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Allemagne : une membre de Daesh condamnée pour avoir laissé mourir de soif son esclave yazidie de 5 ans

Membre du groupe jihadiste Etat Islamique, l'accusée avait été arrêtée à Ankara, en janvier 2016 par les services de sécurité turcs puis extradée vers l'Allemagne, son pays d'origine. [© Al-FURQAN MEDIA / AFP]

Une Allemande de 30 ans partie rejoindre Daesh a été condamnée à dix ans de réclusion. Elle était jugée à Munich, en Allemagne, pour avoir laissé mourir de soif en plein soleil sa jeune esclave yazidie de 5 ans.

Ce procès est historique puisqu’il est l’un des premiers à juger les crimes commis à l’encontre des Yazidis. La jeune femme, âgée de 24 ans au moment des faits, encourait la prison à vie. Elle était accusée de meurtre et de crime de guerre pour avoir possédé des esclaves yazidis et avoir contribué à la mort de l'une d'entre eux.

La communauté des Yazidis, minorité kurdophone non-musulmane présente en Irak, a été, dès 2014, réduite en esclavage par les forces jihadistes de Daesh. Les hommes ont été soit tués, soit forcés de rejoindre les rangs de leurs persécuteurs. Les femmes ont été réduites en esclavage et/ou mariées de force aux combattants.

La jeune esclave attachée à une fenêtre

L’accusée, Jennifer Wenisch, originaire de Basse-Saxe, avait quitté l’Allemagne pour rejoindre l’Irak. Elle y a servi dans la police des mœurs à Falloujah et Mossoul. C’est durant l’été 2015 que l’accusée et son mari, Taha Al-Jumailly, jugé lui à Francfort, ont fait l’acquisition de l’enfant de 5 ans et de sa mère. Toutes deux devant servir d’esclave au couple de combattants.

C’est Taha Al-Jumailly qui a puni l’enfant, pour avoir uriné dans son lit. Il a donc attaché la fillette à une fenêtre extérieure de la maison. La jeune enfant y est restée en plein soleil, sous près de 50 °C, avant de mourir de soif. Sa mère restant esclave du couple jusqu’à l’arrestation de ce dernier en janvier 2016, à Ankara.

La mère de l’enfant, réfugiée en Allemagne, est devenue un témoin clé dans le procès de ses anciens bourreaux et des meurtriers de sa fille. Jennifer Wenisch était donc jugée pour sa passivité face à l’agonie de la jeune esclave. Une passivité qu’elle a justifié par la «peur» que son époux ne «la pousse ou ne l’enferme».

Des confessions à un informateur du FBI

Si Jennifer Wenisch a été arrêtée en 2016 par les autorités turques, elle n’a été placée en détention qu’en juin 2018, alors qu’elle tentait de rejoindre les territoires syriens sous contrôle de Daesh. Lors de sa tentative de fuite, l’accusée a confié à son chauffeur sa vie en Irak. Ce dernier était en réalité un informateur du FBI et leur conversation enregistrée.

La défense de Jennifer Wenisch estime que ce procès ne devait pas avoir lieu, puisqu’il n’y avait pas de preuves que la jeune esclave soit réellement morte, cette dernière ayant été emmenée à l’hôpital de Falloujah. L’accusée estime qu’elle va servir d’exemple, une situation qu’il est selon elle «difficile d’imaginer» dans «un Etat de droit» comme l’Allemagne.

L’Allemagne est devenue une terre de refuge pour de nombreux Yazidis qui ont pu fuir les persécutions de Daesh.

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