat que la majorité des calédoniens aient choisi la France».

«Les électeurs ont pu choisir souverainement, en connaissance de cause. Ils se sont exprimes majoritairement pour la Nouvelle-Calédonie reste Francaise. C’est pour nous une marque de confiance pour la République française dans son avenir et ses valeurs. Cette fierté chacun peut la ressentir et la partager». 

Le vote sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, petit territoire stratégique de 270.000 habitants dans le Pacifique, a eu lieu ce dimanche, avec une forte participation à la mi-journée, marquant l'intérêt de la population pour un référendum historique où les sondages prédisaient la victoire du non.

Avec un taux de 80,63%, la participation pour ce scrutin a été largement supérieure à celui enregistré pour les élections provincales en 2014 (27,27%).

Les 284 bureaux de vote ont ouvert à 8H00 (21H00 GMT). Près de 175.000 électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d'importantes réserves de nickel, ont voté pour dire s'ils voulaient «que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante».

Cette consultation, prévue par l'accord de Nouméa signé en 1998, était destinée à poursuivre le travail de réconciliation entre Kanak, peuple autochtone du territoire, et Caldoches, population d'origine européenne, entamé avec les accords de Paris de 1988. Ces derniers avaient été signés après les violences des années 1980 qui avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, faisant au total 25 morts.

Le référendum était attentivement surveillé par Paris, à 18.000 km de là. 

Pour rendre ce scrutin incontestable, 250 délégués dépêchés par l'Etat, et des experts de l'ONU étaient présents dans les bureaux.

Dans celui de l'école Candide Koch, dans le quartier de la Vallée des colons à Nouméa, une longue file d'attente témoignait de l'affluence. «Mon choix a été fait depuis longtemps, c'est un choix pour la France, pour les garanties qu'elle apporte. C'est l'assurance, la sécurité», a expliqué Patrick Levenchaud, fontionnaire de 54 ans.

Impatience 

Les trois partis loyalistes, très divisés, défendent le maintien dans la France : Calédonie ensemble (droite modérée), le Rassemblement LR et les Républicains calédoniens. Ils mettent en avant la protection de la France et ses 1,3 milliard d'euros d'aides annuelles.

Ils espèrent que ce premier référendum sera aussi le dernier alors que l'accord de Nouméa prévoit la possibilité de deux autres consultations dans les quatre ans. Mais ils entendent continuer à dialoguer avec les Kanak et l'Etat.

En cas de victoire du oui, le FLNKS (indépendantiste) indiquait qu'il ne souhaitait pas une rupture avec la France, mais une indépendance en partenariat avec elle.

Elie Poigoune est une figure historique de la cause kanak. S'il votera oui à l'indépendance, il veut toutefois garder des liens avec la France. Photographié le 1er novembre 2018 lors d'un entretien avec l'AFP. [Theo Rouby / AFP]
 
Elie Poigoune est une figure historique de la cause kanak. S'il votera oui à l'indépendance, il veut toutefois garder des liens avec la France. Photographié le 1er novembre 2018 lors d'un entretien avec l'AFP.

Pour le Premier ministre Edouard Philippe, qui arrive sur le Caillou dès le lendemain du scrutin, ce référendum marque «le début de la Nouvelle-Calédonie qui veut construire un avenir».

Nouvelle-Calédonie [Selim CHTAYTI / AFP]
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«C'est un événement historique que tout le monde a souhaité, mais paradoxalement, l'enjeu a perdu de son intensité», a noté Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique. «La campagne a été très calme, le référendum ne suscite pas d'engouement, les enjeux se sont banalisés», notamment parce que «les Calédoniens pensent que cela ne va pas changer leur quotidien», mais aussi parce que les sondages avait prédit une large victoire du non, dans une fourchette de 63 à 75%.

Pour Paul Fizin, docteur en histoire, «si le taux d'abstention est fort, il mettra en évidence que le projet indépendantiste n'a pas irrigué dans toute la société».

Inégalités criantes 

Selon lui, en dépit de trente années de rééquilibrage économique et social en faveur du peuple premier, les inégalités restent criantes. Echec scolaire, chômage élevé, habitat précaire... «il y a encore des problèmes d'intégration et un sentiment d'injustice prégnant dans la société kanak», a-t-il dit.

Une partie de la jeunesse kanak, marginalisée, a sombré dans la délinquance. Avec la victoire du non, les deux camps craignent leur réaction. La vente d'alcool dans les commerces a été interdite ce week-end, les effectifs de gendarmerie ont été étoffés et la prison de Nouméa, a renforcé sa capacité d'accueil.

Les états-majors politiques ont recommandé la discrétion à leurs militants. Mais rien ne dit que certains pro-français n'iront pas fêter ostensiblement leur victoire.

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