Il n'y a pas qu'en France que les collèges et lycées contrôlent les tenues portées par les jeunes filles - une pratique sexiste selon de nombreuses d'entre elles, qui ont récemment lancé le mouvement #lundi14septembre. En Suisse, certains établissements du canton de Genève imposent aux élèves jugées trop «provocantes» de porter un t-shirt XXL, baptisé «t-shirt de la honte».
Comme le rapporte le quotidien genevois Le Courrier, le compte Instagram Sexisme Genève a recueilli en deux jours plus de 80 témoignages de jeunes filles ayant fréquenté des établissements scolaires où cette pratique avait cours.
Tout est parti d'un message envoyé par une internaute à ce compte, qui l'a ensuite relayé. «Je viens d'apprendre que dans le cycle de mon frère (un établissement d'enseignement pour les élèves de 12 à 15 ans, NDLR), il y a le t-shirt de la honte. Principe : les filles qui ont des tops où on voit les épaules ou le ventre ou des shorts trop courts doivent mettre le t-shirt de la honte. C'est un t-shirt XXL, qui couvre jusqu'aux genoux. (...) Ça ne concerne que les filles, jamais vu un garçon en porter. Si tu refuses de le porter : renvoi du cycle», raconte-t-elle.
Une méthode éducative plus que douteuse, proche de l'humiliation publique, confirmée par de nombreuses autres filles, du même établissement - le collège de Pinchat - mais également d'autres situés dans la région de Genève. «Depuis mon entrée au cycle, on nous menace régulièrement de nous faire porter "le t-shirt de la honte", comme l’appellent les enseignants eux-mêmes», raconte au Courrier Safia, elle aussi élève au collège de Pinchat. «Officiellement, c’est pour tout le monde. Mais je n’ai jamais vu un élève masculin le porter, même ceux dont le caleçon dépasse à moitié. L’une de mes professeurs disait que mes tenues n’allaient pas car elles déconcentraient les garçons», poursuit-elle.
Du côté des autorités, on botte en touche. «La question de la tenue vestimentaire dans les écoles du canton de Genève est régie par la loi sur l’instruction publique qui stipule que les élèves portent une tenue vestimentaire correcte et adaptée au cadre scolaire», indique au Courrier Pierre-Antoine Preti, porte-parole du Département de l’instruction publique (DIP) du canton de Genève. Celui-ci assure que «la règle s’applique à tous indifféremment», filles comme garçons, ce que contredisent pourtant les nombreux témoignages. Des propos qui semblent faire écho à ceux, controversés, du ministre français de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, qui a appelé lundi à venir à l'école «habillé d'une façon républicaine».