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La perte de biodiversité menace l’accès aux analgésiques et aux anticancéreux

Plus de 60.000 plantes et champignons sont utilisés pour leur valeur médicinales, mais l'activité humaine, comme la déforestation, rend leur exploitation incertaine. [LULA SAMPAIO / AFP].

Des alliés pour notre santé sérieusement menacés. Aujourd'hui, plus d'un tiers des médicaments que nous utilisons sont d'origine naturelle. Mais avec l'activité humaine, réchauffement climatique en tête, la biodiversité s'amenuise chaque jour un peu plus, obérant gravement l'accès à des remèdes aussi essentiels que les analgésiques ou les anticancéreux.

Un article très fouillé publié lundi 12 octobre sur le site de la Deutsche Welle, chaîne publique allemande à diffusion internationale, vient à ce sujet sonner l'alarme.

Alors que plus de 60.000 plantes et champignons sont utilisés pour leur valeur médicinale, la proportion de ces végétaux pourtant précieux mais menacés de disparition s'est accrue à un rythme très inquiétant.

Evaluée à quelque 20 % il y a encore seulement quatre ans, elle serait passée aujourd'hui à 40 %, soit plus du double.

Autrement dit, quatre plantes ou champignons sur dix utilisés aujourd'hui pour soigner l'homme pourraient disparaître à l'avenir. Et si rien n'est fait pour corriger le tir, c'est la santé humaine dans son ensemble qui est mise en péril.

Les exemples sont nombreux. La morphine et la codéine, certains des analgésiques les plus largement utilisés, proviennent, par exemple, de la fleur de pavot. De son côté, le paclitaxel, que les médecins oncologues prescrivent classiquement dans le cadre d'une chimiothérapie, est lui produit à partir de l'écorce de l'if du Pacifique.

Plus connue, la pénicilline, l'un des premiers antibiotiques conçus et toujours très utilisé, provient, elle, d'une moisissure. Enfin, la plupart des médicaments anti-cholestérol sont basés sur des propriétés que l'on trouve dans des champignons bien spécifiques. Et tous ces végétaux sont menacés. 

Une absence de prise de conscience

En cause : le déboisement et le défrichage faits pour laisser place à l'agriculture (destinée en grande partie à nourrir le bétail) ou à l'expansion des villes. Une donnée qui se vérifie particulièrement dans des régions au départ naturellement riches en biodiversité comme le Brésil, l'Ethiopie, l'Inde ou l'Amérique du Nord, où de vastes étendues de forêts sont maintenant décimées. 

«Il y a très peu, voire pas du tout, de prise de conscience du risque qui pèse sur la santé des gens si toutes ces plantes venaient à disparaître», résume et déplore Danna Leaman, la présidente de la Liste rouge des ressources naturelles les plus menacées auprès de l'UICN, l'une des principales ONG consacrées à la conservation de la nature.

A l'heure de la pandémie de Covid-19, cette disparition précipitée et démesurée de végétaux vient également poser un double enjeu. S'il y a moins de plantes, cela diminue d'autant la probabilité de trouver des traitements ou d'exploiter des plantes dont les propriétés peuvent s'avérer efficaces contre la maladie. D'autre part, plus la biodiversité disparaît, plus des virus jusque-là isolés ont des «chances» de s'évader «dans la nature».

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