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Afghanistan : les Etats-Unis condamnés à un retour militaire ?

Joe Biden lors de l'annonce du retrait des troupes d'Afghanistan Le président américain Joe Biden lors de l'annonce du retrait des troupes d'Afghanistan. [Andrew Harnik / POOL / AFP]

Une question qui va finir par se poser. Alors que l'armée américaine a quitté l'Afghanistan il y a quelques semaines, les talibans continuent leur avancée dans le pays. De quoi envisager un retour de Washington si Kaboul finit par tomber aux mains du groupe terroriste ?

Pour le moment, et ce malgré les différentes conquêtes réalisées par les talibans, l'administration américaine reste officiellement sur sa ligne. Ce mardi 10 août, Joe Biden déclarait encore ne pas «regretter» sa décision, malgré la perte de deux capitales provinciales afghanes par le pouvoir central quelques heures plus tôt. Le démocrate a assuré que les habitants du pays devaient «se battre pour eux-mêmes, pour leur nation».

Les Etats-Unis expliquent officiellement avoir entraîné l'armée afghane et dépensé suffisamment d'argent pour que les talibans ne s'emparent pas du pouvoir. En interne en revanche, l'inquiétude est réelle. Le Washington Post a révélé également ce 10 août que les services de renseignement s'attendaient à une chute de Kaboul d'ici six à douze mois, mais que celle-ci pourrait intervenir en moins de trois mois.

Des bruits de couloir au sein du Pentagone qui succèdent aux nombreuses déclarations de militaires qui ont demandé, sans succès, au président américain de changer d'avis jusqu'au dernier moment.

Plusieurs options envisagées

Cependant, s'il semble presque impossible politiquement d'imaginer Joe Biden rétropédaler et revendiquer une erreur, des observateurs assurent que le retour de l'armée américaine est, à terme, inévitable. C'est notamment le cas d'Harith Hasan, chercheur au Carnegie Middle East Center et spécialiste de l'Irak et de l'Afghanistan. Pour le New York Times, celui-ci déclare : «même si les Etats-Unis veulent se désengager, la montée de forces comme Daesh ou les talibans, qui sont si radicales qu'elles peuvent déstabiliser toute la région, vont finir par affecter les intérêts américains». 

Mais un réengagement américain ne serait pas le même qu'en 2001 au lancement de la guerre d'Afghanistan selon Annick Cizel, enseignante-chercheuse à l'université Sorbonne Nouvelle et spécialiste de la politique étrangère américaine. «Le retour des troupes au sol, de manière massive, est exclu. Ce qui est envisagé est un prolongement des aides logistiques ou de formation pour l'armée afghane», a-t-elle expliqué à CNEWS. 

Mais cela pourrait être compromis par l'avancée des talibans, qui pourraient notamment mettre la main sur les livraisons d'armes. Il en va de même pour les bombardements, qui se poursuivent actuellement. «Mais quelle serait l'utilité de poursuivre des frappes si le gouvernement tombe ?», s'interroge encore Annick Cizel.

Les yeux vers le futur ? 

Difficile de savoir quelle serait alors la marge de manoeuvre pour Joe Biden. Le démocrate avait promis de mettre la question des droits humains au centre de sa diplomatie, et ne pourrait pas rester en retrait face à l'emprise des talibans sur les civils, à commencer par les femmes et les enfants.

Mais quoi qu'il en soit, les Etats-Unis semblent toujours aussi déterminés à clore ce chapitre, ouvert avant tout pour attraper Oussama ben Laden et mettre fin à al-Qaida. L'objectif affiché est désormais de se concentrer sur les menaces du «futur», à savoir la cybersécurité, la Chine ou encore la Russie.

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