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Premier ministre attaqué, état d’urgence… Que se passe-t-il au Sri Lanka ?

Le Sri-Lanka est secoué par de violences manifestations entre les partisans et les opposants au gouvernement. Le Sri Lanka est secoué par de violentes manifestations entre les partisans et les opposants au gouvernement. [Crédit ISHARA S. KODIKARA / AFP]

Depuis plusieurs semaines, le Sri Lanka connaît une grande vague de violences. De larges manifestations qui ont mené à l'annonce de la démission du président, le 13 juillet prochain. En cause : la crise économique qui foudroie l’île.

Quelle est la situation économique du Sri Lanka ?

Le Sri Lanka traverse depuis plusieurs mois sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948. Au mois d’avril, le pays s’est déclaré en défaut de paiement sur la totalité de sa dette extérieure de 51 milliards de dollars. Une crise économique en lien avec la pandémie de Covid-19, puisque le pays a été privé pendant de nombreux mois des touristes, importants pour son économie, mais qui résulte aussi de mauvaises décisions politiques.

La Banque centrale sri-lankaise a demandé à sa diaspora qui vit à l’étranger d’envoyer de l’argent au pays, à court de devises pour importer des produits de première nécessité. Le pays subit depuis des semaines d’importantes coupures de courant et des pénuries de nourriture, de carburant et de produits pharmaceutiques. Des millions d’habitants se sont donc retrouvés dans la misère.

Le gouvernement tenu pour responsable

Depuis l’aggravation de la situation économique, de nombreux Sri-Lankais sont descendus dans les rues pour réclamer la démission du gouvernement et le départ du président Gotabaya Rajapaksa et de son frère Mahinda Rajapaksa, le Premier ministre, qu'ils tiennent responsables de cette grave crise économique.

Des manifestants ont notamment tenté d’envahir la résidence présidentielle à la fin du mois de mars, faisant au moins un blessé grave et entraînant l'imposition d'un couvre-feu dans la capitale Colombo. Ils ont également empêché l'ouverture d'une exposition de fleurs par l'épouse du Premier ministre Mahinda Rajapaksa, mais aussi bloqué certaines routes ou encore incendié des voitures.

L’exécutif a donc proclamé l’état d’urgence deux fois en cinq semaines, donnant aux forces de l’ordre des moyens et pouvoirs supérieurs pour arrêter ou jeter en prison des manifestants.

Escalade de violences et démission du premier ministre

Le 19 avril dernier, un homme avait été tué par la police et 24 personnes avaient été blessées lors d’un blocage d’une autoroute à Rambukkana, dans le centre du Sri Lanka.

Après plusieurs semaines de manifestations, la tension est encore montée d’un cran ces derniers jours. Ce lundi 9 mai, de violents affrontements ont eu lieu entre des manifestants pro et anti-gouvernementaux, alors qu’un couvre-feu et l’état d’urgence étaient toujours en vigueur.

Les autorités ont indiqué dans la soirée que ces affrontements ont fait 180 blessés et cinq morts. A Nittambuwa, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale, un député du parti au pouvoir, Amarakeerthi Athukorala, s'est suicidé après avoir ouvert le feu sur deux manifestants anti-gouvernementaux qui bloquaient sa voiture, a annoncé la police.

Des coups de feu ont aussi été tirés hier depuis la résidence du Premier ministre après que des manifestants ont enfoncé le portail d'entrée et mis le feu à un camion garé sur place. Mahinda Rajapaksa a finalement annoncé sa démission lundi soir après les affrontements. «Je démissionne avec effet immédiat afin que vous puissiez nommer un gouvernement multipartite pour sortir le pays de la crise économique actuelle», a-t-il déclaré dans une lettre. Il a été exfiltré de sa résidence, encerclée par les manifestations, et conduit en lieu sûr par l'armée.

La tension ne semble toujours pas s’apaiser malgré cette démission. Ce mardi, au lendemain des manifestations meurtrières, le ministère de la Défense du Sri Lanka a ordonné à ses troupes de tirer à vue sur les personnes impliquées dans des pillages ou des violences. «Les forces de sécurité ont reçu l'ordre de tirer à vue sur quiconque pillera des biens publics ou attentera à la vie d’autrui», a déclaré le ministère, alors que des pillages et des dégradations ont notamment eu lieu dans la ville natale des frères Rajapaksa. Des manifestants continuent par ailleurs de bloquer certains axes routiers et notamment ceux menant à l'aéroport de Colombo pour s'assurer que des membres du gouvernement ne tentent pas de fuir l'île.

Réaction de l'ONU

L’ONU a dénoncé ce mardi l'escalade de violence au Sri Lanka et demandé aux autorités d'empêcher de nouvelles violences et d'entamer le dialogue avec la population. «Je suis profondément troublée par l'escalade de la violence au Sri Lanka après que des supporteurs du Premier ministre ont attaqué des manifestants pacifiques à Colombo le 9 mai ainsi que les attaques contre les membres du parti au pouvoir par la foule», a déclaré la haute commissaire, Michelle Bachelet dans un communiqué.

«Je condamne toutes les violences et j'en appelle aux autorités à mener une enquête indépendante, détaillée et transparente sur chacun des incidents. Il est crucial que ceux qui sont responsables, y compris ceux qui incitent ou organisent les violences, aient à rendre des comptes», a souligné l'ancienne présidente du Chili.

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