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Des orpailleurs suspectés d'avoir massacré un chef indigène au sein d'une réserve protégée

Face aux attaques de plus en plus violentes des orpailleurs clandestins, les Wayapi (photographiés ici en 2017) ont dû fuir leur village. [APU GOMES / AFP].

Les autorités brésiliennes ainsi que des dirigeants de la communauté indigène wayapi ont confirmé ce week-end la mort d'un des responsables de la tribu, le cacique Emyra Wayapi, vraisemblablement tué la semaine dernière par des orpailleurs clandestins, et cela au sein même de la réserve, pourtant censée être sanctuarisée.

Selon les témoignages des indigènes, ce sont plusieurs dizaines d'orpailleurs armés de fusils automatiques (certaines sources évoquent un groupe d'une cinquantaine d'hommes, ndlr) et vêtus de treillis militaires, qui se sont ainsi introduits dans la réserve, située dans la région de l’Amapa, à l’extrême nord du Brésil et à la frontière avec la Guyane française.

Selon les éléments disponibles, le meurtre du cacique Emyra Wayapi remonterait au 23 juillet. Il aurait été poignardé à mort par les orpailleurs avant que son corps ne soit jeté dans une rivière.

La crainte d'un «bain de sang» évoquée

Son crime est le dernier en date d'une série de plusieurs autres et reflète une situation en train de dégénérer entre les indigènes et les «garimpeiros», les orpailleurs clandestins, qui, ces dernières semaines, ont multiplié les incursions violentes au sein de la réserve.

Il aura fallu attendre ce dimanche 28 juillet, après vingt-quatre heures de nouvelles tensions et maints appels au secours lancés par la communauté wayapi, pour que la police fédérale lance enfin une opération sur le territoire indigène et enquête sur ces crimes présumés.

La veille, les dirigeants de la tribu avaient en effet lancé des appels désespérés au gouvernement fédéral brésilien, avertissant que la situation pouvait se transformer d'une minute à l'autre en un véritable «bain de sang».

«Nous sommes en danger. Vous devez envoyer l'armée pour les arrêter», a notamment déclaré le chef Jawaruwa Wajapi, dans un message vocal envoyé à Rodolfe Rodrigues, sénateur de l'Etat de l’Amapa et relayé par le New York Times

Toujours selon le responsable indigène, après avoir tué le cacique Emyra Wayapi, les orpailleurs clandestins se seraient ensuite installés dans une des maisons du village, poussant les habitants à fuir.

«Le président est responsable»

Pour Rodolfe Rodrigues, qui est membre du parti écologiste Rede, «Jair Bolsonaro est responsable de cette mort». Selon lui, cette nouvelle intrusion de garimpeiros au cœur d’une réserve protégée n’est en effet pas étrangère aux déclarations émises par le président brésilien.

A plusieurs reprises, le chef d'Etat a en effet déploré la «mauvaise» démarcation des territoires indigènes qui, selon lui, empêchent le développement économique du pays en maintenant les populations indigènes dans des conditions «préhistoriques».

Parlant de «psychose environnementale», Jair Bolsonaro a surtout indiqué qu’il souhaitait «légaliser» l’orpaillage dans ces réserves, encourageant de fait la déforestation et les actions de groupes pourtant illégaux et extrêmement violents. 

Peuple pacifique, les Wayapi, qui, jusqu'aux années 1970, ont vécu des siècles dans l'isolement le plus total, sont aujourd'hui en danger de disparition pure et simple. 

Face aux attaques des «garimpeiros», le chanteur de bossa-nova Caetano Veloso, ainsi que le musicien Lenine et le rappeur Criolo avaient exhorté les forces de l’ordre d’intervenir au plus vite.

S'ils ont cette fois été entendus, il n'est en revanche pas certain qu'ils le soient à l'avenir.

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