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Crime organisé : coup de filet mondial grâce à des téléphones cryptés infiltrés par la police

L'opération «Bouclier de Troie» est déjà présentée comme «la plus sophistiquée au monde» contre le crime organisé. Réunissant les polices de 16 pays, elle a conduit à l'arrestation de plus de 800 personnes. Pour y parvenir, les enquêteurs ont infiltré un système de communication cryptée, appelé «AN0M».

Ce dernier était considéré comme sécurisée par les malfaiteurs mais, en réalité, les services de police étaient en mesure de décrypter tous les messages en temps réel. Cela a été possible grâce à la précédente infiltration de systèmes similaires, tels que «Phantom Secure» et «Sky Global» par le FBI.

La police néo-zélandaise a expliqué que «la fermeture de ces deux plates-formes de communications cryptées a créé un vide sur le marché». L'occasion rêvée pour le FBI d'opérer son propre système : «AN0M». Avec l'aide de services de police partout dans le monde, les agents américains ont conçu ces téléphones cryptés et fait en sorte que les malfaiteurs les utilisent.

Ces appareils, trouvables uniquement sur le marché noir, permettaient seulement d'envoyer des messages à d'autres téléphones «AN0M». Pour les utiliser, il était indispensable d'avoir un code, transmis par un autre utilisateur. Selon les médias australiens, les policiers ont eux-mêmes participé à la distribution de 11.800 de ces appareils dans plus de 100 pays. Ils ont ainsi intercepté 20 millions de messages, envoyés par la mafia, des syndicats asiatiques du crime organisé, des cartels de la drogue ou des gangs hors-la-loi de motards.

224 personnes inculpées en Australie

Dans le même temps, des rumeurs ont été lancées sur la prétendue vulnérabilité de «Ciphr», un système crypté concurrent. Si bien qu'assez rapidement, les téléphones «AN0M» ont acquis une certaine popularité parmi les criminels. Ils «avaient confiance dans la légitimité du système car de grandes figures du crime organisé se portaient garants de son intégrité», explique Reece Kershaw, le chef de la police australienne.

Ces «influenceurs criminels» ont donc «mis la police fédérale australienne dans la poche revolver de centaines de délinquants présumés», poursuit-il. Au total, l'opération «Bouclier de Troie» a débouché sur «plus de 800 arrestations, plus de 700 lieux perquisitionnés, plus de 8 tonnes de cocaïne», énumère Jean-Philippe Lecouffe, directeur adjoint des opérations à Europol.

Lors d'une conférence de presse à La Haye, mardi 8 juin, le directeur adjoint du FBI, Calvin Shivers a précisé que «plus de 100 menaces mortelles ont été déjouées». Il évoque des «résultats stupéfiants», avec notamment l'inculpation de 224 personnes rien qu'en Australie, où six laboratoires de fabrication de drogue ont été fermés tandis que des armes et 45 millions de dollars australiens (29 millions d'euros) en liquide ont été saisis.

L'infiltration a finalement volé en éclats au mois de mars dernier, lorsqu'un blogueur s'est intéressé aux failles de sécurité du système «AN0M», le présentant comme un dispositif lié aux membres de l'alliance de renseignements des FiveEyes. L'opération reste un succès dont Reece Kershaw se félicite : il estime que ces criminels se sont presque «passés les menottes les uns aux autres», en faisant confiance au mauvais téléphone.

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