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La Chine veut promouvoir une éducation plus «masculine» pour les garçons

Les représentations traditionnelles de genre ont été bousculées en Chine ces dernières années. [Photo d'illustration / JOHANNES EISELE / AFP]

La chaîne américaine d'information en continu NBC News a consacré la semaine dernière un reportage à la Chine dans lequel elle démontre que les autorités locales, «préoccupées par les changements des identités de genre», ont décidé de promouvoir la masculinité dans les écoles.

En janvier, explique NBC News, le ministère chinois de l'Education a en effet publié des plans visant à «cultiver la masculinité» chez les garçons, de la maternelle au lycée.

En l'absence d'actions mises en place, selon Si Zefu, un haut conseiller politique chinois, les garçons pourraient devenir trop «délicats, timides et efféminés», raison pour laquelle des mesures doivent être prises.

Concrètement, l'initiative devrait donc consister à embaucher et à former plus de professeurs de gymnastique, à tester les élèves de manière plus complète en éducation physique, à rendre l'éducation à la santé obligatoire et à soutenir la recherche sur des questions telles que «l'influence du phénomène des influenceurs du Web sur les valeurs des adolescents».

«La Chine traverse une crise de masculinité»

Pour Si Zefu, la menace est claire, la Chine traverse, estime-t-il, «une crise de la masculinité» d'ampleur nationale.

En Chine, la pression sociale fait que les hommes doivent traditionnellement montrer de solides compétences en leadership, soit à diriger des équipes. De même, ils doivent avoir de bonnes notes en mathématiques et en sciences et exceller dans le sport à l'école, décrypte Fang Gang, professeur de sociologie à l'Université forestière de Pékin.

Les femmes chinoises, elles, sont à l'inverse plutôt considérées comme moins intellectuelles et le fait pour elles d'avoir de l'ambition et d'aimer la compétition peut être mal vu.

Ces représentations traditionnelles des genres ont cependant été bousculées en Chine ces dernières années. Depuis 2010, il y a par exemple davantage de filles que de garçons à l'université. Et les filles surpassent régulièrement les garçons aux examens, remettant par là même en question l'idée traditionnelle selon laquelle les garçons sont naturellement plus doués à l'école.

Régulièrement, les autorités chinoises tentent de gommer ce qu'elles perçoivent comme une menace adressée à la masculinité. En 2019, par exemple, la censure a ainsi commencé à flouter les boucles d'oreilles et les cheveux colorés sur des célébrités masculines apparaissant dans des émissions. Dans le même esprit, les autorités ont supprimé des scènes «trop gay» du film «Bohemian Rhapsody».

En face, les tenants d'une éducation plus libérale et libérée de ces concepts tentent tant bien que mal de faire entendre leur voix. «Les garçons n'ont pas besoin d'une éducation «plus masculine», a notamment estimé Lu Pin, la fondatrice de l'organisation féministe chinoise Feminist Voices, structure d'ailleurs interdite par le régime depuis 2018.

Pour elle, «le concept de masculinité oblige chaque homme à être dur, ce qui exclut et nuit aux hommes ayant d'autres types de caractéristiques».

«Cela renforce également l'hégémonie, le contrôle et la position des hommes sur les femmes, ce qui va à l'encontre de l'égalité des sexes», a-t-elle déploré. 

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