En direct
A suivre

Madagascar subit les conséquences des vols «low-cost» européens, selon la ministre malgache du Climat

"Ce n'est pas de l'aide, mais c'est une responsabilité que nous réclamons" fait comprendre la ministre, Baomiavotse Vahinala Raharinirina. [RIJASOLO / AFP]

Lors de la Cop26 qui se déroule du 1er au 12 novembre à Glasgow, la ministre malgache de l’Environnement et du développement durable, Baomiavotse Vahinala Raharinirina, n’a pas hésité à pointer du doigt le comportement des pays de la partie nord du globe, qu’elle juge responsable de la famine qui perdure dans le sud de Madagascar.

«Il faudrait interdire les vols low-cost où vous avez parfois deux personnes pour aller de Paris à Madrid ou d’Édimbourg à Vienne. C’est un vol coûteux pour les habitants de mon pays. Ils en paient le prix», lance la ministre malgache avant d’ajouter auprès du Guardian que «les gens du sud profond de Madagascar sont victimes de quelque chose qu’ils n’ont pas fait».

Pour rappel, l’avion est le moyen de transport le plus polluant, et les émissions de CO2 par voyageur et par kilomètre sont très importantes mais ne représentent qu’une partie de son impact lorsque l’on additionne les autres gaz réchauffants qu’il émet, comme le précise le site EcoCO2.

Alors que cette partie de la cinquième plus grande île au monde est touchée par la sécheresse depuis de nombreuses années, la situation s’est fortement dégradée au cours de ces derniers mois. Et pas plus tard que l’été dernier, l’ONU (Organisation des Nations unies) déclarait que «le pays était confronté à la première famine mondiale liée au changement climatique».

Pour Baomiavotse Vahinala Raharinirina, il est grand temps que les pays développés prennent leurs responsabilités, mais malheureusement la promesse faite en 2009 par ces états lors de la conférence de Copenhague, n’a pas été tenue. L’objectif de financement climatique des 100 milliards de dollars (86 milliards d’euros) par an de 2020 à 2025, a donc encore été retardé. Le président français Emmanuel Macron a d’ailleurs invité les pays riches à tenir leurs engagements lors de son discours à la Cop26.

Des conséquences catastrophiques

En attendant, ce retard de financement coûte énormément à Madagascar. La ministre Raharinirina explique que le projet de pipeline, qui acheminerait de l’eau du nord de l’île jusqu’au sud frappé par la sécheresse, ne pourra donc pas se faire. Estimé à 9 millions de dollars soit près de 8 millions d’euros, le pays bercé par le Canal du Mozambique ne peut pas se permettre de construire cette canalisation d’eau.

Et avec les températures qui ne cessent d’augmenter atteignants les 45 degrés, et une pluviométrie quasiment inexistante, les malgaches n’ont pas d’autre choix que se déplacer vers l’ouest du pays.

Cela représente bien évidemment un grand risque puisque comme le précise la ministre de l’Environnement et du développement durable, «lorsqu’ils se déplacent, il se rendent directement dans les zones protégées, où ils peuvent trouver des ressources comme du bois et des plantes médicinales, mais il est normalement interdit d’y toucher». 

En plus des conséquences humaines, c’est aussi une réelle menace pour la biodiversité malgache qui compte de nombreux animaux et plantes que l’on ne trouve nulle part ailleurs sur Terre. D’ailleurs plus de 600 nouvelles espèces ont été découvertes entre 1999 et 2010.

Cette catastrophique réalité que les malgaches du sud doivent affronter, paraît aux antipodes des pays développés et industrialisés. «Mon avis est que dans le nord, il y a une distance psychologique au problème. Les gens voient des documentaires et des images, mais ils ne le ressentent pas comme nous le ressentons lorsque je vais dans le sud de mon pays», constate Baomiavotse Vahinala Raharinirina.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités